« Cher
M. Rossellini,
J'ai vu vos
films Rome, ville ouverte et Païsa, et les ai beaucoup aimés. Si vous avez
besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié
son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français et qui, en italien,
ne sait dire que « ti amo »,
je suis prête à venir faire un film avec vous. »
Admirative de son talent, c’est par ces mots qu’Ingrid
Bergman déclara à Roberto Rossellini son envie de travailler avec lui. Si elle
espérait incontestablement tourner avec lui, elle ne se doutait sans doute pas
que cette lettre allait changer son destin à tout jamais.
Rossellini sait à peine qui elle est et encore
moins à quoi elle ressemble mais ce n’est pas le genre de chose susceptible d’arrêter
ce séducteur impénitent. Paradoxalement, Bergman la suédoise représente l’Amérique
et l’idée de lui ravir sa star n’est pas pour lui déplaire.
Il va donc offrir à Bergman, le premier rôle de
son film en préparation, Stromboli.
Il a déjà promis ce rôle Anna Magnani, qui partage sa vie mais peu importe, il
va trouver une solution, il n’est plus à un mensonge prêt. Petits arrangements
avec la vérité.
Mais la Magnani ne va pas s’en laisser compter.
La volcanique star italienne, facile je sais mais tellement vrai, va trouver
une vengeance à la mesure de colère et de son chagrin. On ne vole pas impunément
son homme et son rôle à la Magnani. Le volcan gronde.
C’est avec des capitaux américains et le soutien
de quelques hommes influents dont David O’Selznic, qui a un contentieux envers
Rossellini, qu’elle va réussir à monter un projet analogue, Vulcano, qui sera tourné dans l’île à
côté d’où Rossellini tourne son film. La brune contre la blonde, que la meilleure
gagne !
La très croyante Bergman a abandonné son mari et
sa fille, pour se jeter dans les bras et devant la caméra de Rossellini. « Une grande aventure l’attendait. « Voilà
à quoi je ne me résigne pas, ne pas vivre. » Ces mots feraient l’effet d’une
bombe sur leur maison, elle le savait, mais pour s’en aller, il fallait parfois
tout détruire. » Son image de sainte, amplifiée par son interprétation
mémorable de Jeanne d’Arc ou de nonne
au grand cœur dans Les Cloches de Sainte-Marie,
va en prendre un sacré coup.
L’Amérique puritaine ne pardonne pas à l’étrangère
qu’elle a accueillie sur sa terre. On l’exhorte à retrouver la raison. Les
ligues de vertu s’en mêlent, le pape déplore. La star est conspuée, montrée du
doigt, le scandale est mondial.
Éprise de liberté, Bergman a tout
quitté pour mener une vie différente, faire un cinéma différent, loin du star system
et du carton-pâte hollywoodien. Le choc sera rude, l’adaptation difficile, la
pression énorme. Mais quand l’amour est là…
L’Année des
volcans raconte tout ça, un pan de l’histoire du Hollywood de la grande
époque, des studios tout puissants, le cinéma italien, les deux tournages en
parallèle et un triangle amoureux infernal. Les protagonistes reprennent vie
sous la plume romanesque de François-Guillaume
Lorrain pour notre plus grand plaisir.
Bien que très déterminée, Ingrid Bergman apparait
douce, calme, un peu naïve même et blessée par le déferlement médiatique dont
elle est victime. Roberto Rossellini en ressort manipulateur, menteur, parfois
même un peu lâche mais toujours séducteur. La Magnani elle, explose dans toute
sa démesure, dans toute sa fureur, dans toute sa douleur, meurtrie, le cœur à
jamais endolori.
L’année des
volcans, un hymne à la passion à l’ombre du Stromboli…
ISBN 978 2 0813 0071 2
382 pages
2014
Découvrez ICI le billet du blog Sans Connivence avec des extraits des deux films.
Découvrez ICI le billet de Potzina du blog Le bric à brac de Potzina.
Merci à Babelio et Flammarion pour cette belle découverte.
Quel billet, quel partage, quelle belle histoire ! Je buvais tes mots de bon matin, moi qui adorais Ingrid Bergman son style, sa beauté et son interprétation. Et puis les mots qu'elle écrit à Rosselini, j'adore. Une seule chose me chagrine : On peut tout supporter par amour, tout quitter aussi, tout... mais pas son enfant, Non ca NOn c'est impossible!
RépondreSupprimerEt du coup au cinéma, Vulcano a eu un meilleur accueuil que Stromboli ou pas ?
Merci pour cet instant cinéma :D
Encoooooooooore !!!!!
La réponse à ta question, c'est....qu'il va falloir lire le livre !! ^^
SupprimerBen super.... Les journées ne font que 24 heures, je te rappelle !!!!! Je fais comment moi ?
Supprimer;D
Ton billet est magnifique et très complet mais tout ce qui touche au cinéma ne m'attire pas une seconde (pas taper !!!) du coup je vais être obligé de passer mon tour ;)
SupprimerQue de lacunes à combler Jérôme ! ^^
SupprimerBon, alors là, je crois que j'ai également du retard dans les films à voir, Monsieur Cinéma.
RépondreSupprimerLes DVD sont faits pour ça.
SupprimerRegarde La Maison du Dr Edwards, tu combines Hitchcock et Ingrid Bergman ! ^^
Je suis de ceux qui pensent que Rossellini est le plus grand metteur en scène de tous les temps. Ayant beaucoup travaillé sur le cinéma italien je sais que l'homme Rossellini n'était pas particulièrement angélique. Les grands, les très grands, sont rarement faciles. Merci l'ami de ta visite.
RépondreSupprimerJe ne connais pas vraiment le cinéma de Rossellini mais cette lecture m'a donné envie de m'y intéresser davantage.
SupprimerMerci à toi.
J'ai aussi beaucoup aimé ce livre (merci pour la mention vers mon blog d'ailleurs ^^). J'avais un peu peur que ça soit très «people» et en fait pas du tout.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup et ton billet et ton blog donc ça m'a semblé couler de source ! :)
SupprimerPas du tout people, très fort au contraire...