vendredi 30 octobre 2015

Des Mensonges dans nos têtes - Robin Talley



Nous sommes en Virginie, un état du Sud des États-Unis en 1959. La Cour Suprême a statué depuis plusieurs années, les écoles ont l’obligation légale d’accueillir des élèves noirs. Beaucoup feront de la résistance pendant plusieurs années. Le Lycée Jefferson va pour la première fois accueillir des élèves noirs dans ses murs. Une victoire qui a un goût amer pour les Blancs qui comptent bien la faire payer à ces Noirs dont ils ne veulent pas chez eux.

Le roman débute par l’arrivée de ces lycéens. Une arrivée sous les huées, les insultes, les crachats, la colère et la haine. Sans parler des enseignants dont certains ferment les yeux. Une violence qui saisit le lecteur à la gorge.

Elèves noirs et élèves blancs vont donc être obligés de se côtoyer pour le plus grand déplaisir de chacun. L’occasion pour l’auteur de nous remettre en mémoire tous les préjugés qui avaient cours à l’époque. Si Sarah Dunbar est issue d’une famille noire, ouverte et pour l’intégration, Linda Hairston porte en elle tous les préjugés monstrueux inculqués par son éducation dans une famille blanche du Sud par un père haineux, au racisme échevelé, révolté par tous ces changements. Mais elle va finir par oublier les mensonges, ouvrir les yeux et son attirance, réciproque, pour Sarah n’y est pas pour rien…

Dans le contexte explosif ambiant, cet amour, doublement interdit, s’annonce pour le moins compliqué si ce n’est impossible…

J’ai vraiment été happé par ce roman. Au-delà de l’histoire d’amour entre deux jeunes filles que tout oppose, mise en avant dans la quatrième de couverture, c’est vraiment une histoire forte et poignante que nous livre Robin Talley avec ce premier roman dont la force vient notamment de sa construction. En nous mettant tour à tour dans la peau de ses deux héroïnes, dans des récits à la première personne, l’auteure amplifie l’identification à ses personnages.

Avec Des Mensonges dans nos têtes, c’est tout un pan de la déségrégation américaine que Robin Talley fait défiler sous nos yeux.

Merci à Babelio et aux Éditions Mosaïc !

"Quand papa était petit, il vivait en Alabama avec sa famille. Pour Thanksgiving, l'année de ses six ans, les gens de la ville ont commencé à dire qu'un de ses cousins, un adulte, avait volé une dinde. Les Blancs qui sont allés le voir chez lui ce soir-là n'étaient pas des policiers. Il n’y a pas eu de poursuites judiciaires, pas d'enquête. Après ce jour là, le cousin de papa n'a plus jamais marché."
"- Souviens-toi, dit-elle. Quand c'est trop dur, pense au Seigneur. Aie la foi. Il veille sur nous.
Je hoche la tête. Elle a raison, bien sûr.
N'empêche, j'ai souvent l'impression que le Seigneur veille sur nous d'un peu trop loin."
"C'est la première personne de couleur que le fréquente. Je croyais qu'ils étaient tous les mêmes, comme ceux dont parle papa - les fainéants trop bêtes pour entrer dans notre lycée, les criminels que l'on doit tenir à distance des femmes blanches.
Je ne savais pas qu'il y avait d'autres genres de Noirs. Des gens comme elle.
A part la couleur de sa peau, je ne pense pas que Sarah soit vraiment différente de moi."
"- [...] Et en parlant d'avoir quelque chose dans le crâne, tu trouves que détester des gens simplement à cause de la couleur de leur peau est une preuve d'intelligence ?"
"Intelligents et ségrégationnistes, c'est possible ça ? Où est la logique ? Où a germé l'idée de séparer les gens en fonction de la couleur de leur peau ?"  


ISBN 978 2 2803 3867 7
384 pages
2015
13,90€

mardi 27 octobre 2015

Un anniversaire sous le signe de la grenouille mais pas que...



Le 13 octobre, c'était mon anniversaire et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai été très gâté ! 
Regardez plutôt...


Un Passeport québécois amusant et dépaysant... Vivement le vrai !


Un drôle d'appât de pêche en forme de...grenouille !!! Rahhh le maudit chenapan !!! ;)


L'herbier des fées qui m'a permis de découvrir enfin le talent de Benjamin Lacombe 
et le formidable Là où vont nos pères de Shaun Tan dont je vous ai déjà parlé...


 Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro...


 La Constellation du chien de Peter Heller et 
A propos de courage de Tim O'Brien chez Gallmeister pour mon plus grand bonheur....


Mãn de Kim Thuy dont j'ai adoré Ru,
Mon ami Dahmer de Derf Backderf que j'ai envie de lire depuis sa sortie
et un MAGNIFIQUE bentô que j'adore !

Et pour finir en beauté, venue "direct from Québec", ma cousine Pétronille ! ^^
 

Un énooOoorme merci 

à Nadine, Cristina, Camille, Tom Tom, Vince et au Bison des plaines...



vendredi 23 octobre 2015

A copier 100 fois - Antoine Dole




A copier 100 fois d’Antoine Dole est un petit livre de 56  pages qui se lit en moins de 30 minutes. 

A copier 100 fois d’Antoine Dole est un grand livre qui reste gravé en nous longtemps après sa lecture. 

A copier 100 fois d’Antoine Dole, c’est un gamin qui subit quotidiennement la violence de ses « camarades » à l’école simplement parce qu’il est « pédé ».

A copier 100 fois d’Antoine Dole, c’est un gamin qui entend son père scander comme un mantra comment il doit être. Et surtout « pas pédé ».

A copier 100 fois d’Antoine Dole, c’est l’histoire d’un gamin de treize ans qui aimerait simplement  que son père l’aime pour ce qu’il est. 

A copier 100 fois d’Antoine Dole est une lecture coup de poing dont on ressort le souffle court. 

A copier 100 fois d’Antoine Dole 

A copier 100 fois…


"Papa m'a dit cent fois : mon fils sera pas pédé, qu'il voulait pas de ça dans la famille, que ça n'arrivera pas. Papa, j'suis désolé. J'ai pas choisi, tu sais. J'ai essayé de changer, j'te jure, mais j'arrive pas, m'en veux pas. J'ai pas mérité qu'on me tape, pas mérité les claques. Non, papa, je mérite pas que tu me regardes comme ça, comme si je servais à rien, comme si j'étais pas ton fils, comme si tu regrettais."

"Pourquoi je peux pas te regarder en face et te dire que ouais, papa, ton fils est pédé, que c'est plus dur pour toi que pour moi, qu'on s'aime et que tout ira bien, comme dans les histoires que tu me racontais avant."

"Je veux que t'aies mal papa, je veux que tous les autres aient mal, et Vincent et Laurent et Julien, tous ces connards du bahut. J'veux plus me taire, j'peux plus me taire, parce que ça me tue, vraiment ça me tue. J'ai trop de bleus à l'intérieur."

"Nos regards se croisent, on n'échange pas un mot. J'ai l'impression que si je pleure, elle pleure aussi."

"J'ai l'impression que je pourrais raconter la même histoire tous les jours : à croire que je suis un caillou de plus dans les graviers de la cour, à qui on veut rappeler sans arrêt que sa place est par terre et pas chez les humains."

"Je regarde mon ventre, des bleus se perdent dans les vagues de chairs et d'os. Je peux retracer ma semaine de cours en suivant l'itinéraire des yeux : l'ecchymose sur mon avant-bras droit c'est lundi, quand Laurent m'a poussé contre la rambarde du grand escalier, la griffure sur mon flanc gauche c'est mardi, quand Vincent s'est pris pour un ninja avec la pointe de son compas pendant le cour d'arts plastiques, les bleus sur ma hanche droite et sur ma cuisse c'est mercredi, quand ils ont joué à celui qui arriverait à me mettre le plus de side-kicks en une journée, et ils ont trouvé ça tellement drôle qu'ils ont continué le jeudi."  

Les avis de Jérôme, Noukette, Stephie, Canel 
et Nad !

Mon billet sur Je reviens de mourir

ISBN 978 2 84865 501 7
56 pages
2013
6€

lundi 19 octobre 2015

Oradour-sur-Glane, Le drame heure par heure - Robert Hébras




« Ces lambeaux de murs déchiquetés, torturés, qui ne protègent plus personnes ; ces fils électriques qui ne servent plus à rien ; ces rails de tramway qui ne mènent nulle part ; ces enseignes de magasins fantômes, font d'Oradour-sur-Glane une ombre oppressante. Quel rapport y a-t-il entre ces vestiges de désolation et un bourg plein de vie ? Aucun sinon le résultat de la folie meurtrière de l'homme. » 

« La folie meurtrière de l’homme », c’est bien l’expression qui convient pour parler du massacre d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.

Afin de ne pas semer la panique, les SS annoncent aux villageois un simple contrôle d’identité. Tout le monde se rassemble sur la place principale du village, le Champ de foire. La plupart pense que tout va vite rentrer dans l’ordre et que chacun pourra vite reprendre ses activités. Mais les SS ont décidé de faire d’Oradour-sur-Glane un exemple.

642 personnes sont lâchement assassinées.

Femmes et enfants sont enfermés dans l’église du village pour y être gazés. Les hommes, eux, sont parqués dans des cours, des granges, pour y être mitraillés. Seuls une seule femme et cinq hommes vont en réchapper. 

Robert Hébras, auteur de ce petit livre, est un de ces survivants. Il a vécu ce drame de l’intérieur. Il nous fait le récit heure par heure de cette boucherie. La barbarie nazie dans toute son horreur. Le récit poignant d’un drame révoltant.

A lire pour ne jamais oublier…



Les Chemins de la Mémoire
ISBN 2 84702 005 5
36 pages
5€
 
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