mardi 28 avril 2015

Douze ans sept mois et onze jours - Lorris Murail



Walden a douze ans sept mois et trois jours quand son père l’abandonne, sans la moindre explication, dans une cabane en rondins en plein cœur d’une immense forêt du Maine. Coupé du monde, il va devoir survivre uniquement à l’aide d’une carabine, une batte de baseball, quelques boites de conserve et deux livres de Henry David Thoreau, Les Forêts du Maine et Walden ou la vie dans les bois.

Qu’est-ce qui peut bien pousser un père à laisser ainsi son fils livré à lui-même dans de telles conditions d’isolement ?

Jack Stephenson, le père de Walden, est un homme autoritaire, parfois même violent, qui semble avoir du mal à supporter ce fils bien trop empoté à son goût. Il ne semble vivre que pour ses deux passions, le baseball et sa Chevrolet Impala SS. Mais ne dit-on pas que les passions sont destructrices ?

Excellence surprise que ce thriller sans temps mort destiné à un lectorat adolescent mais dont je me suis vraiment régalé. L’histoire nous accroche dès le début. On veut savoir comment Walden va s’en sortir. On se demande jusqu’à quel point son père va le laisser tomber. Puis de rebondissements en retournements de situations, le suspens s’intensifie brillamment jusqu’à un final qui m’a rappelé un roman de Stephen King. Ne comptez pas sur moi pour vous dire lequel !

Avec Douze ans sept mois et onze jours, Lorris Murail nous entraine au-delà des apparences…



"Face à lui s'étendait un monde de lacs, de rivières, de rapides, de cascades et de torrents, de rochers, de falaises, de chutes. Le spectacle était d'une beauté insensée sous le ciel violacé aux franges de pourpres et de roses qui n'allait pas tarder à tenir les promesses du matin."

"La forêt dans la nuit formait une masse compacte dans laquelle Walden voyait un abîme de ténèbres, que couronnait, très haut, un banc de nuages imbibé par la lumière ténue d'une lune invisible, telle une veilleuse dans une chambre nocturne."

"La forêt lui donnait l'impression d'ouvrir une bouche vorace, prête à engloutir la bicoque de rondins."

"En vérité, ce silence n'était pas complet. Les morceaux de bois que le feu n'avait pas encore réduits en cendres émettaient de temps à autre des craquements ou de brefs bouillonnements de sève. Les rondins qui composaient les murs semblaient eux-mêmes animés d'une vie propre et Walden avait parfois l'impression de percevoir leurs soupirs."


     
Merci à Babelio et à Pocket Jeunesse 
pour cette découverte !

L'avis de Sandrine !
ISBN 978 2 266 25354 3
302 pages
2015
13,90€

dimanche 26 avril 2015

DVD - Les Âmes silencieuses - John Pogue (2014)



1974. Quand le Professeur Joseph Coupland se fait exclure de l’Université d’Oxford suite au caractère douteux de ses recherches, c’est accompagné de deux de ses étudiants et de Brian, jeune caméraman engagé pour l’occasion, qu’il se réfugie dans une demeure abandonnée dans la campagne anglaise. Isolé du monde extérieur, il va pouvoir laissé libre cours à ses désirs d’expérimentation sur la jeune Jane Harper qui serait, dit-elle, possédée par un fantôme nommé Evey.

Entre séances de spiritismes et manifestations surnaturelles ou non, surprise, la petite équipe va être parfois violemment malmenée sous l’œil de la caméra de Brian, tantôt à l’épaule tantôt en plan fixe. Un côté « amateur » qui donne du réalisme à l’histoire et ajoute une certaine proximité avec le spectateur. De même que le visionnage de séances filmées lors d’expérimentations passées de Coupland sur David, un jeune gamin, semble vouloir apporter une forme de crédibilité à l’ensemble.

Coupland va-t-il parvenir à ses fins ? Souhaite-t-il d’ailleurs plus guérir Jane ou se servir de son état ? Entre affabulation, réalité et fantômes du passé, nous allons vite être fixés…

Ma première surprise en regardant le générique, plutôt bien fait d’ailleurs, a été de découvrir que la Hammer produisait encore des films. Société de production anglaise de films d’horreur ou SF devenus cultes avec entre autres Christopher Lee ou Peter Cushing, elle s’était pour moi éteinte au début des années 80. Tel le phénix, il semble donc qu’elle soit parvenue à renaitre de ses centres. J’ai d’ailleurs trouvé que l’ambiance du film et notamment la maison dans laquelle il se déroule n’était pas sans rappeler La Maison de tous les cauchemars (Hammer House of Horror), anthologie de la Hammer diffusé en son temps sur la 5.

S’inspirant de faits réels, histoire qu’on y croit un peu plus, John Pogue n’évite malheureusement pas les clichés et ses personnages sont parfois un peu trop caricaturaux pour être véritablement crédibles, surtout les deux étudiants dont on ne retient même pas les noms des personnages qu’ils incarnent, c’est dire ! On notera qu’un des personnages cite L’exorciste, film sorti en 1973 soit l’année avant le déroulement de l’histoire et que Brian porte le même nom de famille que la jeune Regan du film mais la comparaison s’arrête là, n’est pas William Friedkin qui veut !

Comme quelques films produits par la Hammer en son temps, Les Âmes silencieuses, s’il n’est pas un film inoubliable, reste un film d'horreur efficace avec son lot d’effets spéciaux, de bruitages inquiétants, de télékinésie, de combustion spontanée et de morts plus ou moins violentes. Je mentirais en prétendant avoir été effrayé mais je dois bien admettre avoir sursauté deux fois, ce qui n’est déjà pas si mal…



Bonus
Bande annonce du film.
Bande annonce de Horns.
Bande annonce de La Dame en noir 2.
Rien d'autre... Peut-on vraiment parler de bonus ?



Merci à Metropolitan Filmexport pour cette découverte sortie en DVD le 26 mars 2015
et à Cinetrafic pour son opération « un DVD contre une critique » !





"Un bon moment de cinéma d'horreur qui évite le gore." From the avenue 


 Les Âmes silencieuses 
(The Quiet Ones)
John Pogue
Etats-Unis, Grande Bretagne, 2014
Avec Jared Harris, Sam Claflin, Olivia Cooke...

 

mardi 21 avril 2015

Maman a tort - Michel Bussi



Un gamin qui prétend avec insistance que sa mère n’est pas sa mère. Un psychologue scolaire très enclin à le croire. Le même gamin qui prétend que son doudou lui parle le soir dans son lit. Une commandante de police peu encline à croire les délires d’un gamin de trois ans et demi, d’autant moins qu’elle a une autre affaire urgente sur le feu. Mais le psychologue est sacrément mignon et elle est sacrément célibataire. Poussée par une amie, elle va donc se pencher sur cette drôle d’histoire centrée sur la mémoire. Et la mémoire d’un enfant étant ce qu’elle est, le temps presse…

Un mot sur les noms des personnages déjà : le gamin, Malone Moulin, le psy, Vasile Dragonman et la flic, Marianne Augresse. Volonté de l’auteur d’insinuer dès le départ des images dans l’esprit de son lecteur, un homme-dragon et une ogresse, pour mieux brouiller les pistes, allez savoir ?! Personnellement, ça m’a plutôt laissé perplexe… Ensuite, tout ce qui concerne la mémoire, des enfants en particulier, sans doute étayé par de sérieuses recherches m’a également laissé perplexe… Enfin, si Malone est un personnage attachant, ses pensées, ses réflexions et du coup sa crédibilité m’ont laissé une fois de plus perplexe

Je suis donc resté totalement extérieur à cette l’histoire souffrant d’un sérieux manque de rythme selon moi. A aucun moment je n’ai été embarqué comme je l’avais été par N’oublier jamais, autre livre de Michel Bussi par exemple. 

Maman a tort, je ne sais pas mais moi, elle m’a laissé…perplexe !


 Merci à Babelio et aux Presses de la cité 
pour cette lecture en exclusivité !

ISBN 978 2 258 11862 1
509 pages
2015
21,50€

Gribouille a beaucoup aimé chez Léa Touch Book !
Et l'avis du Livre-vie !


mercredi 15 avril 2015

L'Enfer en bouteille - Suehiro Maruo



Échoués sur une île déserte, un frère et une sœur vont grandir rongés par la solitude et être gagnés par le trouble de leurs deux corps qui changent… Un saint homme en proie à ses démons intérieurs… Un homme radin à en mourir... Une sœur contrainte au pire pour protéger son petit frère lourdement handicapé du monde extérieur en général et d’un proche en particulier…

Manga composé de quatre histoires courtes, L’Enfer en bouteille est ma première incursion dans l’univers de l’ero-guro (érotique-grotesque), un univers qui peut surprendre tant le mélange de violence et de sexe est d’une noirceur absolue. 

Suehiro Maruo s’amuse avec les règles de la bienséance et de la bien-pensance pour mieux en repousser les limites ou comment brouiller les frontières entre le bien et le mal. Ici quid de l’amour ? Le sexe engendre voyeurisme et perversion, il n’est envisagé que comme monnaie d’échange et au « mieux », il est incestueux. La violence, la souffrance et l’abandon sont omniprésents. Les fratries comme l’image de la famille sont sacrément malmenées.

Au niveau du graphisme, le contraste entre certains décors paradisiaques et la noirceur de ce qui s’y déroule est d’autant plus saisissant. Les dessins passent d’un réalisme enchanteur à une crudité animale et flirtent parfois avec le surréalisme, sans parler du gros clin d’œil à Dali. 

Suehiro Maruo signe une œuvre surprenante et dérangeante qui plaira ou rebutera mais ne laissera aucun lecteur indifférent. Mœbius qui l’a fait connaitre en France en parle en ces mots : « Maruo se conduit comme un artiste, comme un Rimbaud. Il est dressé avec une telle violence et une telle fierté sur les ruines de son âme. Et, en plus, il en est extrêmement conscient et se met en relation avec ses frères de la tradition littéraire européenne et de l’érotisme noir, Bataille et Sade. Il associe sa souffrance à la souffrance planétaire. » 

En bulles et en cases mais surtout L’Enfer en bouteille, à l’ombre de nous-mêmes…



"Un vrai roman graphique comme je les apprécie, la poésie onirique de Jirô Taniguchi en moins mais la perversité de Suehiro Maruo en plus."  Le Bison

.•ั๑


   Merci à Priceminister et aux Éditions Sakka/Casterman.

Ma note:15/20

Pour acheter ce livre, cliquez ICI !

Éditions Sakka
ISBN 978 2 203 08143 7
194 pages
2012/2014
 
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