mardi 31 mars 2015

Sacrée croissance ! - Marie-Monique Robin



Il y en avait du monde mercredi dernier à La Salamandre à Cognac pour assister à la projection du dernier documentaire de la journaliste et réalisatrice Marie-Monique Robin, Sacrée croissance ! grâce à Eurociné-Cognac.

Son nom ne vous dit peut-être rien mais vous avez forcément entendu parler de son travail. Si je vous dis Le Monde selon Monsanto, Notre poisson quotidien, Les Moissons du futur ? Ça vous parle déjà un peu plus, non ? Et il y en a beaucoup d’autres…

J’avais déjà eu l’occasion de regarder Sacrée croissance ! lors de sa diffusion sur Arte en décembre 2014 mais l’occasion d’une rencontre avec la réalisatrice était trop belle.

L’échange qui suit la diffusion du documentaire est évidemment passionnant tant Marie-Monique Robin maîtrise son sujet mais on ne peut s’empêcher de sortir un peu inquiet tant on se dit qu’on va droit dans le mur avec la politique actuelle…

Pour elle, la croissance telle qu’on l’a connu ne reviendra pas et il faut envisager d’autres alternatives, notamment à l’échelon local, pour penser un avenir différent.

Saviez-vous qu’au Bouthan, on parle de Bonheur National Brut plutôt que de s’intéresser exclusivement au Produit National Brut ? Saviez-vous que l’agriculture urbaine se développe dans des villes comme Toronto au Canada ou Rosario en Argentine ? Saviez-vous qu’il existe des monnaies locales ? Moi, je l’ignorais. Il y en a plus de 55 en France et elles sont en plein développement. Si ça se trouve votre ville en possède une !

Ce film nous montre la prise de conscience de certaines personnes, autant d’initiatives qui sont un bon début pour construire la transition.

Si le sujet vous intéresse, la plupart de ses documentaires sont disponibles sur Youtube et ses livres dont le dernier également intitulé Sacrée croissance ! chez tout bon libraire.

Un film à voir d'urgence !


www.mariemoniquerobin.com


lundi 30 mars 2015

DVD - Passer l'hiver - Aurélia Barbet (2014)



Deux femmes qui pourraient être mères et filles. Elles travaillent ensemble dans une station-service au bord d’une route. Un quotidien plutôt morne dans la grisaille ambiante. Le film s’ouvre sur un gros plan. Une femme se remaquille. Un visage visiblement marquée par la vie. Trop de douleurs sans doute. L’autre femme est plus jeune, le visage poupin. Mais toutes deux ont des envies d’ailleurs, une autre vie, un autre horizon. Chacune à sa manière, elles vont chercher à s’évader d’une existence qui semble aussi sombre et bouchée que le ciel d’hiver…

Un film à l’atmosphère hyper réaliste, une sorte de road movie dans lequel les déplacements se font en mobylette, dans une vieille Lada ou dans un utilitaire… La solitude, la maladie, la mort, l’errance, l’envie ou le besoin féroce de changer de vie…

Inspiré par une nouvelle d’Olivier Adam dont on reconnait parfaitement l'univers, je me doutais bien que je n’allais pas me bidonner de rire en regardant ce film et c’est confirmé ! Mais rien que pour le magnifique monologue de Claire qui nous éclaire sur ses blessures passées, ce film vaut le détour. Etonnante Gabrielle Lazure filmée sans fard, sans le moindre artifice au service de Claire, personnage douloureusement malmené par la vie… 

« C’est un voyage intérieur, surtout : le chemin qu’on parcourt à l’intérieur de soi, et qui peut être symbolisé par les routes, les voyages. » Gabrielle Lazure



Merci à Shellac pour ce DVD sorti le 06 janvier 2015
et à Cinetrafic pour son opération « un DVD contre une critique » pour cette découverte ! 
Allez faire un tour sur le site pour découvrir le classement des meilleurs films de l'année !
 



"Un rêve trouble et troublé comme entre deux eaux." From the Avenue !




Bonus

En bonus, plusieurs courts-métrages de d'Aurélia Barbet nous sont proposés
et ils sont particulièrement étonnants, donc à voir absolument !


Aurélia Barbet
France, 2014
Avec Gabrielle Lazure, Lolita Chammah...

samedi 28 mars 2015

Manderley for ever - Tatiana de Rosnay



Envie d’un voyage dépaysant dans les Cornouailles sur les traces d’une célèbre romancière anglaise ? J’ai le livre qu’il vous faut, Manderley for ever de Tatiana de Rosnay.

Comme beaucoup de lecteurs, c’est par Hitchcock que je suis venu à Daphné du Maurier. Le maître a adapté trois de ses livres, L’Auberge de la Jamaïque, Rebecca, deux romans,  et Les Oiseaux, une nouvelle. Des trois, je n’ai lu pour le moment que Rebecca dont j’ai adoré l’atmosphère envoutante.

C’est donc avec enthousiasme que j’ai découvert la vie de cette femme complexe au destin marqué par les passions plurielles : pour l’écriture, pour les amours « vénitiennes » (référence au « code du Maurier » que je vous laisse le soin de découvrir par vous-même) et pour les lieux qu’elle a habités. Ses deux dernières passions ayant largement influé sur la première.

De son travail d’écrivain, j’ai beaucoup apprécié la façon dont sont évoqués le processus de création, le jaillissement d’une idée, le fameux vertige de la page blanche qui vous noue l’estomac, la douleur quand l’inspiration ne vient pas, les périodes de sécheresse. On découvre aussi tout ce qui dans son quotidien nourrit son écriture, notamment les rencontres qu’elle a faites tout au long de sa vie.

Si elle a connu des histoires d’amour avec des hommes et des femmes, certaines platoniques, comme avec la femme de son éditeur américain, Ellen Doubleday, d’autres un peu moins comme avec la comédienne Gertrude Lawrence, Daphné du Maurier est restée toute sa vie mariée avec le même homme jusqu’au décès de celui-ci. Une dualité qu’elle est sans doute parvenue à transcender grâce à la part masculine en elle, un certain Eric Avon, le garçon qu’elle aurait aimé être, son « alter ego littéraire » qui a d’ailleurs largement contribué à la genèse de certaines de ses œuvres. To bi or not to bi… 

Ce qui surprend sans doute le plus finalement, c’est ce lien si particulier qu’entretient Daphné du Maurier avec les différentes maisons qu’elle a habité, source de bien être comme d’inspiration : Ferryside, Kilmarth à la fin de sa vie, mais surtout Menabilly. Elle a un attachement viscéral, quasiment fusionnel, avec Menabilly, celle qui a le plus compté et qui lui a inspiré Manderley, la fameuse demeure au cœur de Rebecca, son roman le plus célèbre. « Menabilly, son Manderley à elle engendré du même terreau magique que le Pays Imaginaire de l'oncle Jim, cet espace où elle ne va que seul et dont personne d'autre ne possède la clé. » 

Ce qui fait la force de cette biographie, c’est aussi le regard d’un écrivain sur un autre écrivain. La  passion de Tatiana de Rosnay pour son sujet est évidente et il est amusant de constater les similitudes entre les deux femmes. Toutes deux ont des noms à particules, une double culture et des origines franco-anglaises. Toutes deux sont romancières et auteurs de biographies. Toutes deux ont signées des bestsellers. Toutes deux ont vu certaines de leurs œuvres portées à l’écran...

Tatiana de Rosnay redonne vie à Daphné du Maurier dans cette biographie qui se dévore plus qu’elle ne se lit.

Manderley for ever, la biographie passionnante d’une femme passionnée…


 Ferryside où elle a écrit ses premières histoires...


Kilmarth, sa dernière maison...
Avec ses trois enfants devant sa chère Menabilly...

"Daphné comprend pourquoi son père aime tant devenir quelqu'un d'autre, c'est vrai, c'est enivrant de revêtir un costume et de changer d'apparence. Elle ne se sent plus timide du tout quand elle joue devant les amis de ses parents. [...] Les invités applaudissent à tout rompre. Et si, finalement, la vie, c'était de faire semblant ?"

"Est-ce de l'amour ? C'est de l'ordre du secret, du clandestin, du cloisonné, des émotions intimes qui tourbillonnent à l'intérieur, un courant puissant qui secoue en permanence, mais dont il ne faut rien montrer en surface, ne rien dire, ne rien laisser filtrer, c'est dans la veine troublante de ce qu'elle a vécu il y a quatre ans avec son cousin Geoffrey et qu'elle n'a jamais oublié. Certaines filles sont jalouses de sa complicité avec Melle Yvon, elle a remarqué ces regards en biais, ces chuchotements, cette suspicion."

"Daphné hoche la tête, l'eau de rose ce n'est pas pour elle, ce qu'elle veut, c'est que son lecteur soit saisit à la gorge, c'est ne jamais laisser indifférent."

"La magie des livres est une drogue, un sortilège, une échappatoire, aussi puissante, aussi envoûtante que le Pays Imaginaire de Peter Pan."

"Comment leur faire comprendre, à tous, sans les blesser, sans les heurter, que sa priorité, ce n'est ni son enfant, ni son mariage, ni sa mère, ni ses soeurs, c'est écrire ?" 

"Daphné regarde les vagues se briser sur la falaise. Elle ouvre la fenêtre, respire l'air salé de la mer. Cela lui fait du bien, quelques instants. Mais la douleur revient, lancinante. Un romancier qui n'écrit plus est une entité sans vie. Un mort vivant."

"Menabilly, son Manderley à elle engendré du même terreau magique que le Pays Imaginaire de l'oncle Jim, cet espace où elle ne va que seul et dont personne d'autre ne possède la clé."


Mon billet sur Rebecca, l'occasion de découvrir une photo de Manderley selon Hitchcock...



 Un grand merci aux Éditions Albin Michel pour ce premier partenariat !

Une coédition
ISBN 978 2 226 31476 5
458 pages
2015
22,00€ 


mercredi 25 mars 2015

Ernest & Rebecca - 2 - Sam le repoussant - Guillaume Bianco & Antonello Dalena



Presque deux ans maintenant que j’ai découvert Ernest et Rebecca dans leur première aventure. J’avais beaucoup aimé. La semaine dernière, au hasard de mon vide-grenier dominical, je suis tombé sur le tome 2 que j’ai lu le jour-même tant il m’était impossible d’attendre. Et bien, j’ai été encore plus emballé que la première fois !

En dépit de sa santé fragile, Rebecca, toujours épaulé de son meilleur ami Ernest le microbe, est bien décidé à ne pas laisser sa famille se faire contaminer par un abominable microbe, Sam le repoussant. Sam est en fait le nouvel ami de sa mère, petit ami pour être précis, et Rebecca n’a pas renoncé à l’idée que ses parents puissent se remettre un jour ensemble. Mais pour cela, l’extermination de ce parasite s’avère inéluctable…

Quel bonheur que cette série ! L’histoire est mignonne, drôle, bien écrite, pleine d’humour et de punch. Les dessins sont craquants, les couleurs qui oscillent entre le doux et l’acidulé apportent un vrai plus à l’atmosphère dans laquelle évolue les personnages. Personnages qui sont attachants, drôles et plein de défauts donc débordants d’humanité.

Une chose à laquelle je n’avais pas fait attention dans le premier mais qui là m’a sauté aux yeux, c’est qu’Ernest et Rebecca, dans leurs jeux, leurs bêtises et leurs colères m’ont rappelé deux garnements que j’adore, Calvin et Hobbes ! Voilà qui n’est pas pour me déplaire ! Quant à l’expressivité des visages des personnages, parfois outrancière, elle n’est pas sans rappeler celle propre aux personnages de manga. 

Ernest et Rebecca, tome 2, Sam le repoussant, une grande bouffée d’air pur…pleine de microbes donc indispensable !


Ernest
C'est un microbe...et c'est mon meilleur copain ! Je l'ai attrapé un jour de pluie à la chasse à la grenouille. Depuis, on ne se quitte plus... Il est super intelligent et super fort ! Il peut se transformer en n'importe quoi !

ISBN 978 2 8036 2527 7
46 pages 
2010
10,60€


Mon avis sur le Tome 1 !

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...