mardi 28 mai 2019

Tangerine - Christine Mangan


"Je me dis que par bien des aspects, Tanger était une ville fantôme. Sauf qu'au lieu d'être morte, déserte et stérile, elle était vivante. Elle bouillonnait, le souvenir des grands esprits qui avaient arpenté ses ruelles, réfléchi, siroté du thé à la menthe et trouvé l'inspiration ici imprégnait chaque recoin de la ville. C'était un témoignage, et le tombeau de ceux qui y étaient venus."

C’est pour retrouver Alice que Lucy débarque à Tanger, en pleine mutation en cette année 1956. Les temps sont en train de changer, comme la relation entre les deux femmes qui semblent désormais ternie. La surprise ne semble pas du goût d’Alice. Après la stupeur, s’installe le trouble.

Alice apparaît aussi soumise et effacé que Lucy se montre forte et déterminée. L’affrontement entre Lucy et John, nouveau compagnon d’Alice s’annonce tendu. L’intérêt du lecteur est piqué au vif.

Quelles sont exactement les intentions de Lucy ? Quel est donc ce secret qui semble les unir non pour le meilleur mais surtout pour le pire ? Las, l’intérêt ne va pas aller croissant…

Si Christine Mangan excelle à mettre en scène Tanger, personnage à part entière de l’histoire, ainsi qu’à créer une ambiance inquiétante, c’est moins le cas du reste de son histoire.

Si comme les accroches le mentionnent, on pensera effectivement à Patricia Highsmith ou à Hitchcock dans les grandes lignes, le manque de rythme et de suspense dessert vraiment ce thriller en dépit d’un style pas déplaisant pour autant.

Un roman qui se révèle finalement classique et qui me fait penser à certains vieux films noirs des années 50, sympas mais un peu trop mous pour être vraiment passionnants. Dommage !

Merci à Babelio & Harper Collins !

L'avis de Nadège
& de La Livrophage
ISBN 979 1 0339 0227 0
317 pages
2019
20€

samedi 25 mai 2019

Le Juke-box du samedi : Nilda Fernández

Comme le mois dernier, je laisse la parole à Anthony pour vous parler musique.


Le 19 mai dernier, quelques médias annonçaient la mort de Nilda Fernandez. Cet auteur-compositeur-interprète s’en est allé suite à une insuffisance cardiaque. Il n’est pas parmi les plus médiatiques, ni parmi les plus prolifiques mais il a créé des morceaux parmi les plus beaux de la chanson française. Si, si !

Il a su chanter l’amour de manière simple, délicate, de manière différente dans des morceaux comme « Mes yeux dans ton regard », « Une croisière sur le Nil » et « Nos fiançailles »

C’est le lyrisme pur quand l’amour de l’autre et l’amour de la nature fusionnent : 

« A la mi-juillet
Quand on soupire aux portes
Quand le cœur nous emporte
Et qu'on a mal aux reins
Et qu'on se dit que rien
N'est aussi prestigieux
Que les sommets neigeux
Quand on se dit peut-être
Ce que l'on voudrait être
Juste au-dessus des règles
Quand on se dit qu'on peut être...
Un aigle »

Artiste visionnaire, Nilda Fernandez avait également saisi bien avant les autres la détresse de notre vieille planète bleue. Depuis lors, « rien n’a changé ». Presque trente ans après leur sortie, les chansons de l’Album « Nilda Fernandez » sonnent plus juste que jamais : 

« Faut qu’je t’invite à Venise
Avant que l’eau l’ait noyée
Avant que l’eau des banquises
Viennent couvrir le monde entier » 

Des chansons à réécouter tant qu’il y a de l’amour, tant qu’il y a des banquises, tant qu’il y a Venise ! 



 Nilda Fernández (1957-2019)

mercredi 22 mai 2019

Haut le cHoeur - Gaëlle Perrin-Guillet


"- Qu'est-ce qui vous faire rire comme ça, Doc ?
- Je vous imaginais sur ma table d'autopsie...
- Et ça vous fait rire ? s'étonna le flic, la cigarette collée aux lèvres, la flamme du briquet suspendue devant lui.
- J'avoue que oui. En fait, j'ai surtout imaginé vos poumons... bien noirs, bien charbonneux..."

Haut le cHœur, c’est la confrontation entre Éloane Frezet, une effroyable tueuse en série et Alix Flament, la journaliste qui l’a interviewé pendant plusieurs années. Elles se connaissent bien, peut-être trop bien. La première vient de s’évader de prison et la seconde a du souci à se faire...

Haut le cœur, c’est ce sentiment qui s’empare de vous à la lecture quand un « ragoût » pas comme les autres surgit au hasard d’une page. 

Haut le cHœur, c’est une interrogation qui ne m’a pas quitté pendant ma lecture : mais pourquoi ce H ? Quel rapport avec la musique ?

En plus de son intérêt pour la musique, elle sait mener la danse, Gaëlle Perrin-Guillet. Quand enfin, elle m’a éclairé, elle a pris le temps, elle sait ménager ses effets et possède un indéniable sens du suspense, comme le commissaire Bourrel en son temps, je me suis dit « Bon sang… mais c’est bien sûr ! ». Que n’y avais-je pensé plus tôt ! 

Haut le cHœur, comme une petite musique qui se meurt…



ISBN 9782372580526
244 pages
2019
9,99€
(Livre reçu en service de presse)

dimanche 19 mai 2019

L'Inconnue de l'équation - Xavier Massé

"Quelques secondes plus tard, elle entendit comme un bruit d'explosion. La pénombre qui régnait jusqu'à présent fit subitement place à un jaillissement de lumière.
Stoppée dans son élan, Mireille comprit avec horreur que la maison venait de s'enflammer."
 

Autant vous le dire tout de suite, commencer ce livre, c’est prendre le risque de ne plus pouvoir le lâcher !

Scène de crime ou accident ? Un couple carbonisé. Leur fils entre la vie et la mort. Seules survivantes, une flic arrivée sur place juste avant le drame et la grand-mère sous le choc. On le serait à moins.

Vient ensuite l’interrogatoire pour les deux femmes. Deux interrogatoires. Deux points de vue. Différents forcément.

Parallèlement, on découvre la vie de cette famille aux revers de fortunes, au pluriel et aux deux sens du terme, assez incroyables.

C’est avec ce roman de la dualité et de la deuxième chance, que j’ai littéralement dévoré, que je découvre l’écriture hyper rythmée de Xavier Massé.

Pour savoir quelle est L’inconnue de l’équation, laissez-vous prendre dans ses filets, vous ne le regretterez pas !

De mon côté, je compte bien lire son premier roman et j’attends le prochain avec impatience. Allez, au boulot !




Retrouvez une interview de l'auteur sur le site Collectif Polar !
 
ISBN 9782372580540
238 pages
2019
 9,99€
 (Livre reçu en service de presse)
 

lundi 13 mai 2019

Si près des étoiles - Kate Alcott


Traduit de l'anglais (États-Unis) par Danielle Momont

"Le bonheur, il faut lutter pour l'obtenir. Et dès lors que vous commencez à batailler pour quelque chose, eh bien, vous avez déjà remportez la victoire. Peu importe l'issue."

 Longtemps avant de lire le roman, c’est par son adaptation que j’ai découvert Autant en emporte le vent. J’ai d’abord aimé Scarlett, un beau personnage de femme déterminée qui n’hésite pas à se servir des hommes, sans se soucier du qu’en dira-t-on. Plus tard, je me suis passionné pour ce film, son tournage épique qui a contribué à sa légende dont documentaires et livres se sont largement faits l'écho.

Quand j’ai découvert que Kate Alcott avait décidé d’en faire le cadre de son dernier roman paru en France aux Éditions de L’Archipel, je me suis empressé de le découvrir.


Dans Si près des étoiles, on suit le parcours de Julie Crawford jeune femme débarquant de son Indiana natal à Hollywood dans l’espoir de devenir scénariste. La route va être semée d’embuches. Nous sommes à la fin des années 30, dans un univers masculin et machiste, où la place de la femme n’est envisagée que dans sa cuisine où dans une chambre à coucher…

Mais c’est sans compter la détermination de la jeune femme qui va entrer dans une équipe de scénaristes de la MGM et surtout devenir l’assistante de Carole Lombard, star maison et accessoirement amoureuse d’un certain Clark Gable. Ce dernier a été engagé pour le rôle de Rhett Butler dans la très attendue adaptation du roman de Margaret Mitchell. Le rôle ne lui plait pas du tout. Il a accepté de signer à l’unique condition que la MGM parvienne à convaincre sa femme d’accepter le  divorce et de le laisser enfin libre d’épouser celle qu’il aime, Carole Lombard.

Coups bas, magouilles et histoires d’amour, bienvenue à Hollywood !

Bon, ne vous laissez cependant pas rebuter par cette petite accroche un brin racoleuse, parce que contrairement à ce que sa couverture peut laisser penser, cette histoire est finalement bien moins « paillette » qu’il n’y parait et c’est tant mieux.

Le mélange entre personnages réels et fictifs est particulièrement réussi. Andy Weinstein, dont va s’éprendre Julia est le bras droit du producteur aux légendaires mémos David O. Selznic. Plus que le film d’un réalisateur, ils vont être plusieurs à se succéder, Autant en emporte le vent est devenu la chose de son producteur, Selznic !

Le contexte historique joue un rôle capital. Nous sommes en 1938/1939, les rumeurs de conflits en Europe grondent. L’antisémitisme est au cœur de cette histoire, tout comme le racisme dont furent taxés le roman et le film qu’il aurait été idiot de passer sous silence.

Enfin, l’émancipation féminine est sans doute ce qui le caractérise le plus. Julia mûrit au fil de l’histoire et va croiser plusieurs femmes qui sauront lui montrer la voie, à commencer par Carole Lombard, personnage sans doute le plus attachant du roman. On referme le livre en regrettant de ne pas la connaitre davantage et avec l’envie de redécouvrir ses films.

Très belle surprise, ce roman se révèle extrêmement documenté. Les amoureux du film y trouveront une foule de détails et d’anecdotes. Outre la légèreté liée au monde du cinéma et à ses stars, on découvre l’envers du décor, les professions de l’ombre et les enjeux souvent bien éloignés du septième art…


Un grand merci aux éditions L'Archipel !


 
ISBN 978 2 8098 2610 4
324 pages
2019
22€

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