L’Alaska, ses grands espaces, ses
montagnes, ses rivières. Une terre dont la beauté n’a d’égale que la rudesse. Une
terre où la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Naitre sur les terres d’Alaska,
c’est s’accrocher, pour survivre, ou mourir.
Et puis, il y a ses habitants. Ou
plutôt cette galerie de personnages que l’auteure choisit de nous dépeindre. Sur
plusieurs générations, une étonnante famille de pionniers, pêcheurs, chasseurs,
aussi rugueux que peuvent l’être certains coins de cette nature. Âpre, sauvage,
une nature qui se mérite. Comme se mérite cette lecture.
Comme l'hameçon qui se fiche
dans le doigt, on est accroché par l’écriture de Melinda Moustakis qui nous agrippe et ne nous lâche plus. Pas de
fioritures. C’est direct. C’est authentique. Souvent féroce. Ça sent la vie, la
vraie, dans toute sa brutalité et c’est ça qui est bon.
Alaska se compose d’un ensemble de textes oscillant entre le
billet, la chronique et la nouvelle. La nature, les hommes, leur quotidien, des
thèmes qui interagissent entre eux et d’où découle une telle unité qu’on a le
sentiment de lire un roman, une nouvelle forme de roman.
Du coup, de par sa structure, les
phrases défilent. Les pages se tournent à toute allure. On est pris par le
rythme de l’auteure. On avance dans la lecture à la même vitesse qu’on
descendrait les rapides de Kenai Canyon.
Une lecture au rythme de la nature. Pas toujours de tout repos.
"L'enfance, une partie de cache-cache. Ils ne lui demandaient jamais de
quoi elle se cachait. La vérité, c’est qu’il y a des grizzlys, il y a
des poings, des bouteilles et des ceintures. Il y a des choix : faire le
mort ou se cacher."
"Un homme et son fils sont dans une mauvaise passe. Ils dérivent sur la
Kénai à bord d'un raft. Aucun n'a envie de parler. L'homme a emmené son
fils dans l'espoir qu'ils trouvent enfin les mots. Ils ne trouvent ni
les mots ni les poissons."
"Quel est le son d'une rivière? Berges qui se dissolvent? Galets qui
disparaissent? La Kenai est une nuance de poussière. Sous les jupes de
l'île, les marées de la rivière se retirent, emportent les branches, les
bâtons et la boue qui tournaient dans les tourbillons. Des entrelacs de
clair bosselée et décomposée flottent en délicates gouttes visqueuses."
"Mais il réplique que la pêche est sa seule religion, que la rivière est une sorte de dieu - elle te noie comme une merde, que tu sois un aigle ou un putain de moustique, ça ne fait pas la moindre différence, rien n'est jamais fait à moitié."
"Dehors, la neige tombe en tourbillons paresseux, une poudre qui atténue tous les contours et atténue la cime des arbres."
Un grand merci aux Éditions Gallmeister pour ce dépaysant voyage !
ISBN 978 2 35178 080 0
210 pages
2011 / 2014
22,50€
Titre et couverture jouent à fond la carte David Vann... et on dirait que le contenu n'est pas moins féroce...
RépondreSupprimerMême éditeur, Gallmeister, mais bien moins noir que David Vann...
SupprimerTa critique est superbe, bravo manU ! Je prends note de ce livre qui a tout pour me plaire :-)
RépondreSupprimerMerci Potzi et bon voyage ! :)
SupprimerBrrr ! Malgré le froid, la survit, tu nous dépeins un très beau paysage, une très belle nature !
RépondreSupprimerJe pense comme Sandrine, en voyant la couverture j'ai pensé également à David Vann.
Un univers rude comme peut l'être cette nature...
SupprimerEt je le note de suite dans mon pense-bête.
RépondreSupprimerMoi aussi je veux boire un coup avec des truites arc-en-ciel, faire du rafting avec des grizzlis. A moins que cela soit l'inverse... et paresser nu sous une poudreuse tourbillonnante qui tombe du ciel.
Oui, je crois que je me sentirai bien dans cet Alaska-là, à chanter la complainte du phoque...
Ahh la complainte du phoque en Alaska... ;)
SupprimerJe suis moins attiré qu'avant par le nature writing mais je pourrais y revenir avec ce titre-là ;)
RépondreSupprimerJ'imagine que tout ne se vaut pas et qu'on peut être gagné par la lassitude mais là,on est dans le haut du panier je pense...
SupprimerCela me tente bien : j'aime ce genre de livres. Merci de me le faire connaître. Je le note sur ma liste.
RépondreSupprimerBon dimanche.
Une belle découverte et une auteure dont on entendra encore parler, j'en suis sûr !
SupprimerJe n'ai pas encore testé ce style de livre ... Ce titre pourrait me tenter !
RépondreSupprimerEt pourrait même peut-être te plaire !
SupprimerJ’ai envie de l’Alaska depuis toujours, je m’y vois souvent, les deux pieds dans la neige avec mon Kanuk et ma tuque, en pleine nuit noire à contempler les aurores boréales. La vie est faite de rêve! :-)
RépondreSupprimer« Une nature qui se mérite » et « qui sent la vie ». Comme c’est bien dit manU…!
Les extraits sont magnifiques, certains sont emplis de poésie...
"Quel est le son d'une rivière? Berges qui se dissolvent? Galets qui disparaissent? La Kenai est une nuance de poussière. Sous les jupes de l'île, les marées de la rivière se retirent…". Que c’est beau…
Un roman qui fait voyager, c’est le bonheur!
"en pleine nuit noire à contempler les aurores boréales."
SupprimerUn spectacle dont on doit se rappeler longtemps...
C'est inoubliable....... Soupirs......
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cette maison d'édition...
RépondreSupprimerJ'adore les éditions Gallmeister !
SupprimerGallmeister, c'est que du bonheur ! :)
Je rêve de le lire <3
RépondreSupprimerDépaysement garanti !!
SupprimerJe trouve que tu as trouvé parfaitement les mots pour décrire ce livre et spécialement la phrase : Comme l'hameçon qui se fiche dans le doigt, on est accroché par l’écriture de Melinda Moustakis qui nous agrippe et ne nous lâche plus.
RépondreSupprimerC’est exactement ce que j'ai ressenti !
Nos avis se rejoignent je trouve.
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