Le cirque Poly débarque à Beaucastel, joli petit village du sud de la France. Le poney qui lui donne son nom est maltraité par son odieux propriétaire (Patrick Timsit aussi laid que détestable). La jeune Cécile (Élisa de Lambert) qui vient d’emménager dans le village avec sa mère (Julie Gayet aussi naturelle que rayonnante) se sent bien seule et va se prendre d’amitié pour le poney. Une nuit, ne supportant plus la maltraitance qu’il subit, elle décide de le faire échapper. S’en suit évidemment une foule de péripéties qui vont mettre toute la population du village en émoi…
Je n’ai qu’un souvenir flou des aventures de Poly. Je suis tout gamin, en vacances de Pâques ou d’été. Mes deux sœurs de huit et neuf ans de plus que moi se font une joie de la rediffusion des aventures de Poly. L’une adore les chevaux (On ne loupe pas un épisode de Prince Noir), l’autre est un peu amoureuse de Mehdi. Devant l’enthousiasme général, je suis le mouvement et je m’apprête à découvrir Poly à leurs côtés.
Près de quarante ans plus tard, me voilà devant l’adaptation de Nicolas Vanier qui a déjà offert aux jeunes générations une nouvelle version de Belle & Sébastien, l’histoire d’amitié entre un enfant et un chien, des images magnifiques et même une apparition clin d’œil de Mehdi.
Ce qui frappe d’emblée, c’est la beauté des images, la qualité de la lumière et de la photo. Nicolas Vanier aime la nature et il sait la mettre en valeur, de superbes prises de vue de la Provence sous un soleil éclatant. Outre ces plans de la nature, d’arbres, de fleurs, de champs de lavande, il nous offre de jolis plans d’insectes, de papillons et même de grenouilles !
Petit plaisir régressif, Poly fleure bon la nostalgie et l’ambiance des films d’antan. Grâce au cadre des années 60 déjà, aux décors et costumes, mais aussi dans le traitement des personnages principaux ou secondaires un brin stéréotypés parfois.
François Cluzet déjà, dans un rôle de vieux bougon au grand cœur qui lui va comme un gant. Un duo de flics franchouillards et crétins ensuite, qui rappellera les grandes heures de la gendarmerie tropézienne. Le brave curé de campagne qui ne se déplace qu’à vélo. Enfin, la voisine un peu curieuse mais sympa. Le duo de crétin faire valoir d’un méchant qu’on croirait tout droit sorti d’un dessin animé des années 70, etc…
Par contre, reconnaissons au réalisateur une vraie volonté de mettre en avant la place des femmes, en pleine mutation à l’époque.
Déjà, il a fait du héros une héroïne. Dans la version originale crée par Cécile Aubry, c’est un petit garçon. Ensuite, la mère de Cécile, interprétée par Julie Gayet, vient de divorcer mais elle est forte et indépendante. Infirmière libérale, elle ouvre son cabinet en dépit des réticences des villageois devant l’arrivée « d’une divorcée », condition assez mal vue à l’époque. Enfin, elle va aider une voisine qui deviendra une amie à prendre de l’indépendance vis-à-vis de son mari en lui donnant des leçons de conduite. Les femmes qui conduisent sont encore rares à l’époque.
Ne loupez pas les bonus ! Ils vous rafraichiront la mémoire sur toute la genèse des deux feuilletons et sur le talent de Cécile Aubry, actrice, romancière, scénariste, réalisatrice. Diffusé à partir de 1961, Poly donna naissance à des romans jeunesses qu’elle écrivit, romans dans la veine de L’Étalon noir ou Prince Noir (On y revient !). Une femme pleine de ressources qui fit tourner son fils Mehdi, qui marquera le cœur de toute une génération de jeunes filles. Nicolas Vanier rend d’ailleurs un bel hommage à la créatrice en prénommant son héroïne Cécile.
Un film sympathique à savourer en famille pour le plus grand bonheur des petits. Poly peut-il arriver à figurer parmi les films français les plus adorés par les spectateurs ? Et quels seront les meilleurs films français de 2021 ? L'avenir le dira !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire