Nicole, la quarantaine bien
avancée, peine à se remettre de la disparition de son mari. Pour tenter de
continuer à avancer, elle décide de quitter le tumulte de la vie parisienne et de
s’installer dans leur maison en pleine campagne.
Située en bordure d’un hameau
isolé entouré de champs et d’une forêt particulièrement dense, l’endroit est
propice aux longues balades. C’est justement au cours d’une de ses promenades
quotidienne que Nicole va se perdre et faire une surprenante rencontre avec une
superbe renarde au pelage flamboyant.
Une première rencontre qui va en
entrainer une autre, ramener Nicole dans le monde des vivants et peut-être même
lui redonner goût à la vie…
Après une vraie panne de lecture
cet été, plus l’envie, c’est par ce petit livre qui trainait dans mon sous-sol
que je suis revenu à la lecture avec plaisir. Une histoire toute simple,
presque banale et qui m’a accrochée alors que je devais envoyer ce livre que je
n’avais jamais eu la moindre intention de lire !
Le style d’Hugues Douriaux est fluide, agréable et prenant. Le retour aux
sources après un deuil, la rencontre qui donne un nouveau sens à la vie, rien
de vraiment nouveau comme je vous le disais et pourtant, j’ai beaucoup aimé.
Avec ses personnages justes et débordants
d’authenticité, La Renarde est un roman
positif qui fleure bon le terroir sans en faire trop. Comme quoi, il suffit
parfois de peu pour être heureux…
***
"Renarde,
c'est l'âme de cette forêt, son essence, et j'ai l'immense privilège qu'elle
m'offre d'y pénétrer. Renarde fait plus que me tolérer. Je sais qu'elle se
satisfait de me voir, et j'ose croire que ce n'est pas uniquement dû à la
viande que je lui offre. Je lui adresse mes pensées, je lui explique
mentalement qui je suis, ce que je fais là, pourquoi la vie m'a blessée et le
réconfort que m'apporte la certitude que, petit à petit', je m'intègre dans
l'harmonie de cette forêt et de ces habitants."
"La
saison s'avance. L'automne est arrivé, et la forêt a encore changé de couleur,
nous offrant le plus resplendissant de sa palette, qu'elle garde en réserve
pour cette occasion unique. Ce ne sont qu'explorations de pourpre, de marron,
de vert sombre, d'or, et chaque jour, à la lumière du soleil changeant, ces
couleurs muent, s'enrichissent, se font sensuelles, étourdissantes."
"Des noms jaillissent de-ci
de-là, qui prouvent que ces paysans n'étaient pas incultes. Lamartine, Pierre
Loti, Dumas... Jules Verne. Et ça se rapproche. Appolinaire, Mallarmé, Proust,
Péguy... Céline... Je me plonge dans cette littérature disparate, mes lunettes
se frayant leur chemin à travers les taches jaunes d'humidité,, les antiques
crottes de mouche et les ciselures des dents de souris. Je me prends à aimer
ces heures où je m'abstrais du monde, devant mon feu de bois, dans mon
fauteuil, emmitouflée dans un grand châle de laine."
"J'en apprends sur les cousinages officiels ou de la jambe gauche entre
les familles X et Y, les brouilles entre les Z et les A, les enfants adultérins
des V... J'ai même su qu'une des sœurs Joucelier "d'vot'maison, eh ben,
c'était une sacrée qu'y fallait pas y en promettre, celle-là, y z qu'le train
qui y était pas passé d'sus, allez, on peut ben l'dire, ça fait trente ans
qu'elle est morte !" et Thérèse m'a confirmé que c'était la pure vérité,
"mais c'est comme ça dans tout'les familles, faut qu'y ait au moins une
putain ou une bonne sœur !"..."
Éditions de l'Ecir
ISBN 978 2 286 03245 6
188 pages
2007