"La mort, on s'habitue à la voir, mais pour la souffrance, c'est plus long. Je ne sais même pas si c'est possible."
De romans en romans, depuis maintenant 4 ans, Estelle Tharreau ne cesse de me surprendre. Voilà que le cinquième se profile. Chaque fois, je découvre ses romans avec une petite appréhension, celle de la déception, comme on craint parfois d’être déçu par les gens qu’on aime. Mais une fois encore, j’ai été bluffé !
À travers les souvenirs d’un bourreau ayant officié pendant plus de 40 ans dans le couloir de la mort au Texas, cette histoire prenante et documentée invite à la réflexion sur la peine capitale, le système carcéral et sur les dérives d’un système.
Le thème est fort. Le ton se fait plus grave, plus glaçant, plus noir encore que dans les romans précédents.
L’écriture s’en ressent, de plus en plus ciselée, parfois jusqu’à l’épure, avec un indéniable sens de la formule et du mot juste. Ce qui m’a rappelé la façon dont l’auteure peaufine ses nouvelles. Nouvelles d’anticipation dont je n’ai jamais parlé ici mais que je vous conseille de lire. Elles sont en accès libre sur le site des éditions Taurnada.
Après la noirceur vertigineuse de Mon Ombre Assassine, on pouvait redouter la facilité de la redite mais il n’en est rien. Avec La peine du bourreau, Estelle Tharreau nous offre un compte à rebours mortel, un roman dans la veine des romans noirs américains.
Sortie le 1er octobre 2020
"Ed se surprit à penser que si le Mal n’était peut-être pas inscrit dans les gènes des Noirs, la peur et la méfiance envers le Blanc l’étaient devenues."
"Les yeux du vieux bourreau se refermèrent. De telles souffrances, il en avait vu défiler des années durant à tel point qu’il lui semblait que sa propre vie s’était réduite à cela : être spectateur et parfois acteur de sa douleur. Tout comme les condamnés, lui non plus ne ressortirait pas meilleur de ces années passées dans le couloir de la mort bien qu’il ait été de l’autre côté des barreaux. À l’aube de sa carrière, il en partirait plus pessimiste, plus convaincu de la nature putride de l’Homme."
"Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes."
"Il repensait à la vie de McCoy et comprenait pourquoi personne n’aimait les bourreaux. Ils étaient telle une mauvaise conscience qui vous renvoie à vos propres erreurs. Une ombre qui vous poursuit, qu’on préférerait ignorer, qu’on déteste. La mauvaise conscience d’une société qui engendre des monstres, mais qui n’est pas prête à payer le prix pour l’éviter, pour que les choses changent."
Festival Polar Cognac 2019
C'est toujours plus fort lorsqu'on reste bluffé par les gens qu'on aime, sans déception...
RépondreSupprimerTout à fait mon cher Bison...
SupprimerUne énorme pensée à ma rainette préférée. A bientôt. Estelle
RépondreSupprimerMerci pour la pensée. Au plaisir.
SupprimerAh Estelle Tharreau... tu me l'as fait découvrir et comme je l'adore aussi <3
RépondreSupprimerEt tu es toujours aussi conquis par celui-ci...
Il y a des amours éternelles :-*
Gros becs !
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