lundi 29 février 2016

Histoire illustrée de l’horreur - Stephen Jones



Fans de cinéma et/ou de littérature d’horreur, ce livre est fait pour vous ! 

Histoire illustrée de l’horreur est une anthologie de Stephen Jones publiée au Pré aux clercs et dont l’avant-propos est signé de Neil Gaiman. Elle se compose de dix chapitres dont les titres, non dénués d’une certaine poésie morbide, déjà annoncent la couleur. Le sang, c’est l’âme, Quand les morts se réveillent, Et l’homme créa le monstre, Même un homme au cœur pur, Sur la terre et dans le ciel, On a tous des petits moments de folie, Halloween et ses horreurs, Les Grands anciens se réveillent, Ces bêtes qui nous veulent du mal et Surveillez le ciel… 

Dix chapitres qui successivement vont parler vampires, zombies, créatures et autres Frankenstein, loups-garous, fantômes, psychopathes, sorcières, Lovecraft, monstres préhistoriques et  enfin, extraterrestres.


Il y en a pour tous les goûts pour les fans d’horreur. Aucune sensation de fourre-tout cependant. Chaque chapitre est bien structuré, bien argumenté et étayé par des exemples précis d’illustrations en tout genre.

Parmi les illustrateurs les plus connus, de moi en tout cas, on compte Gustave Doré, Alan Lee, Bosh, Munch, Sickert, Méliès, H. R. Giger ou Clive Barker. Comme vous pouvez le constater, certains ne se sont pas limités à ce domaine.

Tableaux anciens ou très récents, affiches de films, couvertures de livres, de magazines, de pulp américains, chaque amateur y trouvera son compte.

C’est une mine d’infos dont on ressort avec l’envie de découvrir ou redécouvrir nombre de livres ou de films. J’ai pour ma part fait une incursion dans l‘univers de Lovecraft que je n’ai jamais lu et que je connaissais finalement bien mal. Me reste maintenant à le lire vraiment.

Pour couronner le tout, l’objet livre en lui-même est somptueux. Outre toute l’iconographie superbe, le livre de belle taille est protégé un magnifique coffret étui, comme pour signifier au lecteur imprudent que s’il ouvre ce livre, ce sera à ses risques et périls… 

Histoire illustrée de l’horreur, merveilleusement horrifique !!



ISBN 978 2 84228 571 5
256 pages
2015
49€

dimanche 28 février 2016

Vide-grenier du dimanche ou presque... (6)



Ou presque parce que c’était hier samedi et que ce n’était pas un vide-grenier mais un petit tour chez Emmaüs. J’y suis resté un peu moins d’une heure, en suis ressorti frigorifié mais ça en valait la peine.

Je suis d’abord tombé sur un livre superbe consacré à la carrière de l’hitchcockienne Grace Kelly, intitulé Grace Kelly, Princesse de l’écran de Serge Benhamou et Stanislas Choko aux Editions du Collectionneur. Iconographie magnifique, nombreuses reproduction d’affiches de films et de photos de tournage, tout ce que j’aime. Ensuite, ce fut Le Cinéma d’Hollywood de Philippe Paraire chez Bordas et un Woody Allen de Florence Colombani dans la Collection Grands Cinéastes, une publication Le Monde - Cahiers du cinéma.

Ma petite trouvaille, madeleine de Proust, est incontestablement Les Aventures de Pinocchio d’après le texte de Collodi qui est en fait l’adaptation du feuilleton télé réalisé par Luigi Comencini en 1972. J’ai regardé ça, quand j’étais tout gamin mais bien plus tard évidemment... J’avais oublié qu’il y avait au casting rien moins que Nino Manfredi dans le rôle de Geppetto, mais aussi Vittorio De Sica, Mario Adorf et Lionel Stander ! Je me rappelais essentiellement de la beauté troublante de Gina Lolobrigida, dans le rôle de la fée, et de ses cheveux, bleus pour l’occasion.

Enfin, je me suis trouvé cinq Agatha Christie, dans cette édition publiée au Masque dans les années 60/70, L’Homme au complet marron, Les Travaux d’Hercule, Rendez-vous à Bagdad, Le Club du mardi continue et Un meurtre sera commis le… J’adore leurs couvertures délicieusement désuètes et j’avais envie depuis longtemps d’en commencer la collection, c’est chose faite.

Pour le fun, je me suis aussi pris Mort sur le Nil pour sa couverture, une photo issue du film éponyme de John Guillermin avec Bette Davis, dont le duo avec Maggie Smith est particulièrement savoureux.

Mais ma pépite, c’est Agatha Christie, Duchesse de la mort, biographie signée François Rivière, auteur dont j’adore le style. J’ai hâte de la commencer, je sais déjà que je vais me régaler.

Plus tard, petit détour par la librairie indépendante MCL à Angoulême où je me suis trouvé d’occasion Mes Métamorphoses de Jean Marais aux éditions de la Martinière, là encore, iconographie superbe.



Enfin, petite pause gourmande au Phenix… Ne me dites pas que ça ne vous fait pas envie ? ^^

samedi 20 février 2016

TICS et TOCS des grands génies - Mason Currey


Traduit le l'anglais par Aline Weill

Je ne sais pas vous mais moi, chaque fois que j’ai la chance de rencontrer un auteur, je n’aime rien tant que savoir s’il a des rituels dans son travail, un endroit ou un moment de prédilection dans la journée pour travailler.

C’est justement toutes ces habitudes, ces manies, ces rituels, que nous fait découvrir Mason Currey dans Tics et tocs des grands génies récemment publié aux éditions Autrement.

Il ne se limite pas aux écrivains même s’ils y sont largement représentés. Il est aussi question de compositeurs, de musiciens, de cinéastes, de peintres, de sculpteurs, de physiciens, d’architectes ou de philosophes. Le classement est par ordre alphabétique, on peut donc y piocher au gré de ses envies. De Woody Allen à W.B. Yeats, c’est une mine d’informations étonnantes et de détails amusants. 

Ingmar Bergman qui aimait regarder Dallas, point commun avec Truffaut. Le compositeur Benjamin Britten qui prenait deux bains par jour, "un froid le matin et un chaud le soir". Benjamin Franklin lui, prenait "un bain d’air quotidien". Il est aussi question, au hasard, d’Agatha Christie, Stephen King, Freud, Hugo, Kant, Simenon, Van Gogh, Andy Warhol et bien d’autres…

Une des anecdotes que je préfère concerne James Joyce : "Une fois, alors qu'après deux jours de travail, il n'avait trouvé que deux phrases, quelqu'un lui demanda s'il avait cherché les mots justes. "Non, répondit-il. Les mots, je les ai déjà. Ce que je cherche, c'est leur ordre parfait dans mes phrases.""

Mon seul bémol concerne le titre qui, à mon avis, peut rebuter. Et la réaction de plusieurs personnes me voyant avec ce livre à la main a conforté cette impression. Les mots tics et tocs, peut-être trop connotés, semblent un peu effrayer. Personnellement, je trouve le titre original, Daily Rituals, bien meilleur.

Quoiqu’il en soit, une lecture vraiment passionnante que je vous recommande.


  
Merci aux éditions Autrement !

"Un jour, un jeune collègue lui demanda pourquoi il ne tenait pas son journal intime. "Il est déjà assez dur de vivre, répondit-il. Pourquoi noter toutes les souffrances ? Cela reviendrait à faire l'inventaire d'une chambre de torture.""
[A propos de Franz Liszt]  

"C'était un boulot foutrement dur, mec. J'ai l'impression d'avoir passé vingt mille ans dans des trains et dans des avions, et de m'être éclaté les joues [...]. Je n'ai jamais cherché à rien prouver, je voulais juste que mes shows soient bons. Ma vie, c'était ma musique. elle a toujours passé d'abord, mais la musique ne vaut rien si on ne peut pas la jouer en public."
Louis Armstrong


ISBN 978 2 7467 4226 0
286 pages
2015
16,90€

 

lundi 15 février 2016

Otages intimes - Jeanne Benameur



"Elle ne sait plus comment soudain elle a senti le poids de son fils.

Il s’est abattu comme un grand oiseau dans ses bras. Sans un mot. Juste un son rauque. Laisser enfin l’air passer.

C’est dans les veines, au secret des poitrines que les mots fous se disent. Rien ne passe les lèvres."

Otages intimes, c’est l’histoire d’Étienne, photographe de guerre. Au cours d’un reportage, il est pris en otage. Où ? Combien de temps ? L’intérêt est ailleurs. Le livre s’ouvre sur sa libération. Enfin.

Étienne se retrouve chez sa mère, dans la maison familiale, comme une matrice bienfaitrice. Là, il va essayer de retrouver un semblant de paix intérieur. Ses amis d’enfance, Enzo et Jofranca, ne seront pas de trop sur ce douloureux chemin. 

Otages intimes est un livre qu’on lit en prenant son temps. On lit une phrase. On la relit. On fait une pause. Pour en savourer chaque mot, pour en apprécier la moelle. Des  phrases courtes mais fortes.

Quand je pense à Jeanne Benameur, c’est un sourire bienveillant qui me vient. Une douceur. Mais aussi une gravité qui ne me semble jamais loin. Une langue qui touche à l’émotion. L’écriture de l’intime. 

A lire absolument !

***


"De retour dans l’avion, il serre sur ses genoux la vieille sacoche. Il a fermé les yeux. Il retrouve les bosses, le lisse et le rugueux du cuir. Il n’en revient pas. Tout est là. Dans ce contact. Il retrouve tout, d’un coup. C’est son appareil, c’est sa vie.

Il chasse loin l’image d’autres mains posées là où ses doigts se posent.

Il respire un peu plus large."



"L’homme qu’est son fils aujourd’hui a touché la mort, au fond de lui. Maintenant elle peut laisser tomber tous les masques qu’elle a portés pour rassurer. Il connait la seule vérité : le pouvoir des mères est dérisoire devant la mort."



"Son pas aura désormais cette fragilité de qui sait au plus profond du cœur qu’en donnant la vie à un être on l’a voué à la mort. Et plus rien pour se mettre à l’abri de cette connaissance que les jeunes mères éloignent instinctivement de leur sein. Parce qu’il y a dans le premier cri de chaque enfant deux promesses conjointes : je vis et je mourrai. Par ton corps je viens au monde et je le quitterai seul."



"Donne-moi ta part de mort, mon fils. Donne. Je suis vieille et forte. Moi j’emporterai tout ça sous mes ailes comme l’épervier de notre village."



"Cette première nuit dans la maison, il ressort seul dans le jardin. Il s’allonge sur l’herbe, essaie de refaire alliance avec la nuit d’ici. Une de ses mains s’enfonce dans la terre. Il est rentré il est à nouveau dans un monde où rien n’est hostile, où des gens, comme sa mère, consacrent du temps à faire pousser des plantes."



"Ici tout respire la paix des gestes quotidiens que rien n’entrave."



"Cette nuit, Étienne cesse de combattre.

Les mots qui sont là, en lui, sont simples. Ce sont les mots d’un homme qui sait qu’il n’est rien sans les autres, tous les autres. Alors vient l’étrange prière

Vous tous, du bout du monde et d’ici, vous tous qui m’avez fait ce que je suis, donnez-moi juste la force de continuer."



"Quand tu es « recueillie » tu n’habites jamais vraiment. Tu fais des tentatives, c’est tout. Moi je vis dans un espace intermédiaire. Entre recueillie et habiter, il y a un espace que je n’ai jamais franchi. C’est là que je vis."

Les avis de Jérôme et Noukette, forcément !

ISBN 978 2 330 05311 6
208 pages
2015

18.80€
 

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