"La vieille dame regarda les dernières feuilles d'érables dansotter en
feux follets sous les réverbères. La rue lui faisait l'effet d'un
cimetière aux mille minuscules morts, feuilles, brindilles, insectes,
fleurs... L'automne lui donnait toujours ce genre de pensées, chagrines,
enfantines, sur fond de spleen."
C’est sur un malentendu lié à son
prénom que Jocelyn Brouillard, petit franchie de 17 ans, débarque, à la Pension
Giboulée au cœur de New York.
En effet, cet établissement, géré
par deux sœurs d’âge respectable, n’accepte que les jeunes femmes, bien sous tous
rapports cela va sans dire. Son sort sera scellé grâce à une botte d’asperges
glissée subrepticement dans sa valise par sa mère, le destin tient parfois à
peu de chose, mais aussi et surtout grâce à ses talents de pianiste.
Aux côtés de Page, Manhattan,
Hadley et Chic, aussi attachantes que leur existence est riche et source de
romanesque, Jocelyn se retrouve comme un coq en pâte dans cet environnement
uniquement féminin, entre bas nylon qui sèchent, peines de cœur, petits et
grands secrets.
Broadway n’est pas Hollywood mais
on s’y croirait et en cette fin des années 40, on baigne allègrement dans le
milieu bouillonnant des arts du spectacle entre musique, danse ou comédie,
entre petits boulots, vraies vocations et rêves de réussite.
Les références musicales sont multiples
et les clins d’œil cinématographiques aussi nombreux que savoureux. Les
protagonistes croisent aussi bien Sarah
Vaughan que la comédienne débutante Grace Kelly
ou encore un certain Allen Königsberg qui deviendra plus tard Woody Allen.
Malika Ferdjoukh excelle à créer une atmosphère aussi enivrante et
tourbillonnante que la meilleure des comédies musicales, avec un sens du petit
détail qui n’appartient qu’à elle, mêlant comme personne fiction et réalité
pour mieux embarquer son lecteur qui en redemande.
600 pages virevoltantes dévorées
en 5 jours, ai-je besoin de préciser que je me suis régalé ?
ISBN 978 2 2112 34 993
598 pages
2015
10,80€