samedi 31 octobre 2020

Le Juke-box du samedi - Ah que la vie est belle - Brigitte Fontaine

 


Aller et venir à sa guise. Sortir juste pour le plaisir. S’asseoir sur un banc sale pour regarder les passants. Échanger un sourire complice sans autre raison que celle de célébrer la vie. Se faire une toile pour oublier le gris des après-midi d’automne. Passer un moment convivial dans le va et vient d’un bar à vins. Savourer un bon repas dans un resto bondé. Parler à la cantonade, rire à gorge déployée, embrasser tout le monde. Se faufiler dans la foule de la ville qui fourmille. Slalomer entre des gens insouciants qui ne portent ni la peur ni le masque et chanter à tue-tête :

« Ah que la vie est belle
soudain elle éblouit
comme un battement d'ailes
d'oiseau de paradis
Ah que la vie est belle
quelquefois pour un rien
la divine immortelle
dans le mal et le bien »
 
Brigitte Fontaine, Ah que la vie est belle (1997)

lundi 26 octobre 2020

La Rivière en hiver - Rick Bass

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent.

« Sur l’étroite plage pierreuse, au bord de la rivière, des hommes et des femmes tenaient des lanternes. Quelques-uns s’aventuraient sur la glace, où leurs lampes jetaient des lueurs brouillées, tremblotantes. Près des lanternes et des petits feux allumés le long de la berge, les villageois se réduisaient à de sombres silhouettes et aucun n’était reconnaissable dans cette lumière vacillante. Cela rappela à Brandon un service funèbre : partout des bougies, partout des ténèbres, dans le Grand Nord. »  

La Rivière en hiver, c’est la vie au grand air, la rudesse des grands espaces américains et paradoxalement des instants du quotidien de gens dont la simplicité n’a d’égal que la proximité avec  cette nature omniprésente.

De ce recueil de huit nouvelles, celle qui m’a le plus touchée raconte le périple d’un père et de ses enfants partis en forêt dans la nuit hivernale chercher un sapin de Noël. Une sortie sous la neige bien mal préparée au risque de virer au désastre mais qui pourtant restera inoubliable. L’arbre bleu.

Une autre raconte une partie de chasse à l’élan. Élan. Une autre encore raconte la pêche d’un énorme poisson chat, les espoirs d’un gamin chargé de surveiller cette pêche miraculeuse, promesse d’une vie meilleure, et le souvenir perdurant bien des années plus tard. Histoire de poisson.

Dans celle qui donne son nom au recueil, il est aussi question d’un fils qui repêche la voiture de son père noyé au fond d’un lac gelé, réussite entre tristesse, émotion et satisfaction du devoir accompli. La Rivière en hiver.

Je vous laisse découvrir les suivantes devant bien admettre que j’y suis plutôt resté hermétique, totalement extérieur à ces histoires, peinant même parfois à poursuivre ma lecture. Question de moment peut-être…

Alors que j’avais adoré Winter, je pensais qu’il en serait de même pour ce recueil de nouvelles de Rick Bass mais ce ne fut pas totalement le cas. Une lecture en demi-teinte mais qui ne m’empêchera pas de poursuivre ma découverte de cet auteur. 

 


Merci à Babelio & Christian Bourgois Éditeur !

 
ISBN 978 2 267 03258 1
223 pages
2020
20,50€


samedi 24 octobre 2020

Le Juke-box du samedi - Maman est folle [William Sheller]


Tout en contradiction, tout en relief, tout en excès, ma mère est un personnage, ma mère est un poème, ma mère est une chanson :

« Maman est folle
On n’y peut rien
Mais c’qui nous console
C’est qu’elle nous aime bien »

Longtemps, j’ai chanté ce morceau à ma mère, parce que c’était moi, parce que c’était elle, parce que c’était vrai. J’aurai tant aimé en être l’auteur pour pouvoir lui offrir, sur une galette de vinyle de 45 tours. Ma mère a plus d’un tour dans son sac, tour de magie, tour de passe-passe. Tour à tour, mère poule et mère supérieure, il était parfois difficile de la suivre et j’ai pourtant suivi son exemple en bien des domaines.

Je ne me souviens pas avoir écouté cette chanson à sa sortie. Pourtant à cette époque, ma mère avait déjà bien des raisons de sombrer dans la folie…

William Sheller, Maman est folle (1983)

 

lundi 19 octobre 2020

Goliat - Mehdy Brunet


Des personnages isolés sur une plateforme pétrolière en pleine mer de Barents alors que les éléments se déchainent. Comme cadre douillet et chaleureux, on peut rêver mieux ! On s’attache rapidement au couple sympathique qui va s’y retrouver mais une série de morts violentes va vite venir ajouter à une ambiance déjà bien angoissante…

Goliat, nouveau roman de Medhy Brunet gagne en intensité dramatique ce qu’il perd en scènes de pure violence par rapports aux précédents. Mais pour les adeptes, rassurez-vous, il y en a encore quelques-unes, bien rudes, et les scènes d’action sont toujours au rendez-vous.

Comme les personnages sont pris dans la tourmente, le lecteur est pris par le rythme de l’intrigue, notamment sur le dernier tiers du livre qui nous happe et nous laisse littéralement KO !

 


ISBN 9782372580748
256 pages
2020
9,99€
(Livre reçu en service de presse)

 

samedi 17 octobre 2020

Le Juke-box du samedi - Nomi Song - Klaus Nomi

Quand il entre sur scène, on reste interdit. Quand il ouvre la bouche, on reste coi. Quoi qu’on en pense, Klaus Nomi est très charismatique : une voix fascinante, une esthétique affirmée, un univers assumé qui ne laissent personne indifférent. Ce chanteur allemand, bavarois de surcroit, fusionne la new wave eighties, la musique électro et l’opéra. Bon, c’est un peu le mariage de la carpe et du lapin mais au moins c’est détonant !

Klaus Nomi est une étoile filante dans la scène musicale, disparu en 1983, à l’âge de 39 ans. Klaus Nomi est l’une des premières célébrités victimes de la pandémie du SIDA, qui depuis, a fait plus de 40 millions de victimes dans le monde. Klaus Nomi est une chimère, un mirage, un o.v.n.i. !

Dans sa Bavière natale, n’aurait-il pas trop fréquenté la fête de la bière à Munich ? On peut se poser la question, surtout un certain Bison, amateur s’il en est de ce breuvage à base de houblon. D'ailleurs, je l'entends d'ici demander s'il ne faut pas avoir descendu quelques godets, que dis-je, quelques pintes, pour supporter ce morceau jusqu'au bout...

Klaus Nomi, Nomi Song (1982)

 

samedi 10 octobre 2020

Le Juke-box du samedi - Un Homme Heureux - William Sheller


Pendant des jours, des mois, des années, cette chanson est passée sur moi sans effet. Bombe à retardement. Bien trop longtemps, je me suis leurré et, un jour, mon château de cartes s’est effondré. Patatras. Alors, cette chanson eut sur moi le même effet que la bombe H sur Hiroshima. Boum.

« Quel que soit le temps que ça prenne
Quel que soit l'enjeu
Je veux être un homme heureux »

Longtemps, j’ai cru que le bonheur était réservé aux autres et puis je t’ai rencontré. Et chaque jour tu m’as prouvé que je pouvais y prétendre aussi. Qu’au grand bal, au grand banquet, je pouvais moi aussi être invité. Et depuis, chaque jour, nous nous envoyons un carton d’invitation et nous célébrons chaque instant passé ensemble comme un événement, comme le dernier.

A mon tour, je peux chanter que je suis Un Homme Heureux. Et qu’en est-il de toi ?

William Sheller, Un Homme heureux (1991)

 

samedi 3 octobre 2020

Le Juke-box du samedi - À la faveur de l'automne - Tété

 


Quand Verlaine, Apollinaire chantent l’automne c’est beau. Quand Tété chantent l’automne à son tour : c’est tout aussi beau. Tout simplement. On en oublierait presque que cette saison voit les feuilles s’envoler, l’horizon s’embrumer, les hommes s’enrhumer. On oublierait qu’on s’enfonce inexorablement dans les ténèbres de l’hiver. On oublierait que l’été vient de passer sans nous dire au revoir.

Quand les arbres brillent de mille feux, quand la rosée fait la grasse matinée, quand l’humus embaume la forêt, nous fêtons, ma grenouille et moi, notre rencontre en bordure du marais. Nous hibernons en espérant rouvrir les yeux aux premiers rayons du printemps. Côte à côte. Aux côtés l’un de l’autre.

Tété, À la faveur de l'automne (2003)

 

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