"Une
grenade, forcément, il n'est pas besoin d'en avoir déjà vu pour la reconnaitre,
il suffit d'avoir regardé des films de guerre à la télé. On sait tous qu'il y a
une goupille ronde sur le côté, qu'il faut tirer dessus, lancer la grenade le
plus loin possible et qu'elle explose au bout de quelques secondes. On sait que
son corps est quadrillé et que, lorsqu'elle explose, chaque petite parcelle de
métal se transforme en projectile. On sait que c'est une arme, fabriquée pour
tuer des gens, qu'elle est dangereuse, qu'elle peut faire souffrir, arracher
des membres, broyer des os, paralyser, transformer un être humain en purée, en
handicapé, en mutilé."
En partant explorer en douce un
vieux manoir abandonné, quatre amis vont vivre une expérience au-delà de leurs
espérances. Passé le frisson d’inquiétude lié à la découverte de ce lieu
délabré, mais aussi à l’inquiétude de se faire prendre, ils vont avoir la
surprise de tomber sur un vestige de la seconde guerre mondiale totalement
inattendu en ce lieu : une grenade !
Que faire d’un tel objet ? Après
moult hésitation et concertation, la sagesse l’emporte et on décide de la
laisser sur les lieux.
Le lendemain, tous se retrouvent au
collège, David le narrateur, Jordan qui a trouvé la grenade, Lalie, seule fille
du groupe et Norbert. Norbert qui a un regard étrange aujourd’hui. En quelques
secondes les amis comprennent ce qui est en train de se jouer. Norbert est
retourné seul au manoir, la grenade est dans son sac. L’angoisse est à son
comble.
Quand à la cantine, Norbert est
une nouvelle fois victime de brimades d’un groupe de quatrième, le drame est
imminent…
Avec La plus grande peur de ma vie, Éric
Pessan nous offre de la littérature ado intelligente, porteuse de
valeurs, fondatrice pour de jeunes
lecteurs, telle que l’amitié ou la cohésion dans l’épreuve. Sont également
omniprésents tout au long du roman, les risques liés aux armes à feu avec en
toile de fond le harcèlement en milieu scolaire.
Le héros David, dont la passion
secrète est l’écriture, est celui par lequel le récit arrive. J’ai aimé ses questionnements,
ses doutes et son authenticité. Je trouve aussi amusant les ponts crées par
l’auteur entre ses romans. Certains personnages de cette histoire ont des liens
avec ceux de ses précédents romans ados
Aussi loin que possible, lu avant celui-ci, et
Plus haut que les oiseaux, lu juste après.
Enfin, on s’amusera de la mise en
page parfois bousculée par les événements à l’image de la quatrième de
couverture dont l’aspect « éclatée » a failli me faire passer à côté
de ce roman. Une fois le livre refermé, je réalise qu’elle est finalement en totale
adéquation avec cette histoire que je vous conseille, évidemment !
"Je
sais que les armes ne sont jamais en paix, qu’elles peuvent à tout moment
mordre la main qui s’approche, mais parfois on oublie tout le savoir qu’on a
dans la tête, parfois on ne pense qu’à l’instant présent, parfois on veut juste
prendre une grenade dans sa main pour la soupeser, pour sentir le froid du
métal sous ses doigts, pour mieux voir comment elle est fabriquée, pour jouer,
pour faire comme dans les films, pour se donner l’illusion d’être un soldat
américain venu libérer la France de l’occupation allemande."
ISBN 978 2 211 23011 7
111 pages
2017
13,00€