Quatrième de couverture:
Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui.
Cette fille, Annie Ernaux, refuse l'oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite "place au soleil". Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait: "Les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre."
Ce récit dépouillé possède une dimension universelle.
Prix Renaudot 1984
Mes impressions:
Dans La place, Annie Ernaux évoque la vie de son père, ouvrier devenu petit commerçant. Bien sûr, elle nous parle d'elle à travers lui, de cette vie qui lui a permis, de faire des études, de s'élever et de devenir enseignante puis femme de lettres. Ceci en dépit de son milieu d'origine dans lequel on est obsédé par le fait de devoir toujours tenir sa place comme on dirait tenir son rang. Être à sa place, savoir garder sa place, peur de ne pas être légitime et d'être remis à sa place, "Toujours parler avec précautions, peur indicibles du mot de travers, d'aussi mauvais effet que lâcher un pet". L'importance de la place et l'angoisse qui y est liée sont au coeur du récit.
Ce qui est le plus touchant pour moi, c'est la façon dont elle fait revivre cette catégorie de gens à travers toutes ces petites expressions du quotidien tantôt désuètes, tantôt décalées et c'est ça qui, au delà du côté personnel, en fait un livre plus universel. En effet, chaque fois qu'elle met l'accent sur ces expressions, en italique dans le texte, ce sont mes grand-parents, modestes eux aussi, et des gens de leur génération que j'entends. Et c'est en ça je pense que ce livre nous parle et nous touche.
C'est la mémoire d'une époque qu'Annie Ernaux dépeint à travers la vie de son père grâce à une écriture dont l'apparente simplicité donne encore plus d'intensité au récit. Une écriture simple au service de gens simples.
Folio 1722
ISBN 2070377229
(échangé via www.pochetroc.fr)
C'est une époque où l'ascenseur social existait si tu apprenais bien à l'école !!!
RépondreSupprimerÉpoque qui semble bien lointaine...
SupprimerJ’aime beaucoup cette auteure, le premier que j’ai lu d’elle était « L’événement », une toute petite nouvelle d’à peine 100 pages qui m’avait marquée. Elle y parle d’un avortement, le sien il me semble. De tous les sentiments qui en découlent, de la perte à l’acceptation. C’était vraiment touchant, le genre de livre à lire par contre quand on est en grande forme! C’est pas joyeux! mdr
RépondreSupprimerTu dis que l’angoisse est au centre du récit, dans « L’événement » ou d’autres encore c’est aussi le cas...
Super utile les liens vers les auteurs en bas de page de ton blog :-)
Un livre très fort.
SupprimerJe n'ai pas lu L'événement mais je sais qu'il parle effectivement de son propre avortement.
Il serait temps que je le sorte de ma PAL. Encore un...