mardi 25 avril 2017

La Marche royale - Andreas Latzko



« Chaque chose avait quelque part un chez-soi, quelque part une place bien à elle. Dans un buisson, une orange pourrie qu’il avait distraitement lancée en l’air s’était écrasée avec un bruit sourd. Le moindre caillou avait un endroit où il pouvait retomber ! Avait-on le droit de jeter ainsi un homme dans le grand bazar du monde, sans but, sans le moindre refuge derrière soi ? » 

Un homme rentre de la Grande Guerre avec deux doigts en moins. Sacré handicap quand on est tisserand. Contre toute attente, le retour au village se fait plus compliqué que prévu avec la désagréable impression qu’il faut être mort au champs d’honneur pour être considéré comme un héros. Pourquoi ne lui montre-t-on aucune reconnaissance alors qu’il a lutté pour sa patrie ?

Sa nouvelle existence lui fait finalement regretter sa condition de prisonnier qui le rendait plus heureux. Là-bas, au moins, on l’appréciait pour son travail à la ferme et il se sentait utile dans les tâches qui l’occupaient. Il décide donc de prendre la route et va faire une rencontre qui va changer sa vie à un point qu’il n’imagine même pas…


Avec La Marche royale, de l’auteur austro-hongrois Andreas Latzko, les Éditions de La dernière goutte nous proposent un texte fort et terriblement actuel qui montre les dérives d’un patriotisme ou d’un nationalisme exacerbé.

Un livre, petit par son nombre de pages mais grand par sa qualité et sa portée, qui vous accompagnera longtemps après sa lecture.


L'avis du Texte Libre

ISBN 978 2 918619 35 2
63 pages
2017
10€
 

samedi 22 avril 2017

La plus grande peur de ma vie - Éric Pessan



"Une grenade, forcément, il n'est pas besoin d'en avoir déjà vu pour la reconnaitre, il suffit d'avoir regardé des films de guerre à la télé. On sait tous qu'il y a une goupille ronde sur le côté, qu'il faut tirer dessus, lancer la grenade le plus loin possible et qu'elle explose au bout de quelques secondes. On sait que son corps est quadrillé et que, lorsqu'elle explose, chaque petite parcelle de métal se transforme en projectile. On sait que c'est une arme, fabriquée pour tuer des gens, qu'elle est dangereuse, qu'elle peut faire souffrir, arracher des membres, broyer des os, paralyser, transformer un être humain en purée, en handicapé, en mutilé."

En partant explorer en douce un vieux manoir abandonné, quatre amis vont vivre une expérience au-delà de leurs espérances. Passé le frisson d’inquiétude lié à la découverte de ce lieu délabré, mais aussi à l’inquiétude de se faire prendre, ils vont avoir la surprise de tomber sur un vestige de la seconde guerre mondiale totalement inattendu en ce lieu : une grenade !

Que faire d’un tel objet ? Après moult hésitation et concertation, la sagesse l’emporte et on décide de la laisser sur les lieux.

Le lendemain, tous se retrouvent au collège, David le narrateur, Jordan qui a trouvé la grenade, Lalie, seule fille du groupe et Norbert. Norbert qui a un regard étrange aujourd’hui. En quelques secondes les amis comprennent ce qui est en train de se jouer. Norbert est retourné seul au manoir, la grenade est dans son sac. L’angoisse est à son comble.

Quand à la cantine, Norbert est une nouvelle fois victime de brimades d’un groupe de quatrième, le drame est imminent…


Avec La plus grande peur de ma vie, Éric Pessan nous offre de la littérature ado intelligente, porteuse de valeurs,  fondatrice pour de jeunes lecteurs, telle que l’amitié ou la cohésion dans l’épreuve. Sont également omniprésents tout au long du roman, les risques liés aux armes à feu avec en toile de fond le harcèlement en milieu scolaire.

Le héros David, dont la passion secrète est l’écriture, est celui par lequel le récit arrive. J’ai aimé ses questionnements, ses doutes et son authenticité. Je trouve aussi amusant les ponts crées par l’auteur entre ses romans. Certains personnages de cette histoire ont des liens avec ceux de ses précédents romans ados Aussi loin que possible, lu avant celui-ci, et Plus haut que les oiseaux, lu juste après.

Enfin, on s’amusera de la mise en page parfois bousculée par les événements à l’image de la quatrième de couverture dont l’aspect « éclatée » a failli me faire passer à côté de ce roman. Une fois le livre refermé, je réalise qu’elle est finalement en totale adéquation avec cette histoire que je vous conseille, évidemment ! 

"Je sais que les armes ne sont jamais en paix, qu’elles peuvent à tout moment mordre la main qui s’approche, mais parfois on oublie tout le savoir qu’on a dans la tête, parfois on ne pense qu’à l’instant présent, parfois on veut juste prendre une grenade dans sa main pour la soupeser, pour sentir le froid du métal sous ses doigts, pour mieux voir comment elle est fabriquée, pour jouer, pour faire comme dans les films, pour se donner l’illusion d’être un soldat américain venu libérer la France de l’occupation allemande."



Merci à Babelio et à L'École des Loisirs pour cette lecture ! 

 
ISBN 978 2 211 23011 7
111 pages
2017
13,00€

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