Casterman
ISBN 2 203 33425 8
99 pages
(Offert)
Mes impressions:
La nuit est tombée. Suite à une
panne de voiture, une jeune femme blonde, Neige, vient chercher de l’aide en
frappant à la porte d’une imposante demeure isolée. Ses habitants sont un frère
et une sœur, Yves et Eva, qui ont la particularité d’être jumeaux. Suite à un
terrible accident de voiture, Eva est restée handicapée et ne se déplace plus
qu’en fauteuil roulant. Yves partage sa vie entre son amour et son aide envers Eva
et sa passion pour les marionnettes et les automates.
Après un accueil un peu froid,
Yves va proposer à Neige de passer la nuit chez eux en attendant l’hypothétique
venue d’un dépanneur, non sans lui avoir auparavant recommandé de se méfier de
sa sœur, si jamais elle la croise dans l’aile de la maison qui lui est impartie.
Eva aurait parfois des attitudes et des réactions étranges donc autant l’éviter
et « respecter son besoin de solitude ».
Bien entendu, les deux femmes finissent
par se rencontrer. Eva tente de manipuler Neige, afin de la pousser à une sorte
de relation érotico-saphique qui finit par rapprocher les deux femmes. A son
tour, Eva enjoint Neige de se méfier de son frère dont « le comportement peut
être…inattendu ! »
L’irruption d’une troisième
personne va bouleverser la tranquillité de ce couple ou gémellité rime avec ambiguïté
et culpabilité. Neige se retrouve au cœur d’un diabolique triangle plus
vénéneux qu’amoureux, entre domination et perversion, érotisme et sadisme… Au
milieu d’automates plus vrais que natures, d’une Marlène Dietrich échappée de « L’Ange
Bleu », d’un Klaus Nomi plus synthétique que jamais, elle est un pantin vivant
à la merci d’un marionnettiste qui semble confondre la vie avec son cabaret
pathétique. Emotion, tensions, suspens, trouble et vertige vont se succéder
jusqu’au coup de théâtre final…
Un noir et blanc superbe qui
transcende une ambiance angoissante et feutrée, entre ombres et lumières,
secrets et mensonges, réalité et faux semblants, au service d’un scénario bien
plus oppressant et machiavélique qu’il n’y paraît au premier abord. Une
ambiance que n’aurait pas reniée le grand Alfred Hitchcock. Les références au maitre
du suspens sont d’ailleurs légions. Une maison inquiétante aux allures
victoriennes, une femme armée d’un grand couteau de cuisine et une scène de
douche anodine qui m’a pourtant fait penser à « Psychose », un
revolver qui semble face caméra comme dans « La Maison du Dr
Edwardes », une case qui semble sortie d’un plan de « Sueurs Froides »
et surtout un découpage extrêmement cinématographique au point que lorsque
Neige entre dans la maison, j’ai parfois eu l’impression de me retrouver dans
la maison de Norman Bates.
Une bande dessinée qui, si elle n’a
pas l’intensité dramatique et la puissance émotionnelle d’un « Silence »,
n’en reste pas moins un bon moment de lecture, un excellent thriller
psychologique à l’ambiance délicieusement malsaine.
Et Comès créa Eva…
Didier Comès
1942-2013
J’ai beaucoup apprécié cette première rencontre avec Comès. J’avais peur d’être gênée par le graphisme mais au contraire ce noir et blanc a maintenu cette tension, si présente, tout au long de cette histoire.
RépondreSupprimerEnfin quelqu’un qui connait Klaus Nomi !
Et Comès créa Eva...... :D
Merci ;)
Merci à toi pour ce beau cadeau ! :)
SupprimerEt Dieu créa Cristina...
Cette maîtrise du noir et blanc, c'était quand même incroyable !
RépondreSupprimerIncroyable, c'est le mot.
SupprimerInexplicable aussi.
Comment expliquer avec des mots ce qui s'en dégage ?...