« A quoi ça sert de faire sauter une pierre sur l’eau ? avait
demandé Gabriel. A rien lui avait répondu Jacob, mais si tu tiens la pierre
assez longtemps dans ta main, si tu la serres pour sentir ses deux faces lisses
entrer dans ta chair, elle fait un peu
partie de toi et quand elle bondit sur l’eau, c’est comme si toi, tu avais ce
pouvoir, tu sais que les catholiques, ils disent que Jésus a marché sur l’eau,
c’est drôle hein, et Gabriel avait aussitôt entrepris de choisir le meilleur des cailloux. »
Ce livre me tentait depuis
longtemps et sans bien savoir pourquoi, je n’arrivais pas à m’en saisir
vraiment. Il aura fallu que je rencontre son auteure aux Littérature Européennes Cognac 2015 pour que l’envie se fasse
impérieuse.
Jeune juif de Constantine issu
d’une famille modeste, Jacob est envoyé pour libérer la France en juin 1944. Sa
famille, notamment sa mère, est partagée entre la fierté de le voir partir,
pour une cause qui fera de lui un héros, peut-il en être autrement, et la peur
de ne pas le voir revenir.
La situation est grave, l’urgence
est palpable. Urgence qui se ressent dans le rythme du roman. Des flots de
paroles et de pensées qui s’entremêlent et se bousculent. Et si le temps était
compté ? Qui peut le savoir ?
« Adossé à un palmier, un adolescent au corps noueux avait fixé
Jacob avec un désir plus franc que les filles de la place et Jacob était resté
interdit quelques secondes avant de tourner la tête pour fredonner avec le
chanteur, mais les yeux du garçon avaient continué à creuser leur empreinte sur
sa nuque, dans ses reins, à quoi sent-on ce genre de chose, un regard sur soi,
même de dos, il n’avait pas d’explication. »
Valérie Zenatti dit que Jacob,
Jacob n’est pas seulement le récit de la vie d’un homme mais « l’écho de sa présence ». Une
présence lumineuse qui fait de Jacob un personnage auquel on s’attache
d’emblée. Et puis, il y a les couleurs, les odeurs, les saveurs, les images
gorgées de soleil.
C’est beau, c’est fort, c’est Jacob,Jacob…
ISBN 978 2 8236 0165 7
166 pages
2014
16€