mercredi 22 février 2012

Punis-moi avec des baisers - William Bayer





 

Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Payot/Rivages pour ce livre reçu dans le cadre de l’opération Masse Critique.

Suzie est riche, belle, désirable et sexuellement active, très active. Elle aime susciter le désir, utiliser les hommes, les dominer, les jeter. Ses projets cet été-là, dans la petite station balnéaire de Bar Harbor, dans le Maine, où sa famille possède une somptueuse villa avec piscine : jouir de son corps… Et c’est ce qu’elle fait, elle consomme les jeunes étudiants, les uns après les autres, et les jette comme de vieux kleenex usagés au petit matin après les avoir bien essorés…

Penny, sa sœur, est moins jolie, plus introvertie, plus terne et les histoires de cœur, elle les vit par procuration en se réfugiant dans les livres, les romans de Jane Austen ou des sœurs Brontë par exemple. Quant aux histoires de sexe, elle les vit aussi par procuration mais c’est en espionnant le défilé des soupirants dans le bungalow qu’occupe Suzie au bord de la piscine, scènes qu’elle observe depuis la fenêtre de sa chambre.

Au hasard d’une promenade à vélo, penny rencontre Jared un bel acteur débutant dont elle va tomber amoureuse et être aimée en retour. Enfin jusqu’à ce qu’elle le ramène chez elle et que Suzie jette son dévolu sur lui. Penny le laisse filer, fataliste et résignée. N’est-elle pas plutôt fade et sans grand intérêt ? Qui pourrait blâmer Jared de lui préférer sa sœur ?

De son poste d’observation, c’est aux allers et venues de Jared qu’elle va assister cette fois.  Quand une nuit où elle les a une fois de plus observés, somnolente, un cri retentit, un drame vient de se produire. Suzie vient d’être violemment assassinée à coup de sécateur. Et devinez qui est retrouvé à côté de la victime recouvert de sang, un sécateur à la main ? Jared, bien sûr ! Penny ayant aperçu quelqu’un d’autre, sans le distinguer réellement, son témoignage est capital durant le procès au terme duquel la vérité n’est pas faite sur le meurtre.

Trois ans plus tard, devenu éditrice stagiaire à New York, Penny voit ressurgir une ombre du passé,  se replonge dans toute l’histoire afin de faire la lumière sur ce drame et tente de découvrir qui est responsable de la mort de sa sœur. C’est maintenant que l’histoire commence réellement.


Chaque chapitre du roman débute par un passage de ce qui s’avère être le journal intime de Suzie, journal parsemé de secrets petits et grands, autant d’éléments qui nous orientent vers un possible suspect.  Quand à son tour, Penny découvre l’existence de ce journal et son contenu, son enquête prend une tournure dramatique. Elle est confrontée au côté obscur de la vie de sa sœur dont l’apparente légèreté cache en fait une réelle perversité.

Peu à peu, cette quête de vérité se transforme pour Penny en quête d’identité sans qu’elle en soit réellement consciente. Elle devient une femme beaucoup plus (trop ?) sûre d’elle dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée pour le meilleur comme pour le pire…

Même si on se doute rapidement de ce qui se cache derrière ce drame, l’auteur, grâce à son sens du suspens, nous embarque et parvient à nous surprendre jusqu’à la toute fin, dans le dernier paragraphe du dernier chapitre. Il nous laisse sidéré face à un final dérangeant qui ne peut pas laisser indifférent.
La psychologie des personnages est plutôt fouillée. Ils sont tous complexes avec de nombreuses parts d’ombre qu’on découvre au fur et à mesure de l’histoire. Rien n’est innocent, ni les propos, ni les actes, ni les lectures de Penny ou les quelques références littéraires.  Références qui vont de Jacqueline Susann (et oui celle de La vallée des poupées et de Love machine !)  en passant par Camus dixit la voisine psy totalement folle de chat de Penny. On évoque aussi Portnoy et son complexe de Philip Roth, le Gatsby de Fitzgerald ainsi que plusieurs allusions pas anodines du tout au Tendre est la nuit du même Fitzgerald et beaucoup d’autres encore. Les scènes de sexe sont nombreuses, plutôt bien écrites, très concrètes mais ne sombrent jamais dans la vulgarité. Elles ne sont pas gratuites, elles remplissent leur fonction, nous faire mieux appréhender les personnages, leur évolution, leur lente et inexorable (?) chute…

Il y aurait encore une foule de choses à dire sur cette histoire mais ce serait au risque de vous gâcher le plaisir de la découverte, ce qui serait un sacrilège tant cette lecture a été captivante pour moi. Si je vous dis que j’ai dévoré ces 400 pages en deux jours, ça vous donne une idée de mon engouement, je ne pouvais plus le lâcher. Punis-moi avec des baisers de William Bayer est un vrai thriller psychologique et je ne serai pas étonné qu’Hollywood s’en empare un jour pour en faire un film. Tous les ingrédients du succès y sont, du suspens, du sexe et des personnages bien torturés.

Merci encore à Babelio et aux éditions Payot/Rivages de m’avoir permis de découvrir cet auteur dont je vais m’empresser de découvrir d’autres livres.



 
William Bayer

Rivages/Noir 849
ISBN 978 2 7436 2300 5
(reçu grâce à www.babelio.com)

8 commentaires:

  1. Faut vite que je lises le livre avant que Sainte Hollywood s'empare de cette histoire de sexe et de sang... D'ailleurs qui a-t-il de plus dans la vie ? Le sexe, le sang... Si peut-être l'alcool !

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  2. Euh pour moi, ce sera plutôt Coco Light... :D

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  3. Ta critique donne envie de lire cette histoire, pourtant basée sur le sexe. Pyrouette

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    1. Merci. Le sexe a une grande place dans ce livre mais ce n'est pas gratuit.

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  4. Moi c'est le côté psychologique qui m'attire, le suspense et la relation de Penny, à l'ombre de sa soeur.

    Bon Ok le sexe aussi ;)

    Moi je le lirai bien ce livre ^^

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  5. Un roman qui m’a l’air d’un bon thriller psychologique et « un final dérangeant qui ne peut pas laisser indifférent ». Ça promet! Sans oublier la bombe sexuelle alias la Suzie..................... :D
    Des personnages complexes comme je les aime.
    En plus, c’est que tu faisais déjà d’excellentes critiques dès le début! Tu dois avoir baigné dedans comme Astérix…

    « Elle consomme les jeunes étudiants, les uns après les autres, et les jette comme de vieux kleenex usagés au petit matin après les avoir bien essorés… »

    Quelle image ^^

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    1. N'est-ce pas ! Parlante cette image non ?? ^^
      Je crois que c'était ma tout première Masse Critique donc je m'étais appliqué !
      Mais le livre était vraiment bien, original, donc ça n'avait pas été trop difficile...

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