Quand elle passait à la télé, dans les années 70, Marie-Paule Belle
attirait, amusait, enchantait l’enfant que j’étais. Je ne comprenais pas
tout ce qu’elle chantait, mais j’avais bien saisi que le message était
caustique, incisif, subversif.
J’ai su bien plus tard que le
texte avait été écrit par Françoise Mallet-Joris, l’auteure de « Le Rempart des Béguines », de « La Maison de papier ». J’ai su bien plus
tard que les deux femmes avaient été amantes et qu’elles ne s’en étaient
jamais cachées. J’ai su bien plus tard que je n’aimais pas cette
chanson mais que je l’adorais :
Et pour ne rien gâcher, Marie-Paule Belledonne vie au texte de manière magistrale !
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Julie Sibony
"Les livres sont le creuset des plus grandes histoires sur la conditions humaines. Dante Alighieri est l'un des plus fameux poètes que la Terre ait portés."
À la mort de sa mère, Charlie
Rizzo vient vivre avec son père non voyant, Matt. À la faveur d’une erreur de
parcours, Charlie va découvrir la vérité sur L’accident de chasse qui aurait coûté la vue à son père.
S’en suit un long échange tendu
entre les deux hommes durant lequel le père raconte au fils la douloureuse
expérience de la prison, la dure expérience de la vie. Une vie peu commune dans
le milieu carcéral aux côté d’individus parfois peu recommandables mais aussi la
rencontre avec un détenu particulièrement lettré. Les références littéraires sont
nombreuses. La poésie et la littérature comme échappatoires à un destin tout
tracé de gangster loser.
Basée sur une histoire vraie, une
histoire de rédemption brillamment construite, signée David L. Carlson et servie par le dessin incroyable du jeune Landis Blair,
un grand illustrateur dont on n’a pas fini d’entendre parler. Un noir et blanc
d’une intensité rare mais surtout une multitude de traits de crayon qui donne
parfois l’impression d’un travail de gravure et qui m’a rappelé le trait au
stylo bille d’Emil Ferris dans Moi ce que j’aime c’est les monstres.
Premier roman graphique publié
par Sonatine Éditions, un coup de cœur, forcément !
"Le silence est l'absence de son ou de bruit ;
réduire quelqu'un au silence consiste à le faire taire par la force."
J’ai passé mon dimanche
après-midi avecIsabelleVillain.
Elle m’a embarqué avec elle au
cœur des Alpes-de-Haute-Provence, à « La
Barberie », un éco-hameau tout ce qu’il y a de plus paisible. Un
village d’un genre nouveau peuplé de néoruraux bien décidés à fuir la folie des
hommes et à trouver un autre mode de vie où la surconsommation n’est plus la
règle. Une communauté en phase avec la nature pour des habitants plus apaisés
et donc plus heureux. Las, les meilleures intentions n’aboutissent pas toujours
aux meilleurs résultats…
Ayant lu les précédents polars d’IsabelleVillain, Mauvais genre et
Blessures Invisibles, je me doutais
bien que l’aventure n’allait pas être si paisible que ça. Et je dois
reconnaitre que quelques scènes ont bien failli me faire avaler la chantilly de
mon chocolat liégeois de travers ! De « Barberie » à barbarie, il n’y a qu’un pas et qu’une lettre…
En effet, ce qui commence comme
une histoire de bobos en mal de grand air glisse imperceptiblement vers un
redoutable thriller peuplé de faux-semblants. Ne jamais se fier aux apparences,
le mal s’insinue parfois… À pas de loup !
Vous
l’aurez compris, je n’ai pas vraiment passé mon dimanche après-midi avec Isabelle Villain mais avec son dernier
roman que j’ai dévoré en quelques heures et que je vous recommande vivement.
Quand on lit ce texte, on a peine à croire qu’il a été écrit il y a
plus de quarante ans…« Le chanteur » y fait un constat sur le divorce,
si juste, si moderne, si universel ! Ce qui me plait surtout dans cette
chanson, c’est le titre : « Mon fils, ma bataille », c’est cette douleur
exacerbée, c’est ce cri de l’homme privé de son enfant, c’est
l’expression : « le fruit de mes entrailles »...
En 1980, le
nombre de divorce explosait. En 1980, les pères commençaient à
s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants. Pourtant les juges
confiaient systématiquement la garde des enfants à la mère.
Et
puis, le 14 janvier 1986… c’est l’accident, le coup de massue, le coup
du sort… Je ne sais pas vous… mais Daniel Balavoine me manque, son coup
d’œil sur la société, ses coups de sang, ses coups de gueule :
Il suffit d’écouter chanter Bourvil pour déceler toute la mélancolie,
la tendresse, l’humanité dont il est habité. Même si je ne remets pas
du tout en question ses talents d’acteur, je le trouve plus intéressant
et complexe quand il pousse la chansonnette.
« Non je ne me souviens plus du nom du bal perdu.
Ce dont je me souviens ce sont ces amoureux
Qui ne regardait rien autour d'eux.
Y avait tant d'insouciance
Dans leurs gestes émus,
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu ? »
J’ai
toujours aimé cette chanson. Comme elle est écrite par Gaby Verlor et
Robert Nyel, Bourvil n’en est que l’interprète. Mais quelle
interprétation ! Cette chanson a été mille fois reprise, mais jamais
égalée. Alors, Philippe Découflé a eu la géniale idée de réaliser un
court métrage chorégraphié sur la bande son originale. Le résultat est
tout simplement magnifique !
Bourvil, Philippe Decouflé, Le petit bal perdu (1961)(1995)
"Ma grand-maman Léa a toujours tricoté. Toujours. D'aussi loin que je m'en souvienne... Même quand j'étais bébé, le tic-tac de ses aiguilles se mêlait à ceux de la pendule."
Existe-t-il plus grand bonheur
que de se voir offrir un album de Jacques
Goldstyn ? Je ne crois pas…
Encore une fois, c’est des
étoiles plein les yeux que j’ai découvert ses illustrations dont la finesse n’a
d’égale que la beauté. Un trait fin, des couleurs pastel, des aplats à l’aquarelle,
un indéniable sens du détail et des personnages qui chaque fois me touchent au cœur.
Le Tricot, c’est une histoire de transmission entre une grand-mère,
Léa, et sa petite-fille, Madeleine, une histoire de liens entre les
générations, une histoire de mémoire enfin. Le fil, la laine qu’on tricote et
détricote comme métaphore des liens qui se nouent ou se dénouent au fil du
temps ?
Comme moi, au fil des pages vous
replongerez dans vos souvenirs d’enfance. J’ai retrouvé mon arrière-grand-mère couturière,
affairée à la tâche, le dos courbée sur ses travaux, les pieds sur sa chaufferette.
J’ai repensé aux soirées télé avec ma mère tricotant des pulls, de la layette ou
encore des carrés de laine pour une couverture en patchwork. Et puis ces pulls
trop petits ou troués qu’on détricotait aussi pour en réutiliser la laine.
Il y avait la madeleine de Proust, il y a désormais Le Tricot de Jacques Goldstyn, une pépite évidemment !