lundi 28 juillet 2014

Le Mambo des deux ours - Joe R. Lansdale



Figurez-vous que je n’ai pas tardé à repartir dans l’Est du Texas retrouver mes deux nouveaux potes. Mais si, vous savez bien, Hap et Leonard, enfin Hap Collins et Leonard Pine, le blanc hétéro et le black homo, rappelez-vous ! Ca y est, vous y êtes ?

Eh bien, quelle aventure ! Cette fois, j’ai bien cru qu’on ne s’en relèverait pas… Je m’explique. Tout a commencé quand on nous a signalé la supposée disparition de Florida. Florida, c’est la sculpturale et ambitieuse avocate black qui a eu une liaison avec Hap. Après le décès de l’oncle de Leonard, c’est elle qui s’est chargé de sa succession, c’est comme ça qu’on l’a connu. Quand son nouveau mec est venu nous dire qu’elle n’avait pas donné de ses nouvelles depuis trop longtemps pour que ce soit normal, on a tous eu un coup au cœur. Hap encore plus évidemment.

Il semblerait qu’elle soit partie à Grovetown pour redonner sa légitimité posthume à un type un peu louche, assassiné dans des circonstances encore plus louches. Oubliez Grovetown, comme prochaine destination pour vos vacances ! C’est un bled paumé tel que je croyais qu’il n’en existait plus. C’est la loi du plus fort qui y règne, enfin surtout la loi du plus blanc d’ailleurs. Le Klan avec un K, ça vous dit quelque chose bien sûr ?! Retour vers un passé que j’espérai révolu et pourtant…

Une fois sur place, on a très vite réalisé que la présence de Florida fourrant son nez partout dans cette ville n’avait pas dû être du goût de tout le monde… Quand on est black, on n’est pas le bienvenue dans ce patelin nauséabond. Difficile pour Leonard de garder son sang-froid face à ces sinistres autochtones qui nous ont méchamment fait savoir qu’on devait foutre le camp pour ne plus jamais revenir. Mais ça, ce serait mal connaitre Leonard…

Pour couronner le tout, après ce déferlement de haine et de violence, ce sont les éléments qui se sont déchainés contre nous. Une pluie torrentielle s’est abattue sur ce foutu patelin. J’ai bien cru qu’on allait tous crever dans ce marécage putride... 


Le Mambo des deux ours de Joe R. Lansdale, plus qu’une aventure, une expérience marquante, une expérience unique, même pour une grenouille…

ISBN 978 2 07 037962 0
373 pages
1995 / 2000 

Aller faire un tour sur le blog Encore du noir
où vous pourrez, entre autre, découvrir un passage qui m'a bien fait rire...

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vendredi 25 juillet 2014

L'Arbre à bouteilles - Joe R. Lansdale





Je viens de faire connaissance avec deux types formidables. Deux types qui vivent dans une petite ville paumée de l’Est du Texas. Deux types liés par une amitié indéfectible, une amitié que rien ne semble pouvoir ébranler. Hap Collins et Leonard Pine qu’ils s’appellent. Ah oui, j’allais oublier, Hap est blanc et hétéro, tandis que Leonard est noir et gay. Pas le genre de détails sur lesquels je m’attarde en général mais ici, ça a son importance.

Quand je les ai rencontrés, Leonard venait de perdre son oncle, Chester Pine. Le genre de vieux un poil excentrique qui devait d’ailleurs perdre un peu la boule les derniers temps. Figurez-vous qu’il lui a laissé par testament la somme rondelette de 100 000 dollars, rien que ça ! Comment a-t-il pu accumuler une telle somme ? Mystère… Mais le plus étrange, c’est qu’il lui a aussi légué une flopée de bons de réductions pour des repas dans des pizzérias ou autres endroits du même genre. Quand je vous disais qu’il déraillait le vieil oncle Chester !

Mais j’allais oublier, il lui a aussi laissé sa vielle bicoque complètement délabrée. Oubliez le « home sweet home » du légendaire « american way of life », elle ne tient que « par un grand miracle et deux piquets tout droits » comme dirait Yves Duteil ! En plus, elle est située dans un quartier bien pourri juste à côté d’une « crack house ». Voilà qui nous promet quelques moments mémorables…

On s’est donc mis au travail pour vider la baraque des énormes tas de vieux journaux qui l’encombraient pour la restaurer un peu. Leonard hésitait entre la retaper pour y vivre ou la vendre, vu le voisinage… Quand, pendant les travaux, on a trouvé sous le plancher un coffre contenant le squelette découpé d’un gosse, avec Hap on a commencé à douter vraiment de l’oncle Chester. Les revues pédophiles qui étaient avec, ça a été le pompon ! Mais pour Leonard, impossible de croire que son oncle ait pu faire un truc pareil…

Bon, mais je ne vais pas tout vous raconter, Hap fait ça beaucoup mieux que moi. Le bouquin s’appelle L’Arbre à bouteilles en référence à ce truc bizarre qui trône dans le jardin de la maison de son oncle.  C’est violent, c’est noir, c’est glauque mais c’est bien écrit, c’est cash, c’est direct ! On appelle un chat, un chat et une queue, une queue ! Vous allez voir que Leonard n’est pas du genre à se laisser emmerder et que Hap est toujours là pour soutenir son pote, quoi qu’il lui en coûte et quelques soient les risques. Une amitié sincère et vraie comme il en existe peu ! En plus, ces deux gars sont bourrés d’humour et ont un putain de sens de la répartie, ce qui ne gâche rien ! Par contre, après avoir lu ça, je ne suis pas sûr que vous ayez envie d’aller passer vos prochaines vacances dans l’Est du Texas… 

L’arbre à bouteilles de Joe R. Lansdale, je suis venu, j’ai lu, j’ai survécu…

Mucho Mojo, le titre original...

ISBN 2 07 030059 5
350 pages
1994 / 2000

mercredi 23 juillet 2014

Désolations - David Vann





Une région de l’Alaska. Le temps de prendre une retraite bien méritée est venu pour Irène et Gary. Une retraite sereine et reposante ? Pas si sûr…

Gary a décidé qu’ils allaient s’installer sur un îlot d’un lac glaciaire, sur les rives duquel ils ont vécu toutes ces années, dans une cabane qu’il va construire de ses propres mains. Le projet n’enthousiasme guère Irène. Il la rebute plutôt. Mais elle est déterminée à l’accompagner dans ce projet fou. A tort ou à raison, elle pense que Gary s’apprête à la quitter. Et Irène n’est pas du genre à lui offrir une trop belle occasion de la rejeter sous un prétexte fallacieux…

Après le terrible Sukkwan Island, David Vann nous propose ici une réflexion sur l’usure liée au temps qui passe en forme de métaphore sur le couple. Outre le couple Irène-Gary, on a les couples formés par leurs deux enfants, un garçon et une fille, tous deux en couple, ainsi que des relations ou amis. Des couples d’âges différents à des stades différents pour une vision globale.

Si la plume de David Vann m’a une fois de plus séduit, je suis un peu resté sur ma faim. Ayant adoré et dévoré Sukkwan Island, tout au long de ma lecture, j’ai attendu fébrilement ce climax que je sentais venir et qui, j’en étais persuadé, allait tout bouleverser et tout remettre en question. J’ai attendu, attendu et il a fini par arriver mais à la toute fin du roman quand je ne l’espérais plus vraiment. Et le pire, c’est qu’il ne m’a absolument pas surpris tant je l’ai trouvé prévisible ! 

Désolations et légère déception donc… 




Des blogueurs davantage conquis...
...et d'autres avis encore sur Babelio !


Mon avis sur Sukkwan Island, c'est ICI


ISBN 978 2 35178 525 6
326 pages
2011


mercredi 9 juillet 2014

La Fille de Paname - Kas & Galandon





Elle a des lèvres qu’on a envie de baiser. Elle a des yeux qu’on a envie de voir se poser sur soi. Elle a un corps qu’on a envie de voir onduler. Elle a des hanches qu’on a envie de caresser. Elle a des cuisses qu’on a envie d’écarter. Elle a la cuisse légère. Elle raffole des plaisirs de la chair. Elle fait l'amour avec des hommes. Elle fait l'amour avec une femme. Elle fait commerce de ses charmes. Elle a la naïveté des filles toutes simples. Elle qui rêve pourtant du grand amour. Elle a une fâcheuse tendance à être attiré par les mauvais garçons. Elle va d’ailleurs en payer le prix fort.

Elle, c’est La Fille de Paname !

Librement inspirée de l’histoire d’Amélie Elie, magistralement interprétée par Simone Signoret au cinéma dans le film de Jacques Becker Casque d’or, cette bande dessinée retrace le destin de cette voluptueuse fille de joie que les drames ne vont pas épargner.

Les auteurs, Kas et Galandon, nous offrent une savoureuse plongée dans le Paris de la Belle Époque avec ses rivalités entre bandes de voyous, les apaches, comme on les appelle alors. On ne s’ennuie pas une seconde, on découvre toute une époque, tout un univers peuplé de voyous, de prostituées, de paumés ; une certaine forme misère sociale et affective tout en ne sombrant jamais dans le pathos.

Amélie nous trouble, Amélie nous émeut mais surtout Amélie nous séduit… 

La Fille de Paname, un émouvant destin de femme !


Casque d'or - Jacques Becker (1952)



Un grand merci à Babelio et aux Éditions Le Lombard pour cette découverte 
reçue dans le cadre du Club des Chroniqueurs Signé.


http://4.bp.blogspot.com/-hBZXZjmLV0Y/Uz-PUVR3ScI/AAAAAAAAA9M/jB2XbXPDVdI/s1600/Club-Chroniqueurs-Signe%CC%81.jpg




ISBN 978 2 80362957 2
66 pages
2011

dimanche 6 juillet 2014

L'Exception - Audur Ava Olafsdottir






« Il faut du courage pour oser changer de vie [...]. » 

Soirée de la Saint Sylvestre. Les douze coups de minuit viennent de retentir. C’est ce moment, plutôt inattendu mais hautement symbolique, que Floki choisit pour annoncer à sa femme, Maria, qu’il la quitte pour aller vivre avec Floki, son collègue de travail. Pour Maria, le choc est rude. On le comprend aisément. D’autant plus rude, qu’elle n’a rien vu venir, elle ne s’est jamais douté de rien. C’est tout son univers, tout ce en quoi elle a cru jusqu’ici qui s’effondre. Entouré de ses deux enfants, les jumeaux, garçon et fille, comme un couple en miniature, et de sa voisine naine Perla, nègre et conseillère conjugale, Maria tente de faire face… 

« Celui qui part n'est jamais le même que celui qui revient. » 

Un livre sur la vie de couple et sur la dualité en générale. Tout au long de ma lecture, le chiffre deux revenait sans cesse, parfois de manière anodine, parfois de manière évidente. Floki et son amant ont tous les deux le même prénom. Les deux jumeaux. Les deux niveaux de la maison. L’entresol habité par Perla qui comme un elfe bienveillant veille sur Maria, l’aide à y voir plus clair, et l’étage où vit Maria. Ou encore la double vie de certains personnages sur laquelle je ne m’étendrai pas pour ne pas trop en dire. Les deux pères. Mais chut !... 

« Un mariage réussi ne dure pas forcément jusqu'à la tombe. » 

Ce qui m’a le plus surpris tout au long de ma lecture je crois, c’est de voir avec quel calme Maria gère la situation, sans cris, sans larmes, sans drames autrement dit avec intelligence malgré la douleur et la colère qui ne sont à aucun moment occultées mais simplement exprimées de manière inattendue. A chaque page, on sent poindre la tendresse de l’auteur pour ses personnages, ses petites pointes d’humour piquant et son sens de la répartie. Pour avoir eu l’occasion de la rencontrer et d’échanger, brièvement, quelques mots avec elle, elle a vraiment une personnalité attachante, ce genre de personne qu’on a d’emblée envie de connaitre davantage. Ses écrits sont là pour ça. 

« L'improbable a bien plus de chances de se produire dans la vie que dans un roman. 
A la différence de la vie, ce qui se passe dans les livres est plutôt prévisible. »

L’exception, encore un petit bijou de délicatesse et de sensibilité signé de l’islandaise Audur Ava Olafsdottir. 

« Tu es l’exception de ma vie, 
[…] je me sentais bien avec toi mais je savais que ça ne pourrait pas durer éternellement. »


Audur Ava Olafsdottir


ISBN 978 2 84304 695 7
338 pages
2012 / 2014

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