jeudi 25 janvier 2018

DVD - Equus - Sidney Lumet (1977)



Equus est un film de Sidney Lumet (Douze hommes en colère, Serpico, Le Crime de l’Orient-Express, Network)  sorti 1977 et adapté de la pièce éponyme de Peter Shaffer.

Martin Dysart, psychiatre, est sollicité pour suivre en thérapie un jeune homme de 17 ans, Alan Strang, qui a crevé les yeux de six chevaux. Un acte abominable et d’autant plus inexplicable que le jeune homme semble passionné par les chevaux…


Le film suit la thérapie du jeune homme, accompagnée de flashbacks sur des moments clés de son enfance et sur les événements qui l’ont conduit à cet acte extrême.

Nous sommes dans l’Angleterre des années 70, dans un milieu corseté. La mère se révèle enfermée dans la religion, tandis que le père, peu disert à la maison, trompe son ennui et ses frustrations en fréquentant les cinémas pornos.

Plaisirs et frustrations sexuelles sont au cœur de cette histoire, un peu comme dans les pièces de Tennessee Williams. Beaucoup de scènes, si elles ne sont pas sexuellement explicites, regorgent de sous-entendus et de signes évidents. Les niveaux de lectures sont souvent multiples.

La passion en est sans doute un des thèmes principaux. La passion obsédante d’Alan Strang pour les chevaux. Mais aussi à travers la remise en question du psychiatre qui finit par envier son patient d’avoir vécu une telle passion, fut-elle destructrice, alors que lui se meurt dans une existence sans but et sans saveur. Le « malade » serait-il finalement dans le vrai ?

On notera la différence de traitements entre les scènes. Les scènes de communion entre l’homme et l’animal, généralement de nuit sont aussi poétiques que les autres scènes peuvent être austères et rebutantes avec notamment des intérieurs petits bourgeois hideux et datés. Le goût des anglais en matière de déco reste un mystère pour moi… 

Equus est un film exigeant qui au fur et à mesure soulève bon nombre de questions. En cela, les bonus sont pertinents avec les interventions d’un psychiatre et d’un critique de cinéma qui ont conforté certaines de mes impressions.

Les deux acteurs incarnant les premiers rôles sont impressionnants. Peter Firth, qui a déjà incarné le personnage sur scène, est remarquable en jeune homme à la personnalité trouble et tourmentée. Tandis que Richard Burton interprète sans doute un de ses plus grands rôles, à la fois habité par son personnage et bousculé par ce patient peu ordinaire.

Un film à voir, forcément.


Un autre avis enthousiaste, From the avenue !


DVD sorti le 5 septembre 2017 chez Outplay :



Merci à Cinetrafic et Outplay !

Sidney Lumet
1977 
Avec Richard Burton, Peter Firth, Colin Blakely, Joan Plowright, Jenny Agutter...

mercredi 10 janvier 2018

Le Meurtre d’O’Doul Bridge - Florent Marotta



"Les premiers clients du matin étaient au nombre de trois. Une famille entière. Quand il les vit. Michael ne put s'empêcher de constater à quel point ils étaient différents. Le père était énorme, nourri aux hamburgers et à la bière. La mère était, à l'opposée, anorexique. ses os ressortaient sous sa peau et son visage émacié, presque décharnée. La fille était dans la phase où la nature hésitait encore de quel côté de ses géniteurs l'envoyer. La pauvre."

Michael Ballanger est un coach sportif exilé aux States. En France, il a laissé une ex-femme et une fille. Le type réussit dans son métier tout en ne ménageant pas ses clients, un peu à la manière d’un Docteur House. Plutôt beau gosse et charismatique, il a un certain succès auprès de la gent féminine.

Une existence idyllique au pays de l’oncle Sam ? Pas vraiment. D’abord, c’est un drame personnel qui l’a poussé à fuir son pays natal et quand un de ses riches clients est retrouvé assassiné, tout se complique sacrément pour lui…

Si San Francisco, où se déroule l’action, est une ville plutôt connue pour sa grande tolérance, il n’en n’est pas de même du Lieutenant Larkin, chargé de l’enquête. Dans le genre gros connard raciste et homophobe, on ne fait pas mieux. En plus, il n’aime pas les français. L’affaire s’annonce compliquée pour le coach ne lui laissant pas d’autre alternative que de mener lui-même l’enquête…

Avec ce personnage de coach, Florent Marotta crée un enquêteur plutôt atypique. Le bonhomme est déterminé, tête brûlé et foutrement enclin à se fourrer dans des situations périlleuses, pour ne pas dire merdiques. Il est aussi assez attachant ce qui ne gâche rien. Du coup, on a hâte de le voir évoluer dans de prochaines enquêtes notamment pour suivre l’évolution de ses rapports, compliqués, avec sa fille et avec Kim, son amie call-girl.

Si le rythme est un chouia moins tendu que dans Le Visage de Satan, cette course à la vérité menée par Florent Marotta, n’en est pas moins prenante et laisse peu de répit au lecteur jusqu’à la résolution de ce Meurtre d’O’Doul Bridge !

ISBN 978 2 37258 030 4
248 pages
2017
9,99€
(Livre reçu en service de presse)
 

samedi 6 janvier 2018

Le peintre d'aquarelles - Michel Tremblay



"La montagne, c'est ma réalité. Je suis entouré depuis mes vingt ans des plus vieilles montagnes du monde - du moins, c'est ce qu'on dit -, elles ont été mon premier sujet quand je me suis mis à pendre sur les conseils du docteur Bazin, qui prétendait que ça me ferait du bien - il avait raison. Sans doute parce qu'elles étaient là, omniprésentes, un rien étouffantes, pas trop parce qu'elles ne sont pas très hautes, et surtout à cause de l'incessante transformation de leurs teintes. Le nombre de verts que j'ai dû inventer pour leur rendre justice, le nombre d'heures que j'ai passées, au début, à essayer de dessiner chaque feuille, chaque branche, chaque nervure de branche ! Avec le temps, j'ai appris à m'éloigner de ce qui est vrai, de ce qui existe, de ce que j'ai sous les yeux pour me contenter - ce n'est peut-être pas le bon mot - de suggérer les choses : ce ne sont pas des portraits de la nature que je fais, mais des interprétations. Pour me faire du bien. M'éloigner des explosions de couleurs que j'ai en dedans de moi et qui ont déclenché tant de crises. Oui,le docteur Bazin avait raison. Je transfère mes explosions sur le papier et je m'en trouve mieux." 

Rencontrer un peintre et découvrir un écrivain. En lisant Le peintre d’aquarelle, j’ai rencontré Marcel, et j’ai découvert la plume de Michel Tremblay.

Marcel, c’est un homme de 76 ans qui décide un jour de se mettre à l’écriture d’un journal intime. Et il en a des choses à dire. Une vie pas commune.

Enfermée à l’âge de 23 ans à l’asile de Nominingue, bourgade au cœur des Laurentides, il y passera la plus grande partie de sa vie. La peinture d’aquarelles et ses séances avec son psychiatre vont lui permettre d’apprendre à vivre avec sa schizophrénie. 53ans plus tard, il a quitté l’asile mais pas la ville. La vente de ses toiles l’aide autant à survivre que ce qu’il exprime à travers elles l’aide à vivre. Un jour, un besoin impérieux s’empare de lui, écrire son journal intime…

Le roman d’une vie. Un roman grave sur la maladie et sur la fin de vie qui n’est pourtant jamais plombant, au contraire. L’écriture sensible de Michel Tremblay en fait une histoire emplie d’humanité, un récit émouvant et Marcel est un des personnages les plus touchants qu’il m’ait été donné de rencontrer. 


Un cadeau et un coup de cœur que je dois à mon adorable Nad

à qui je souhaite un très bel anniversaire !

ISBN 978 2 330 09306 8
160 pages
2017
18,50€

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