samedi 30 mai 2020

Le Juke-box du samedi - (Shalala) Je n’t’aime plus [ Maujard et les télépathes ]



Philippe Maujard est un des nombreux musiciens de la scène rennaise. Dès le début des années 1980, la capitale bretonne génère une kyrielle d’artistes qui vont prendre une dimension nationale : Arnold Turboust, Niagara, Etienne Daho, Billy Ze Kick et les Gamins en folie… Parmi eux, on trouve le groupe Ubik dont le nom est inspiré d’un roman de Science-fiction de Philippe K. Dick dans lequel les hommes sont dotés des pouvoirs télépathiques, doivent composer avec les caprices d’objets autonomes et peuvent communiquer avec les morts…

Figure centrale du groupe Ubik, Philippe Maujard constitue aussi le groupe Maujard et les télépathes et sort un album intitulé « Mysteries of the solid grounds » dont est issu le titre « Shalala, je ne t’aime plus ». Il n’est pas parmi les plus connus, mais mérite d’être écouté pour son énergie, son univers très personnel, son mélange des genres, des langues et des influences… Le clip baroque de Jo Pinto Maia est un écrin pour cet artiste hors du commun qui ne laisse pas indifférent.

Dans ma vie, cet album est concomitant avec mon entrée à la fac, ma découverte de la liberté, et du monde de la culture, la possibilité enfin d’afficher ma singularité, mon originalité, ma différence ! A cette époque, j’étais en haut de la vague. Gonflé à bloc. La vie s’est chargée par la suite de m’envoyer quelques droites qui m’ont bien sonné. Mais grâce aux livres et à la musique, je me suis toujours relevé…

Maujard et les télépathes, Je n't'aime plus (1990)

 

samedi 23 mai 2020

Le Juke-box du samedi - J'ai des doutes [ Sara Mandiano ]




Un rythme entrainant, un inventaire à la Prévert et un refrain de chœur africain, Sara Mandiano nous offre là un opus hétéroclite qui a connu un certain succès en son temps. C’est une manière originale d’aborder un sujet universel qui peut aller jusqu’à ronger certains d’entre nous : le doute.

Ce titre a eu un écho particulier en moi dans la mesure où je n’ai pas une once de confiance en moi ! J’aurais cru que l’âge me permettrait d’accéder à la sérénité, à la raison, à la sagesse même. Mais il n’en est rien. Le seul point positif qu’on peut voir dans ce triste constat, c’est que j’ai conservé une jeunesse éternelle (d’esprit seulement !) 

« J'ai des doutes, cachée par les stores vénitiens
J'ai des doutes, j'm'envole avec tes plumes d'indien
J'ai des doutes, sur le gémissement des crevettes
J'ai des doutes, j'ai la conviction qu'elles nous guettent » 

Sa carrière de chanteuse ayant été brève, Sara Mandiano a écrit des textes pour les autres (les têtes raides), elle est devenue manager d’un grand studio d’enregistrement, et enfin patronne d’un hôtel sur la côte d’azur… J’irai bien faire trempette dans la grande bleue en écoutant gémir les crevettes !

Sara Mandiano, J'ai des doutes (1991)
 

jeudi 21 mai 2020

Azadah - Jacques Goldstyn

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Azadah est une petite fille pleine de vie, pleine de rêves, pleine de fougue, mais elle n’a pas de chance. Elle est née au mauvais endroit au mauvais moment, dans un Afghanistan sous le joug des talibans. Elle veut juste aller à l’école, lire des livres, regarder des films, aller au musée. Elle veut juste rencontrer des gens, parcourir le monde. Elle veut juste exercer un métier qui lui plait. Bref, elle veut tout ce qu’elle ne peut pas avoir dans son pays natal. Elle veut tout ce que les enfants du monde occidental délaissent au profit des écrans de leur iPhone. Mais cette petite fille est née sous une bonne étoile.

D’abord, son prénom signifie liberté en persan. Ensuite, son chemin va croiser une femme occidentale, libre, photographe qui lui a ouvert une fenêtre sur le monde ! Azadah voudrait tant partir avec elle !

J’avais déjà lu « Les Étoiles », plus récent, et j’ai reconnu dans « Azadah » cette même poésie, cette même espérance, cette même foi en la vie.

Merci Jacques Goldstyn pour ce petit instant de grâce !


Les avis de manU sur Azadah, Les Étoiles et L'Arbragan.
ISBN 978 2 923841 96 0
56 pages
2016
15€
 

samedi 16 mai 2020

Le Juke-box du samedi - Osez Joséphine [ Alain Bashung ]



« Osez, osez Joséphine
Osez, osez Joséphine
Plus rien ne s'oppose à la nuit
Rien ne justifie » 

J’ai lu quelque part, que cette chanson était un hymne à la femme, à la liberté, à la liberté de la femme. Alors, je me suis mis à écrire ce qui suit en écoutant le regretté Alain Bashung, parti trop tôt, sans doute « à l’arrière d’une berline ».

Pas question qu’elle s’ankylose, Il faut qu’elle ose sans appuyer sur pause. Il faut qu’elle ose presser sur le bouton, sur le bouton de rose. C’est comme cela que j’ose imaginer Joséphine. En bouquet de roses virtuelles.

Elle taquine, elle explose et ne craint pas les ecchymoses. Elle questionne, elle exige autre chose que de la prose. C’est comme ça que j’ose imaginer Joséphine. En virtuose de l’amour.

Joséphine est celle qui ose, celle qui s’affranchit. Jamais Joséphine ne se justifie quand elle s’exonère des règles et des articles du Dalloz.

Alain Bashung, Osez Jospéhine (1991) 
 

samedi 9 mai 2020

Le Juke-box du samedi - Les Matins de Paris [ Teki Latex & Lio ]



À Paris ou ailleurs, les matins ont du mal à se lever. Moi aussi. J’ai la gueule de bois. Le sol est jonché de cadavres de bouteilles et de mes amours d’un soir. J’ai oublié Wendy dans le Whisky, Nordine dans le Gin, Nikita dans la Vodka, Tom dans le Rhum. « Jour après jour, les amours mortes n’en finissent pas de mourir. »

Je bois pour oublier, je bois. Forcément, au bout d’un moment, les rues de Paris ou d’ailleurs sont envahies de ballons multicolores comme autant de souvenirs acidulés qui rebondissent dans les cases manquantes de mon cerveau retors. Et soudain, un silence assourdissant remplace les vrombissements de Paris. Il ne se passe plus rien, c’est le vide absolu ! Et cette chanson me sort du coma éthylique :

« Sur la table une bouteille de whisky
Me maintient éveillé dans mon lit
Le silence dans les rues de Paris
Me rappelle l'histoire de notre vie »
« Les matins de Paris
Me chuchotent en secret
Tendre mélodie
Je ne t'oublierai jamais »

Ce duo est l’alliance parfaite de l’acide et du sucré, du velours et du rugueux. « Les matins de Paris », c’est le pari d’une nouvelle vie sans amertume et sans regret…


Teki Latex & Lio, Les Matins de Paris (2007)

mardi 5 mai 2020

Azadah - Jacques Goldstyn



« - Quand Tu seras grande, tu pourras faire une demande et partir. Commence par aller à l’école.
- L’école ?! Mais tu sais bien qu’elle est détruite ! »

Chaque album de Jacques Goldstyn est une petite merveille, Azadah ne fait pas exception !

Quand elle apprend qu’Anja, son amie photographe, va quitter l’Afghanistan, Azadah la supplie de l’emmener avec elle. Mais Anja tente de lui faire comprendre qu’elle ne peut pas faire ça. Azadah doit d’abord étudier, lire, s’ouvrir à la culture et au monde. Et un jour, armée d’un bon métier, elle pourra elle aussi s’en aller. Mais comment y parvenir dans un pays ravagé par les conflits ?

En souvenir, Anja lui laisse son sac à dos rempli de tout son barda de photographe de guerre, histoire peut-être de lui donner l’élan pour un futur départ vers d'autres ailleurs. 

Azadah, c’est un peu une lumière dans la noirceur pour toutes les petites filles du monde qui n’ont pas la chance de grandir dans un pays en paix et surtout un très bel hommage à la photographe Anja Niedringhaus bien trop tôt disparue.

Sensibilité du sujet, délicatesse du trait, Jacques Goldstyn frappe fort et mon cœur fait BOUM !



Prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal 2017
Prix du Gouverneur Général 2017 - Catégorie Littérature jeunesse - Livres illustrés


Merci à Nad pour le cadeau 
et à Jacques Goldstyn pour la dédicace !
 
ISBN 978 2 923841 96 0
56 pages
2016
15€

samedi 2 mai 2020

Le Juke-box du samedi - La Boxeuse Amoureuse [ Arthur H ]


 
En France, certaines femmes sont humiliées, frappées, mutilées, meurent sous les coups de leur conjoint. Je ne croyais pas cela possible. Pour évoquer l’indicible, il y a le décompte des féminicides, il y a les slogans, il y a la chanson : « La Boxeuse Amoureuse ». Cette chanson d’Arthur H est élégante, délicate, raffinée sur un sujet si grave ! Je ne croyais pas cela possible. Que le même Arthur H chante aussi haut, je ne croyais pas cela possible non plus. Et pourtant… Comme les alchimistes transforment le plomb en or, Arthur H transforme la fange en œuvre d’art.

Le clip réalisé par Léonore Mercier met en scène la danseuse Marie-Agnès Gillot et l’acteur Roschdy Zem dans une chorégraphie qui fait battre… les cœurs ! Et n’essayez pas d’esquiver, vous passeriez à côté d’une pépite !

"Elle esquive les coups
La boxeuse amoureuse
Elle absorbe tout
La boxeuse amoureuse
Boum-boum, les uppercuts
Percutent son visage
Mais jamais elle ne cesse
De danser, de danse"


Arthur H, La Boxeuse Amoureuse (2017)
 

vendredi 1 mai 2020

Mission Hygge - Caroline Franc


« Parfois, les liens de parenté se fichent pas mal de la génétique. » 

Chloé est une journaliste de terrain. C’est dans les pires endroits du monde, terres de conflits qu’elle s’épanouit. La guerre, le terrorisme, elle connait, elle gère, c’est son quotidien. Par contre, au niveau rapports humains, c’est plus compliqué. Insupportable et colérique, elle fait régner la terreur dans sa rédaction au point que son employeur, ulcéré, décide d’employer les grands moyens.

Ni une ni deux, il l’expédie au Danemark, plus précisément à Gilleleje, « petit village où les gens sont les plus heureux au monde ». Sous une couverture de barmaid, elle va devoir enquêter sur le phénomène du « hygge » tout en espérant que la magie du lieu rejaillisse un peu sur elle.

La jeune journaliste, bien décidée à s’échapper de ce plan galère au plus vite, va vite voir ses certitudes s’effriter. Sur place, elle découvre intérieurs douillets, fauteuils confortables, plaids tout doux, guirlandes lumineuses et des gens chaleureux qui vous accueillent à bras ouverts tout en vous offrant des mugs d’excellent café accompagnés de succulents roulés à la cannelle. Mais surtout, elle découvre la bienveillance naturelle des Danois…

Un roman « feel good » tendre et léger sans jamais être niais qui bien au-delà de l’aspect lié à la seule décoration fait réfléchir sur notre aptitude à tous à cultiver notre bonheur. Un moment de lecture réconfortant et donc bienvenu en ce premier jour du mois de mai. 

Bon 1er mai à toutes & à tous !


https://leschroniquesculturelles.com/

L'avis de L'Irrégulière qui m'a donné envie de lire ce livre.

ISBN 9782412037331
240 pages
2018
14,95€
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