Échoués sur une île déserte, un
frère et une sœur vont grandir rongés par la solitude et être gagnés par le
trouble de leurs deux corps qui changent… Un saint homme en proie à ses démons
intérieurs… Un homme radin à en mourir... Une sœur contrainte au pire pour
protéger son petit frère lourdement handicapé du monde extérieur en général et
d’un proche en particulier…
Manga composé de quatre histoires
courtes, L’Enfer en bouteille est ma
première incursion dans l’univers de l’ero-guro
(érotique-grotesque), un univers qui peut surprendre tant le mélange de
violence et de sexe est d’une noirceur absolue.
Suehiro Maruo s’amuse avec les règles de la bienséance et de la
bien-pensance pour mieux en repousser les limites ou comment brouiller les
frontières entre le bien et le mal. Ici quid de l’amour ? Le sexe engendre
voyeurisme et perversion, il n’est envisagé que comme monnaie d’échange et
au « mieux », il est incestueux. La violence, la souffrance et l’abandon
sont omniprésents. Les fratries comme l’image de la famille sont sacrément malmenées.
Au niveau du graphisme, le
contraste entre certains décors paradisiaques et la noirceur de ce qui s’y
déroule est d’autant plus saisissant. Les dessins passent d’un réalisme enchanteur
à une crudité animale et flirtent parfois avec le surréalisme, sans parler du gros
clin d’œil à Dali.
Suehiro Maruo signe une œuvre surprenante et dérangeante qui plaira
ou rebutera mais ne laissera aucun lecteur indifférent. Mœbius qui l’a fait connaitre en France en parle en ces mots :
« Maruo se conduit comme un artiste,
comme un Rimbaud. Il est dressé avec une telle violence et une telle fierté sur
les ruines de son âme. Et, en plus, il en est extrêmement conscient et se met
en relation avec ses frères de la tradition littéraire européenne et de l’érotisme
noir, Bataille et Sade. Il associe sa souffrance à la souffrance planétaire. »
En bulles et en cases mais
surtout L’Enfer en bouteille, à l’ombre
de nous-mêmes…
"Un vrai roman graphique comme je les apprécie, la poésie onirique de
Jirô Taniguchi en moins mais la perversité de Suehiro Maruo en plus." Le Bison
๑•ิ.•ั๑
Merci à Priceminister et aux Éditions Sakka/Casterman.
Ma note:15/20
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Éditions Sakka
ISBN 978 2 203 08143 7
194 pages
2012/2014
Le sexe n'est-il pas que voyeurisme et perversion ?
RépondreSupprimerAussi mais pas seulement... ^^
SupprimerIl m'a quand même l'air bien particulier ce manga. Sur un seul tome, pourquoi pas.
RépondreSupprimerParticulier est le mot qui convient cher Jérôme !
SupprimerJ’imagine à quel point une œuvre construite sur les « ruines de l’âme » de son auteur peut déranger, surtout quand cet univers-là est habité par des démons intérieurs qui se font violence eux-mêmes, entre perversion et souffrance. En contrepartie, c’est peut-être aussi ce qui la rend belle en soi, parce qu’elle est d’autant plus authentique qu’elle exorcise ses démons?
RépondreSupprimerLe sexe incestueux et voyeur pourrait me déranger, mais si je garde ce contexte en tête…
En me disant qu’entre le bien et le mal on se construit sa propre objectivité…
J’adore Dali! Intéressant le clin d’œil, il s’exprime comment?
Beau billet manU ;-)
Le clin d’œil à Dali s'exprime, entre autres, à travers l'histoire intitulée La Tentation de Saint Antoine...
SupprimerMais pour en savoir plus, il faut lire le livre ! ;)
Voilà qui sort des sentiers battus ! Je ne sais pas si ça me plairait, j'ai du mal à supporter les histoires d'inceste... En tout cas, merci pour la découverte manu :)
RépondreSupprimerTout le plaisir est pour moi ma chère Potzi ! :)
SupprimerJe ne connaissais pas du tout, ce n'est pas trop mon genre mais je suis curieuse, merci pour la découverte :)
RépondreSupprimerLa curiosité est une grande qualité ! :)
SupprimerTu défends très bien cette BD aussi, mais franchement elle ne me dit rien !
RépondreSupprimerMoi j'aime être embarqué par les couleurs, le dessin et surtout l'histoire...
En effet, je ne suis pas certain que cette histoire soit faite pour toi... Tu peux passer sans regret !
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