Dans le catalogue des thrillers
publiés par les Éditions Taurnada, j’ai un gros faible pour les autrices. Mais
chez les hommes, Xavier Massé est un de mes préférés et une fois de
plus, je n’ai pas été déçu.
Cette fois-ci, il nous entraine à
Charlotte en Caroline du Nord au chevet de Billy, jeune espoir rebelle du foot
américain, immobilisé sur un lit d’hôpital à la suite d’un accident de voiture.
Amnésique, il n’a aucune idée de ce qui a pu le conduire ici et surtout se
demande ce qu’il a pu advenir de Tina, sa compagne dont, ultime souvenir, il
sait pourtant qu’elle était à ses côté au moment de l’accident.
Avec un talent qui se bonifie
avec le temps, Xavier Massé nous embarque dans les méandres tortueux de
la mémoire et des souvenirs. Entre séances d’hypnose et interrogatoires de
police, les événements tentent de se reconstituer. La tâche est rude et les
souvenirs parfois douloureux pour ne pas dire terrifiants…
L’écriture est comme toujours
addictive. L’auteur manie le suspense avec brio, jouant avec nos nerfs sans
jamais nous perdre. Comme le héros toujours au bord du gouffre, le lecteur se
sent lui aussi sur un fil. Quant au twist qui arrive aux trois-quarts du roman,
je vous laisse le découvrir.
Un thriller que vous ne pourrez
pas lâcher, même 30 Secondes !
« J’veux qu’tu m’aides à en finir.
J’veux qu’tu m’aides à en finir. Tu m’entends ? J’veux qu’tu m’aides
à en finir. »
En 2009, une rencontre capitale
me fait découvrir le roman d’Emmanuèle Bernheim,
Un Couple. Coup de cœur immédiat pour
son écriture ciselée, acérée, unique. Suivront au hasard des envies et des
trouvailles Le cran d’arrêt, Sa Femme (Prix
Médicis 1993), Vendredi soir et Stallone.
En 2013, sort Tout s’est bien passé un récit où elle
raconte comment son père lui a demandé de l’aider à en finir. Un récit
bouleversant offert par une personne qui m’est chère. J’ai refermé le roman
ému, les larmes aux yeux.
En 2021 son adaptation sort au
cinéma. Février 2022, à l’occasion de sa sortie en DVD, je laisse défiler le
générique de fin, les larmes aux yeux.
« Me laisse pas tomber ! Tu peux
pas me laisser comme ça. Ça, tout ça, c’est plus moi… »
La fin de vie, le droit à mourir
dans la dignité et surtout comment un père peut-il demander à sa fille de
l’aider à mourir, voilà les sujets de ce film. Un film grave évidemment mais
qui, comme le livre, ne sombre jamais dans le pathos ou le morbide et fait même
preuve de beaucoup d’humour. On imagine bien qu’il en a fallu pour surmonter
une épreuve pareille. André Bernheim
était un sacré personnage qui jusqu’à la fin n’aura pas ménagé sa famille…
Il fallait sans doute tout le
talent de François Ozon pour parvenir
à un tel résultat. Un réalisateur qu’on ne présente plus. Tout le monde connaît
Huit Femmes, Potiche mais intéressez-vous
aussi aux Amants Criminels, à Jeune et jolie, à Frantz…
Ozon a de plus bien connu Emmanuèle
Bernheim puisque la romancière, également scénariste, a travaillé aux
scénarios de plusieurs de ses films, Sous
le Sable, Swimming Pool, 5x2.
Son trio d’acteurs principaux est
parfait : Sophie Marceau dans
le rôle principal et Géraldine Pailhas
dans celui de sa sœur, André Dussolier
quasiment méconnaissable dans le rôle du père physiquement diminué.
Sophie Marceau, qui n’est jamais aussi juste que quand elle joue,
est très convaincante. J’ai souvent vu le visage d’Emmanuèle Bernheim se substituer au sien durant le film.
À noter aussi la présence de Charlotte Rampling, glaçante dans le
rôle de l’épouse délaissée et malade et de la grande Hanna Schygulla, égérie de Fassbinder,
dans un rôle secondaire et néanmoins capital, mi passeuse mi ange…
Emmanuèle Bernheim s’en est allée en 2017, nous reste ses livres,
son souvenir, et j’ai envie de croire que ce film lui aurait plu.
Un film Diaphana Editions Vidéo
"En Blu-Ray, VOD et DVD, depuis le 1er février, et en EST depuis le 28 janvier"