Samedi matin, 10h00. Direction l’auditorium
pour une rencontre Au cœur des Balkans pour
le 10ème Prix des lecteurs
parrainé par le Groupe Garandeau. Rencontre animée par Gérard Meudal
en présence de Slobodan Despot, Le miel (Gallimard), Drago Jancar, Cette nuit je l’ai vue (Phébus), Ognjen Spahic, Les enfants de
Hansen (Gaïa). Srdjan Valjarevic,
auteur de Côme (Actes Sud), malade,
est représenté par son ami et traducteur Aleksandar
Grujicic.
Velibor Colic est absent à cette rencontre pour des raisons que j’ignore
à ce moment-là mais que j’apprendrai quelques jours plus tard dans la presse
mais sur lesquelles je ne reviendrai pas ici.
Voici en vrac quelques notes et
propos des auteurs présents.
Côme est un texte très autobiographique sous forme de journal dans
lequel l’auteur intériorise douloureusement ce qui se passe dans son pays dans
une atmosphère empreinte de mélancolie et de solitude. C’est aussi une satire
pleine d’humour des milieux intellectuels. Une suite qui sortira au printemps
2015 exposera la lente convalescence de l’auteur liée aux effets de son abus d’alcool
omniprésent dans Côme.
Le miel est inspiré d’une d’histoire vraie ruminée pendant des
années par son auteur. Slobodan Despot nous
livre entre autre une belle citation qu’il attribue à Mark Twain : « La
réalité a cette avantage sur la fiction qu’elle n’a pas besoin d’être crédible. »
Il sera aussi beaucoup question
de l’importance de la traduction au cours de cet échange, notamment grâce à la
présence d’Alain Cappon, interprète
et traducteur d’Ognjen Spahic sur Les enfants de Hansen (Gaïa), récit sur
une des dernières léproseries d’Europe.
« Le traducteur est au service de l’auteur. » « Il faut
entrer dans le livre pour arriver à le traduire et surtout trouver les bons
mots et ainsi respecter le travail de l’auteur. » « Un livre traduit
doit faire oublier qu’il l’est ! »
Au terme de cette rencontre, le 10ème
Prix des lecteurs est remis à Slobodan
Despot pour Le miel.
Source http://www.charentelibre.fr/ |
Grand moment tant l’auteur semble
sincèrement touché par ce prix attribué par un jury de plus de 800 lecteurs de
médiathèques de la région Poitou-Charentes. Un vrai beau moment d’émotions.
« J'ai les jambes sciées »
« Je ne sais pas si les romans en lice ont eu 800 vrais lecteurs
dans leur propre pays ! »
« Cette littérature est le lien le plus sûr que vous ayez avec
cette autre Europe. »
***
L’après-midi, Comment survivre au monde contemporain ?
Entre individualisme, monde virtuel et appât du gain, débat très
intéressant mené par Catherine
Pont-Humbert en présence du belge plein d’humour Thomas Gunzig, Manuel de
survie à l’usage des incapables (Au Diable Vauvert), de Dimitris Sotakis, L’Argent a été viré sur votre compte (Intervalles) et Zoran Zivkovic, L’écrivain fantôme (Galade).
« Un écrivain écrit pour exprimer comment lui-même vit le monde. »
Dimitris Sotakis
***
La rencontre suivante intitulée Tsiganes, « Poètes de grand chemin »
met en présence Velibor Colic, Ederlezi (Gallimard) et Claire Auzias, Les poètes de grand chemin (Michalon).
Elle est arbitrée par Nathalie Jaulain. Bien qu’un peu
excessif, j’emploie à dessein le terme « arbitrée ». En effet, dans
son roman, Velibor Colic emploie le
terme « tZigane » au lieu de « tSigane ». Ce que la
sociologue et historienne Claire Auzias
ne va pas manquer de lui faire remarquer. On emploie « tSigane » pour
les individus et « tZigane » pour parler de la musique. S’en suit un
échange un peu tendu. Et le public de rire à la réaction pleine d’humour de Colic ce qui n’est pas vraiment du goût
de la sociologue… Au terme de la rencontre, les deux auteurs se murmurent
quelque chose et s’embrassent finalement sous les applaudissements du public !
Je réalise du coup que j’ai omis
de vous parler de ma séance ciné de jeudi soir et qui était présentée par la
même Claire Auzias. J’ai même rencontré des tsiganes heureux,
un drame yougoslave de 1967 réalisé par Aleksandar
Petrovic.
Une histoire dure et violente qui
nous montre les difficiles conditions de vie dans le monde tsigane. Le film
nous offre de belles séquences dont celle où le héros ivre laisse échapper des
milliers de plumes d’oies blanches d’un véhicule qui roule. Un moment plein de
poésie qui contraste au milieu de toute la boue omniprésente à l’image.
***
Source http://www.charentelibre.fr/ |
A 19h00, vient ce qui est pour
moi le point d’orgue de ce festival, un grand entretien d’une heure animé par Fabio Gambaro avec Erri De Luca, récompensé du Prix
Jean Monnet de la Littérature européenne 2014.
Erri De Luca parle un français parfait, je vous laisse tout
simplement vous régaler des quelques citations que j’ai retenues de ce
magnifique entretien.
« Je ne suis pas un écrivain, je fais l’écrivain. »
« Je fais cette activité d’écrire. »
« J’ai commencé à 11 ans, l’histoire d’un poisson. »
« J’ai toujours fait l’écriture. »
« C’est un lecteur qui décide que je suis écrivain. »
« Mon écriture n’a rien à voir avec le mot travail. »
« J’avais sué avant d’arriver à la page. »
« L’écriture est une activité de fête. »
« Je suis un rédacteur des histoires que la vie m’a offert. »
« L’écriture est un acte de résurrection de lieux et de personnes
du passé
pour les arracher de cette absence. »
« Ma deuxième langue est l’italien, ma langue est d’abord orale. »
« Mon « style » est la rédaction d’une voix orale. »
« Mes phrases ne sont pas plus longues que le souffle qu’il faut
pour les dire. »
***
(Grand soupir)... J'adore Erri de Luca... Commentaires très constructif, je sais...
RépondreSupprimerUn grand écrivain et un grand homme...
SupprimerBon, moi, c'est Vélibor ... Tu l'as trouvé comment ? Tu as envie de le lire ? Tu sais déjà que je suis une fan ! En tout cas, un festival qui a l'air passionnant. Mais POURQUOI si loin de chez moi ^-^?
RépondreSupprimerUn homme ne manquant pas d'humour, qui parle très bien le français et que je lirai si j'en ai l'occasion...
SupprimerSi je me souviens bien, il vit en Bretagne à Douarnenez, tu n'as plus qu'à aller le pister là-bas ! ^^
Passionnant, c'est bien le mot qui convient pour ce festival !
De belles citations que tu nous offres, surtout de celles d'Erri de Luca ... Tu nous fais un vrai travail de journaliste... c'est une vocation, Journaliste littéraire ? Je me languis le thème de l'année prochaine !
RépondreSupprimer:D
Cet entretien avec Erri de Luca, un pur moment de bonheur, je voudrais pouvoir me le repasser pour tout entendre à nouveau...
SupprimerHeureusement que j'ai découvert la plume d'Erri De Luca pour sentir son souffle tourner mes pages.
RépondreSupprimerAlors, c'est quoi le programme de l'année prochaine ? On attend ta réponse avec impatience.
PS : si pendant trois soirs de suite tu sirotes des cocktails charentais, tu vas mal finir, petit !
L'an prochain, c'est une ville qui sera à l'honneur: Londres.
SupprimerVivement l'année prochaine !
merci pour les citations d'Erri de Luca ! Elles sont émouvantes !
RépondreSupprimerUn grand moment !
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