Quatrième de couverture:
J'avais quatorze ans. Nous vivions encore à la campagne. Mon père s'était mis à boire, beaucoup plus que d'habitude. Ma mère et mes frères se réfugiaient dans le silence. Moi, je dessinais et découvrais la vie avec ma tante Dominique. C'était l'été 79.
Mes impressions:
Hugues est un jeune adolescent
habitant un village de province dans lequel les distractions sont rares. C’est
donc à travers le dessin, de bandes dessinées essentiellement, qu’il trouve l’évasion
que ne lui offre pas son quotidien pour le moins tourmenté. En effet, quand l’histoire
commence, sa mère lui demande son aide pour se débarrasser de son mari.
Stupéfaction de l’adolescent, comment peut-elle me demander ça ?
Stupéfaction du lecteur, comment une mère peut-elle demander à son fils de l’aider
à se débarrasser de son propre père ?
Les pages qui suivent nous dépeignent
son quotidien au sein de cette famille, victime des ravages causés par l’alcoolisme
du père. Isolement, Hugues s’isole en permanence dans sa chambre pour éviter de
croiser le regard de ce père autant redouté que détesté ou fuit carrément chez
sa grand-mère. Malaise, quand son père s’adresse à lui, mieux vaut aucun
échange plutôt qu’un discours aviné et incompréhensible. Humiliation, invitations
gâchées par l’ivresse du père, honte face au regard des autres. Angoisse, en
voiture quand c’est le père ivre qui conduit, va-t-on tous mourir au prochain
virage ? Terreur, quand il entend, nuits après nuits, les insultes quotidiennes
dont est victime sa mère puis le pire, les coups qui pleuvent, la violence
physique qu’on ne peut plus cacher contrairement à la violence morale.
Incompréhension, pourquoi sa mère ne divorce-t-elle pas de cet homme, pourquoi
ne le quitte-t-elle pas ? Culpabilité, de ne pas se sentir à la hauteur
des attentes de sa mère…
Au milieu de toute cette
noirceur, Hugues trouve un peu de réconfort auprès de sa tante Dominique, enjouée,
citadine, cultivée, lueur d’espoir à qui il va pour la première fois oser
parler de son morne quotidien. Et si c’était elle qui pouvait donner un nouveau
sens à son existence ?
Le noir et blanc, au service d’un
graphisme, simple sans être simpliste, en parfaite adéquation avec l’univers
traité, appuie davantage encore le propos de l’auteur. L’identification et l’empathie
ont été totales en ce qui me concerne. Les situations et les mots ont des résonances particulières parce qu’ils sonnent justes. Plus qu’une bande
dessinée, Hugues Barthes nous livre un roman graphique largement
autobiographique. Une véritable réussite dont j’attends avec impatience la
suite, « L’automne 79 » annoncée pour mars 2013.
Un grand merci à la personne qui
m’a conseillé cette lecture.
Hugues Barthe
Extrait:
"glou glou glou glou glou glou (bruit du vin qui coule dans un verre)
Il n'y a pas de mots pour dire le mal que ce bruit me faisait."
ça pourrait me plaire. Je ne connais pas du tout cet auteur en tout cas.
RépondreSupprimerUn auteur prometteur et plein de talent.
SupprimerEternelle question : Pourquoi une femme reste t-elle avec son mari quand celui ci l'insulte, la frappe ?
RépondreSupprimerLes mots sont parfois plus violent que les coups, l'alcool sans modération le début de la fin.....
BD au sujet très interéssant.....
Merci pour cette découverte....:D
Une question.
RépondreSupprimerUne multitude de réponse...
"glou glou glou glou glou glou"
RépondreSupprimerTu m'as appelé ?
C'est ton sixième sens plutôt... ^^
SupprimerQuelle BD touchante qui a l’air de parler vraiment bien de l’enfer de trop de jeunes…
RépondreSupprimerIl n’y a pas de mots pour décrire le mal que ce bruit nous fait, c’est tellement vrai… et il résonne longtemps en nous, souvent même pour toujours.
Isolement, malaise, humiliation, angoisse, terreur, violence, ça fait déjà tellement beaucoup pour un enfant. Heureusement il y a l’évasion, les livres, des gens significatifs…
Heureusement oui ! :)
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