samedi 12 mai 2012

Matilda - Roald Dahl





 Quatrième de couverture:

Avant même d'avoir cinq ans, Matilda sait lire et écrire, connaît tout Dickens, tout Hemingway, a dévoré Kipling et Steinbeck. Pourtant son existence est loin d'être facile entre une mère indifférente, abrutie par la télévision et un père d'une franche malhonnêteté. Sans oublier mademoiselle Legourdin, la directrice de l'école, personnage redoutable qui voue à tous les enfants une haine implacable. Sous la plume tendre et acerbe de Roald Dahl, les événements vont se précipiter, étranges, terribles, hilarants... 

Mlle Candy


Mes impressions:


Ma première incursion dans l’univers de Roald Dahl remonte à il y a bien longtemps quand je regardais sur FR3, oui vous lisez bien, la surprenante série britannique sorte d’anthologie à la « Hitchcock présente » librement inspirée de son recueil de nouvelles Bizarre, Bizarre. Je riais, parfois frissonnais, c’était toujours totalement inattendu donc j’adorais. Mais c’est beaucoup plus tard avec l’adaptation de son roman «jeunesse» Charlie et la chocolaterie par le génialissime Tim Burton que je l’ai véritablement découvert. Ensuite, c’est l’excellente  critique de Livr0ns-n0us qui a achevé de me convaincre, il me fallait lire Matilda.

Matilda est une délicieuse petite fille de 5 ans, vive et intelligente doté de parents idiots, cupides et détestables, qui a la particularité d’être étonnamment douée pour la lecture. Pour assouvir sa fringale littéraire, elle bénéficie d’abord du soutien de la bibliothécaire de son village, Madame Folyot, qui la fournit en livres, de grands auteurs de préférence (Dickens, Hemingway, Kipling, Austen, Faulkner, Orwell…) car chez les Verdebois, on ne lit pas, «Une gamine doit penser à se faire belle pour décrocher plus tard un bon mari. C'est plus important que les livres […]» dixit Madame Verdebois. Matilda doit d’ailleurs, du moins au début, s’adonner à sa passion en cachette pour éviter leur courroux.

En parlant de courroux, à son entrée à l’école, Matilda se retrouve aussi confrontée à la terrifiante Mademoiselle Legourdin. Ex-championne olympique de lancer de marteau, directrice-garde chiourme, elle aurait davantage sa place dans un pénitencier de haute sécurité que dans une école primaire. Violente, obtuse, borné, je ne vous déconseille de vous mettre en travers de sa route, elle ne ferait de vous qu’une bouchée. Elle hait tous les élèves sans exception « ce ramassis de nabots » et ne rate jamais une occasion de faire preuve d’un autoritarisme et d’une violence aussi démentiels que disproportionnés envers les écoliers sous les prétextes les plus fallacieux.

Heureusement, Matilda va trouver en sa jeune institutrice, Mademoiselle Candy, une interlocutrice à sa mesure, attentionnée, compréhensive, à l’écoute. Elle est la première à s’intéresser aux dons de la petite fille et sans rien révéler de la suite de l’histoire, on peut dire qu’elles vont s’apporter beaucoup l’une à l’autre.

Concernant les quelques illustrations de Quentin Blake, je dois dire que je les trouve parfaite. Elles aèrent le texte et donne vit aux personnages de manière assez subtile. J’y vois plus une évocation des personnages et de leur univers, plutôt qu’une représentation parfaite qui ne laisserait plus aucune place à l’imagination. Elles sont donc un véritable complément au récit de l’auteur.

J’ai pris un immense plaisir à lire ce livre. C’est bien écrit, tantôt drôle, tantôt grave mais toujours juste malgré certains passages frôlant le grand guignol et d’autres flirtant avec le fantastique. Ces moments sont bien amenés, on se prend au jeu, on y croit, on vit ses aventures avec  Matilda. Vous l’aurez compris, je me suis totalement laissé emporter par l’histoire, j’ai passé un excellent moment de divertissement intelligent. C’est donc le premier ouvrage de Roald Dahl que je lis mais assurément pas le dernier.


 Mlle Legourdin

Citations:

"Les dirigeants d'établissements scolaire sont, en général, choisis parce qu'ils font preuve d'éminentes qualités. Ils comprennent les enfants et prennent leurs intérêts à coeur. Ils sont ouverts et compréhensifs. Ils ont un sincère souci de la justice et de l'éducation de ceux qui leur sont confiés. Mlle Legourdin, elle, ne possédait aucune de  ces qualités. Et comment elle avait pu accéder à son poste  demeurait un véritable mystère.
C'était une espèce de monstre femelle d'aspect redoutable. Elle avait en effet accompli, dans sa jeunesse, des performances en athlétisme et sa musculature était encore impressionnante. Il suffisait de regarder son cou de taureau, ses épaules massives, ses bras musculeux, ses poignets noueux, ses jambes puissantes pour l'imaginer capable de tordre des bars de fer ou de déchirer en deux un annuaire téléphonique.[...] Elle avait un menton agressif, une bouche cruelle et de petits yeux arrogants.[...] Bref, elle évoquait plus une dresseuse de molosses sanguinaires que la directrice d'une paisible école primaire."



 Roald Dahl au travail


Pour avoir un autre avis, lisez celui de FLaure du blog Vie quotidienne de FLaure.

Folio Junior 744
ISBN 2-07-051254-1
272 pages

(acheté dans un vide-grenier)
 

mercredi 9 mai 2012

Traboule - Dream Travel Agency - Pochep




 Mes impressions:


Prenez une campagne électorale dans un bled des Etats-Unis.
Prenez un candidat, Stuart Logan, véreux, stupide, laid, habillé de manière totalement improbable.
Prenez sa femme, Linda Logan, qui déteste son mari et décide de le quitter en plein cœur de cette campagne électorale.
Prenez des ados boutonneux, titillés par leurs hormones.
Prenez des dames bien sous tous rapports, qui promène avec son chienchien à sa mémère.
Prenez un homme mystérieux en fauteuil roulant détenteur d’un étrange appareil, une traboule.
Prenez soin de bien garder à l’esprit le sous-titre de cette bande dessinée : Dream Travel Agency.
Mélangez le tout et vous obtenez un univers surréaliste, fantastique et décalé dans lequel les personnages s’échappent ou fuient leur quotidien à travers un passage, la traboule en question, vers des univers parallèles ou vers leurs fantasmes, allez savoir…

Une mamie bien sous tous rapports est excitée en pensant à des nains aux membres surdimensionnés. Une épouse bafouée se rêve bodybuildeuse pour prendre sa revanche. Un adolescent à l’homosexualité refoulée se révèle. Chacun y va de son « voyage » pendant que la campagne électorale bat son plein avec son lot de rebondissements que je vous laisse découvrir.
  
En ce qui me concerne, je n’ai pas du tout été séduit par l’histoire que j’ai trouvé plutôt embrouillée et encore moins par les dessins. C’est un style que je trouve brouillon et que personnellement je n’apprécie pas. De plus, le fait que plusieurs dessinateurs interviennent  a encore ajouté à ma confusion. Mais je reconnais qu’il est amusant de voir les mêmes personnages croqués par  différents créateurs Pochep, Archie, Unter, Jules & Tom et Terreur Graphique.

Merci en tout cas à Babelio et aux Éditions VRAOUM pour ce livre reçu dans le cadre de l’opération Masse Critique BD.


Pochep

Éditions VRAOUM
ISBN 978-2-915920-71-0
102 pages

(reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique BD de Babelio)

dimanche 6 mai 2012

Le Dernier mousse - Francisco Coloane





Quatrième de couverture:

Follement épris de l’océan et désireux de suivre les traces de son père, le jeune Alejandro brave l’interdit maternel et embarque clandestinement sur le Badequano. Engagé comme dernier mousse, il subit les moqueries de l’équipage, la saleté, mais les tempêtes l’attendent. Il lutte, envers et contre tout, pour apprendre le métier. Au bout de son périple, une terre sauvage : l’hémisphère Sud.

                               "Il se sentait un vrai marin. Son grand rêve s'était réalisé.  
                                Le sang de son père revivait sur l'océan."

Francisco Coloane est né en 1910 au Chili et mort en 2002. Ses romans sont profondément inspirés par la vie australe et le métier de marin. La plupart de ses ouvrages sont parus en Points.

«Un roman éternel, généreux, saturé d’embruns et de frissons.» L’Express

Traduit de l’espagnol (Chili) par François Gaudry


la corvette Général Baquedano


 Mes impressions:

 
Voilà, ça y est, je suis marin !

Je suis entré à pas feutré dans ce livre, sans faire de bruit, histoire de passer incognito, surtout ne pas se faire remarquer. Embarquement immédiat à bord de la corvette Génréral Baquedano pour son tout dernier voyage. Avec trois cents hommes à bord, un de plus ou un de moins…

En parlant de ça, il y en avait bien un de plus, le jeune Alejandro Silva Caceres, passager embarqué clandestinement. Un brave gamin, la tête sur les épaules, avec deux objectifs bien précis, retrouver son frère et devenir marin. Après le passage devant le commandant, les quelques railleries d’usages, il se fit très rapidement à sa nouvelle condition et devint Le Dernier mousse.

De concert, nous avons observé, écouté et appris. Et il y en a des termes techniques à connaître, mât de trinquette, trinquet, hune du trinquet, mât de misaine, focs, perroquets, coutelas, bossoirs et j’en passe. Heureusement, il a mieux retenu tout ça que moi.

Et son premier tour de garde à la vigie, comme on a ri ! Puis, on a tressailli en écoutant le récit de la malédiction de la «Léonora », une captivante histoire à vous glacer le sang.  Et cette tempête, avec la mer déchainée, nous projetant d’un bord à l’autre comme de misérables microbes, prête à tout pulvériser, je pensais ne jamais m’en relever. Mon estomac s’en souvient encore…

Que de souvenirs gravés à jamais ! Que d’images mémorables ! Les baleines, la mer de glace, les indiens Alakaluf, les indiens Yaghan, que de rencontres surprenantes et nous n’étions pas au bout de nos surprises…

Une aventure mémorable à bord de laquelle je ne regrette pas d’avoir embarqué. Enfin, je devrai plutôt écrire, un livre que je ne regrette pas d’avoir dévoré, sans bottes ni ciré, transporté par l’écriture de Francisco Coloane.

Ben oui, moi, je suis presque marin, presque !...

 
 Francisco Coloane

Extraits:

"En mer, quand la mort s’approche, il faut ouvrir grands les yeux et la regarder en face; alors elle fait moins peur, c’est comme tu allais descendre à quai. C’est pour ça qu’un naufrage est moins dur sur une barque que sur un navire. Sur une barque
on regarde la mort dans les yeux, on a envie de se lever et de marcher á son bras au milieu des vagues, mais sur un navire tout est trop grand, il y a trop de bruit,d’appels, la mort s’annonce de façon si terrifiante, que lorsqu’elle arrive on est comme fou.
Plus grand est le bateau, plus dur est le naufrage."

"Les flots redoublaient de furie; ce n'était plus l'océan mais un univers de folles montagnes liquides qui dansaient en se fracassant les unes contre les autres. Le vent hurlait, mugissait, des torrents de pluie s'abattaient comme une mer se déversant d'en haut. De temps en temps on entendait des cris lacérants, plaintifs, des appels retentissants jaillissaient des flots et du vent. C'était la voix de la tempête."

"Il essaya à l'aide d'une grosse corde de grimper le long du câble, mais une vague immense inclina dangereusement le bateau, un coup de vent fit tourner la voile et, fouetté par les cordages, l'homme fut arraché comme une ombre et disparut happé par la nuit et les flots en furie.
Il était inutile de crier "Un homme à la mer!", inutile de jeter une bouée à l'eau.." 



Point 481
ISBN 978-2-02-033290-3
178 pages

(échangé via www.pochetroc.fr)

jeudi 3 mai 2012

La Vie d'une autre - Frédérique Deghelt




Quatrième de couverture:

Marie a vingt-cinq ans. Un soir de fête, coup de foudre, nuit d’amour et le lendemain… Elle se retrouve douze ans plus tard, mariée, des enfants et plus un seul souvenir de ces années perdues. Cauchemar, angoisse… Elle doit assumer sa grande famille et accepter que l’homme qu’elle a rencontré la veille vit avec elle depuis douze ans et ne se doute pas du trou de mémoire dans lequel elle a été précipitée. Pour fuir le monde médical et ses questions, elle choisit de ne rien dire et devient secrètement l’enquêtrice de la vie d’une autre. Ou plutôt de sa propre vie. C’est avec une énergie virevoltante et un optimisme rafraîchissant que Frédérique Deghelt a composé ce roman plein de suspense sur l’amour et le temps qui passe, sur les rêves des jeunes filles confrontés au quotidien et à la force des choix qui déterminent l’existence.

Tout le long de cet étonnant roman à tiroirs, qui est aussi une enquête psy riche de secrets, l’auteure maintient son cap et tient la route jusqu’au bout. Chapeau. Tatiana de Rosnay, Psychologies.

Mes impressions:


La mémoire, voilà un sujet qui m’intéresse, m’interpelle. La mémoire et la perte de mémoire, les oublis, j’y pense souvent et ça m’inquiète parfois…

Marie rencontre Pablo, ils sont attirés l’un vers l’autre, il y a comme une étincelle entre eux et ce qui doit arriver arrive, ils passent la nuit ensemble. Le lendemain matin, Marie se réveille radieuse. Radieuse sauf qu’elle se découvre mariée à Pablo et mère de trois enfants : 12 ans se sont écoulés !

Douze années dont Marie n’a aucun souvenir. Elle a tout oublié : son mariage, sa vie, ses enfants, son travail, ses amis. Elle découvre ses enfants comme si elle les voyait pour la première fois, elle ne se souvient ni de ses grossesses ni de ses accouchements, ce qu’elle aura beaucoup de mal à accepter, quel genre de mère peut oublier ce genre de chose. Elle se pose évidemment toutes sortes de questions, qui ne s’en poserait pas à sa place. Comment a-t-elle pu oublier tout ça ? Pourquoi a-t-elle oublié tout un pan de son existence ? Quels détails l’aideraient à retrouver quelques bribes ? Quels amis pourraient lui venir en aide ?

Marie va faire le choix de mener seul sa quête, sans parler à Pablo de ce trou béant dans sa mémoire. Elle va du même coup porter un regard forcément neuf sur cette relation de douze ans qu’elle va redécouvrir au fil de ses rencontres et de ses découvertes.

On l’accompagne avec plaisir et un peu d’angoisse dans sa quête car on se demande forcément ce qu’elle va découvrir, ce qui peut avoir causé cette faille dans son esprit. On se laisse porter par la fluidité de l’écriture de Frédérique Deghelt, par ses personnages regrettant parfois de ne pas pouvoir donner un coup de main à son héroïne.

Tout au long de ma lecture, phénomène d’identification oblige, je me suis posé tout un tas de question. Que se passerait-il si je me réveillais en ayant oublié les douze dernières années ? Eh bien, à vrai, le mot qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est… L’angoisse !!! Je vivais dans une ville différente, avec une personne différente et j’avais un job différent. Pire encore, et si ma moitié oubliait les douze dernières années, je deviendrais quoi moi ?...

Et vous, que feriez-vous si votre mémoire tirait un trait sur ces douze dernières années ?



  Frédérique Deghelt

Extraits:

"Et, juste pour mémoire, la définition d’un mot. Le mot « oubli » : « Perdre le souvenir de quelqu’un, de quelque chose, manquement aux règles, à des habitudes. Défaillance de la mémoire. Oublier, c’est aussi pardonner."

"L'idée de commencer un cahier pour tout noter me traverse l'esprit. J'ai peur soudain qu'il ne soit lu, découvert. Je trouverai un endroit. Je l'enfermerai pour protéger une part de moi couchée sur du papier. Je sens que j'ai besoin de mettre toutes ces histoires quelque part. Une sorte de sac où jeter mes pensées en vrac." 

"Au milieu d'un silence, Lola s'exclame: Ma maman, elle est partie. C'est une autre maman qui est venue. Pablo me jette un coup d’œil. Les enfants disent de drôles de choses parfois, non ? J'acquiesce la gorge nouée."


Le Livre de Poche N°31559
ISBN 978-2-253-12577-8
252 pages


(échangé via www.pochetroc.fr)

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