Gallimard
ISBN 978 2 07 012434 3
206 pages
(Offert...Merci à toi...)
Quatrième de couverture:
«"Papa m'a demandé de l'aider à en finir."
Je me répète cette phrase, elle sonne bizarrement. Qu'est-ce qui ne colle pas? "Papa" et "en finir"?» Avec Tout s'est bien passé, Emmanuèle Bernheim nous livre le récit haletant et bouleversant de son impensable aventure.
Emmanuèle Bernheim est l'auteur de cinq romans, parmi lesquels: Sa femme (prix Médicis),
Vendredi soir et Stallone.
*****
Mes impressions:
Emmanuèle Berheim, romancière et
scénariste, possède un indéniable sens du rythme, une écriture vive, alerte,
percutante. Les phrases sont brèves mais leur brièveté n’a d’égal que leur
intensité et leur force. Elle va toujours à l’essentiel, sans s’encombrer de détours
ou de salamalecs et c’est ce qui fait le sel de ses romans.
Ici, point de roman mais un
témoignage, une tranche de vie, de fin de vie pour être précis. Son père,
André, lui a demandé de l’aider à en finir et il n’est pas un homme à qui on
peut refuser quelque chose. C’est un homme de caractère, ferme, droit,
déterminé, qui parle vrai. La déchéance, le déclin, très peu pour lui, plutôt
partir. Il l’a décidé, il en sera ainsi, il le faut.
Commence pour Emmanuèle et sa sœur
Pascale, un vrai parcours du combattant, entre raison et déraison, colère et
tristesse, amour et courage. Du courage, il en faut à André, pour prendre cette
décision et s’y tenir. De courage, elles vont devoir s’armer les deux sœurs,
soudées dans l’épreuve pour mener à bien la décision de leur père, pour
affronter les obstacles en tout genre, droit, loi, médecins, famille, amis… Le
courage de permettre à leur père de partir, selon sa volonté, autrement dit
avec dignité.
Ici pas d’accent mélodramatique,
pas d’apitoiement, pas d’effusion. Les crises de larmes, ce n’est pas le genre
de la maison. Un sourire, un regard, on sert les dents et on va de l’avant. Du moins pour un temps.
Le récit n’en a que plus de
puissance. L’écriture riche en passages tendus, rythmés, offre aussi des
moments plus calmes, plus doux, plus feutrés. C’est en cela que cet ouvrage
diffère légèrement des romans de l’auteur mais n’en demeure pas moins extrêmement
poignant et particulièrement touchant.
Pascale, « Nuèle »,
respirez, tout s’est bien passé…
******
Extraits:
"Après que j'ai pour la première fois participé à une émission de
télévision, mon père m'a téléphoné. Il m'a félicité, avant d'ajouter que
si jamais je souhaitais me faire refaire le nez, il m'offrirait
volontiers l'opération."
"Ding. Les portes se referment. Mon père disparaît.
Je reste un instant immobile sur le palier.
Il y a une dizaine d'années, alors qu'on s'apprêtait à le descendre au bloc opératoire pour un triple pontage, j'avais surpris son regard sur un aide-soignant. Il avait vu que je l'avais vu et ensemble nous avions éclaté de rire.
Même après qu'il eut franchi le double battant du service de chirurgie, je pouvais encore l'entendre rire."
Je reste un instant immobile sur le palier.
Il y a une dizaine d'années, alors qu'on s'apprêtait à le descendre au bloc opératoire pour un triple pontage, j'avais surpris son regard sur un aide-soignant. Il avait vu que je l'avais vu et ensemble nous avions éclaté de rire.
Même après qu'il eut franchi le double battant du service de chirurgie, je pouvais encore l'entendre rire."
"- Qu'est-ce que tu as fait hier soir ?
- Je suis allé voir Antichrist, pour me changer les idées... Et toi ?
- J'ai regardé Saw, pour me changer les idées...
Le pied que se tranche à la scie l'un des personnages principaux de Saw; la meule que Charlotte Gainsbourg visse dans la cheville de Willem Dafoe.
Ma sœur et moi partons d'un même éclat de rire.
Un vrai fou rire, comme quand nous étions petite."
- Je suis allé voir Antichrist, pour me changer les idées... Et toi ?
- J'ai regardé Saw, pour me changer les idées...
Le pied que se tranche à la scie l'un des personnages principaux de Saw; la meule que Charlotte Gainsbourg visse dans la cheville de Willem Dafoe.
Ma sœur et moi partons d'un même éclat de rire.
Un vrai fou rire, comme quand nous étions petite."
Avant-Hier soir (ou presque), j'ai vu Antichrist. Impressionnant, terrifiant. Je ne me souviens pas avoir ri aux éclats, mais c'est parce que je suis un être plus sensible avec une âme profondément pure et humaine. La souffrance était si terrifiante...
RépondreSupprimerMais bon, j'ai survécu, ça n’intéresse pas grand monde, je me suis resservi un verre et au final TOUT S'EST BIEN PASSÉ.
Il arrive parfois que l'on rit pour ne pas pleurer...
SupprimerTu te doutes que je ne peux que penser à la "Dernière Leçon" de Chatelet, ce dernier m'ayant plus qu'ému, je ne lirai point celui là.
RépondreSupprimerMerci pour ce joli billet plein d'émotion, de douceur, d'oxygène et de mon manU. :D
J'ai aussi pensé à "La Dernière Leçon" bien entendu mais les narrations sont vraiment totalement différentes.
SupprimerDeux cadeaux mémorables en tout cas...
Je lirai certainement ce livre plus tard mais là ce n'est pas le bon moment. Merci pour la critique.
RépondreSupprimerBonne journée, FLaure
Quand ce sera le bon moment, tu le sauras.
SupprimerBonne soirée.
Un sujet peut-être trop dur pour moi, même sans mélo et sans apitoiement.
RépondreSupprimerQuoiqu'il en soit, l'écriture d'Emmanuèle Bernheim est vraiment à découvrir...
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