Du 19 au 22 novembre se tenait à Cognac l’édition 2015 des Littératures Européennes consacrée
cette année à Londres.
Le programme du jeudi et du
vendredi, habituellement dévolu aux lycéens, a été chamboulé en raison des
événements du vendredi 13 novembre. Les consignes de sécurité étant drastiques,
impossible pour eux de quitter les établissements et de rencontrer les auteurs.
De plus, certains auteurs annoncés n’ont pu être présents. La déception est
grande pour tout le monde…
Le jeudi après-midi, j’ai avec plaisir assister à
un « café littéraire » intitulé Loin de la civilisation, le
courage d’une femme en présence d’Isabelle Autissier qui reçoit le Prix du Club Soroptimist de Cognac.
Sa vie, ses expériences, son
engagement, une femme passionnante qui m’a donné envie de découvrir son roman Soudain, seuls.
« Il faut arrêter de se voir en dehors ou
au-dessus de la nature. »
« La littérature peut nous faire penser ou
agir autrement. »
Le vendredi après-midi, je suis arrivé trop tard
pour assister à la projection du film de Thierry
Binisti, Une bouteille à la mer,
tiré du roman de Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza. Je me
rattraperai dès que possible. Mais j’ai eu la chance d’assister à une rencontre
entre Valérie Zenatti et l’anglaise Anne Fine dont j’ai lu quelques
aventures du Chat assassin et dont je
vais enfin lire Le Passage du diable.
Les deux femmes, qui écrivent de
la littérature jeunesse et adulte, nous ont éclairés sur leur vision des
différences et des similitudes entre les deux. Un échange très intéressant. Interrogée
sur son expérience avec le cinéma pour Mrs
Doubtfire, tiré de son roman, Anne
Fine nous a confié avoir détesté cette adaptation assez éloignée. Elle nous
a bien fait rire, affirmant que quand un réalisateur veut acheter les droits d’un
livre, les anglais disent « Take the money and run !! ». Racourci
qui a le mérite d’être clair ! Sa seule satisfaction dans cette histoire
vient du gros chèque qu’elle a reçu. Valérie
Zenatti est, elle, beaucoup plus enthousiaste, d’autant plus qu’elle a
participé à l’adaptation de son roman, tout en mentionnant que ça ne lui a pas rapporté
autant d’argent.
Quelques achats... |
Beau moment aussi, juste après, quand
deux lycéennes sont venues, de leur propre chef, remettre le Prix Jean Monnet des jeunes Européens à
Chabname Zariâb pour Le Pianiste Afghan. L’auteure était
malheureusement absente, retenue auprès d’un proche blessé à Paris. Les deux
autres auteurs en lice sont Neil Gaiman
pour L’Océan au bout du chemin,
également absent et Valérie Zenatti.
Les deux jeunes filles ont lu les « compliments » préparés pour les
auteurs. Seule Valérie Zenatti l’aura entendu en direct, et en
ressort visiblement très touchée.
Au milieu, Valérie Zenatti... |
Le vendredi soir, je n’assiste pas au « Concert dark-folk » de
Neil Halstead, déjà complet quand j’ai
voulu réserver. Je n’assiste pas non plus à la diffusion du Grand Sommeil d’Howard Hawks, que j’ai vu sur Arte il y a quelques mois à peine.
Le samedi matin, rendez-vous au théâtre de
Cognac, L’Avant-scène, pour une rencontre intitulée Londres, personnage
de roman ? et
la remise du Prix des lecteurs, en
présence de Rosie Dastgir (Une petite fortune), John Ironmonger (Le Génie des coïncidences), John
King (White trash) et John Lanchester (Chers voisins).
Évocation de Londres,
ville-monde, ville qui serait différente du reste de la Grande Bretagne mais
aussi de toute l’Europe, ville du grand mélange, dont les prix flambent pour
mieux éloigner les gens du centre, ce qui en même temps en élargi les
frontières…
Fin de la rencontre avec la
remise du Prix des lecteurs à John Ironmonger pour Le Génie des coïncidences.
Source : www.sudouest.fr |
L’après-midi, direction les chais Meukow
et le magnifique Espace Guyenne pour une rencontre intitulée POLAR : black is back ! en présence de Martyn Waites pour La Chambre
blanche et François Rivière pour
Le divin Chesterton.
Deux auteurs aux univers totalement opposés. Rivière, anglophile revendiqué, et Waites qui revendique, lui, plus volontiers une influence américaine. « Le grand écart » comme me le fera remarquer un célèbre blogueur, venu From the Avenue, que j’ai le plaisir de rencontrer pour la première fois.
Une interprète, Martyn Waites, Gérard Meudal et François Rivière |
Deux auteurs aux univers totalement opposés. Rivière, anglophile revendiqué, et Waites qui revendique, lui, plus volontiers une influence américaine. « Le grand écart » comme me le fera remarquer un célèbre blogueur, venu From the Avenue, que j’ai le plaisir de rencontrer pour la première fois.
J’y découvre un François Rivière passionnant que je
retrouve avec plaisir un peu plus tard pour échanger sur ses livres que j’ai
lus (Agatha Christie, La romance du crime et La rendez-vous de Seven Oaks), sur sa biographie de Chesterton
qu’il m’a donné envie de découvrir, sur Agatha
Christie, Truffaut et Hitchcock sur lequel il s’apprête à
écrire. J’attends ça avec impatience…
Et
croiser Valérie Zenatti dans les rues
de Cognac…
Puis retour à La Salamandre pour
un « café littéraire », intitulé Aimer Londres et l’écrire en présence de François Rivière, encore, et Stefan
Brijs pour Courrier des tanchées.
Ensuite, remise du Prix Jean Monnet à Christoph Ransmayr pour Atlas
d’un homme inquiet en présence de Gérard
de Cortanze, Président du Jury, dont j’ai retenu cette phrase de son
intervention :
« La culture est un rempart contre l’obscurantisme. »
L’entretien entre Christoph Ransmayr et Sophie Julien, qui parle d’Atlas d’un homme inquiet comme « d’un livre où l’on sent le cœur battre »,
est encore une fois un moment fort qui
donne vraiment envie de découvrir cet auteur, encore un !
« Être capable de regarder la nature peut
lui donner un sens... »
« Il n’y a rien d’autre que j’aimerai
faire que raconter… »
La rencontre se conclut par une
lecture d’Attaque aérienne, texte issu du livre de Ransmayr, par la comédienne Renata
Scant. Personnellement, je n’ai pas trouvé que sa voix se prête vraiment à
ce genre de lecture mais ce n’est là que mon avis…
A 20h30, direction l’auditorium de La
Salamandre pour la projection du film My
son the fanatic de Udayan Prasad,
présenté Rosie Dastgir, film dont je
vous reparlerai.
Et croiser Christoph Ransmayr dans les rues de Cognac…
Le dimanche,
pour rien au monde je n’aurai raté le café littéraire consacré à Manderley et les demeures anglaises : invitation au romanesque en présence de François Rivière, toujours, et de la
traductrice Anouk Neuhoff, qui a
justement retraduit Rebecca de Daphné du Maurier.
Évocation de Manderley for ever la biographie de Daphné du Maurier de Tatiana de Rosnay que j’ai dévoré et de
nombreux livres anglais dans lesquels les maisons, châteaux, ou manoirs ont un
rôle prépondérant. J’en repars avec une longue liste de livres à découvrir.
François Rivière est décidément un auteur qui gagne à être encore
davantage connu et quelqu’un que j’écouterai des heures en savourant une bonne
tasse de thé earl grey…
Vient ensuite le moment de
découvrir Graham Parker auquel Eric Naulleau vient de consacrer une
biographie intitulée Parkeromane. On
découvre un Naulleau, totalement fan,
débordant de faire partager sa passion pour le rockeur-auteur. La grande
complicité entre les deux hommes fait plaisir à voir. Le Rock et la plume…
Je profite de la croiser à la
sortie de l‘auditorium pour échanger quelques mots avec Anouk Neuhoff, de sa nouvelle
traduction de Rebecca, des livres dont
elle nous a parlé un peu avant. Je découvre une femme non seulement ravissante (sa
photo dans le programme ne lui rend vraiment pas justice !...), mais
surtout d’une grande humilité et d’une grande gentillesse.
Je n’assisterai pas à la
lecture-concert de clôture starring Graham Parker et Eric Naulleau. Le concert est complet. Il fallait semble-t-il
retenir les places mais comme ce n’était indiqué nulle part, il fallait sans
doute surtout le deviner !
Le hall de la Salamandre abritait une exposition de l'illustrateur Glenn Baxter. |
Quelques achats que je me suis fait dédicacer.... |
et bah dis donc, quel superbe compte-rendu ! "le passage du diable" : on m'en a dis que du bien, j'aimerais bien le lire aussi. je te conseille aussi "une petite fortune" de Rosie Datsgir qui est mon number one parmis les 6 romans sélectionnés ;-) j'étais bien content de te voir moi aussi, mais pour une prochaine fois on se prévoit un resto ;-) et sinon j'aurais vraiment aimé assister à la rencontre du dimanche matin avec la traductrice de Rebecca. moi qui avait acheté la version poche, je vais plutôt lire cette nouvelle traduction !!! et enfin, l'année prochaine, je retournerais normalement à cognac avec plaisir pour ce salon mais j'espère bien faire celui du polar en octobre !
RépondreSupprimerLe Passage du diable, ça fait des mois que j'ai envie de le lire, je le commence bientôt.
SupprimerJe prends note pour "Une petite fortune", on m'en a déjà dit du bien.
Bien que j'ai lu Rebecca, ancienne version, il y a peu de temps, j'ai très envie aussi de découvrir cette nouvelle traduction, surtout après en avoir parlé avec Anouk Neuhoff.
Je compte sur toi l'an prochain ! Je m'arrangerai pour ne pas bosser pour le festival Polar comme je le fais pour celui-ci.
Et pour le resto, c'est quand tu veux ! :)
ah j'oubliais : je viens de terminer le bouquin de françois rivière sur Patricia Highsmith : passionnant ! Sa vision de son oeuvre me fait voir les romans différemment (notamment la série des Ripley) et me donne envie de tous les lire ;-)
RépondreSupprimerMoi, je suis sur le point de terminer Le divin Chesterton et j'aime beaucoup sa façon de raconter donc je pense que je lirai celui sur Patricia Highsmith un de ces jours.
SupprimerJ'attends ton billet avec impatience !
J'ai gardé un très bon souvenir du Passage du diable, tu vas te régaler, bonne lecture.
RépondreSupprimerJ'y compte bien !
SupprimerJ’aurais adoré assister au café littéraire pour entendre Isabelle Autissier, ça a dû être passionnant! « Il faut arrêter de se voir en dehors ou au-dessus de la nature. » - bien d’accord avec elle…
RépondreSupprimerEt le café littéraire consacré à Manderley et les demeures anglaises, quelle chance d’y avoir été!
Anne Fine a écrit le roman qui a inspiré le film Mrs Doubfire, wow! J’imagine à quel point ça peut être décevant par contre quand l’adaptation en est éloignée…
POLAR : black is back, là tu as dû te régaler!!! J’ai hâte de lire ton billet sur Chesterton :D
Agatha Christie, Truffaut et Hitchcock, j’imagine que t’as des fourmillements dans tes cuisses de grenouille tellement t’as hâte!!!!! ^^
« La culture est un rempart contre l’obscurantisme. »
Une phrase qui prend un tout autre sens dans les événements des dernières semaines…
Super billet passionant!
Je suis certain que tu te serais régalée à assister à toutes ces rencontres.
SupprimerOui, plus que jamais, « La culture est un rempart contre l’obscurantisme. »
J'étais aussi sur un salon le week-end dernier et l'absence des scolaires a été préjudiciable. Quelques auteurs ont annulé mais dans l'ensemble une très grosse majorité a souhaité être présente et c'est tant mieux.
RépondreSupprimerOui, heureusement que la majorité des auteurs prévus tiennent leurs engagements.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce billet : tu fais vivre ce festival, j'ai presque l'impression d'y être :)
RépondreSupprimerJe reconnais qu'il est un peu long mais quand on aime, on ne compte pas...
SupprimerJe suis inquiet parce que je n'ai pas vu dans ton compte-rendu détaillé quel jour et à quelle heure était la dégustation de Cognac. Pas que la littérature anglaise ne m'intéresse pas, mais le cognac semble plus ma tasse de thé. Encore que j'aurais bien aimé assisté au cognac littéraire avec Isabelle Autissier. Et après la bouteille de Cognac, j'en aurais profiter soigner mes esgourdes avec Neil Halstead.
RépondreSupprimerEt puis après la réflexion du second cognac, il serait injuste de penser que la littérature londonienne n'est pas mon truc, puisque finalement j'ai adoré un roman de John King ! Allez pour la pinte et la peine, j'aurais bien pris un fish & chips en discutant de Chelsea.
Entre les vernissages et les dégustations, je suis certain que le Cognac a coulé à flots... Il faut venir l'an prochain !
SupprimerMerci de nous faire partager ce salon, ces rencontres, ces références, ces photos...
RépondreSupprimerOn voit que tu t'es régaler !
Pour les 1000 ans de Cognac il vont faire un truc énorme. Je sens que tu vas prendre des RTT pour y assister toute le journée :D
J'adore ce rendez-vous chaque année.
SupprimerL'an prochain, il faut juste que j'essaie d'avoir lu davantage de livres des auteurs présents...
Merci de ce compte-rendu! J'ai une amie qui habite Angoulème, je crois que je vais m'incruster chez elle l'année prochaine !
RépondreSupprimerPas mal d'auteurs que je ne connais pas...
Un des objectifs de ce salon, c'est aussi de mettre en avant des auteurs habituellement moins exposés. Si tu en as l'occasion, n'hésite pas à y faire un tour l'an prochain !
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