samedi 29 février 2020

Le Juke-box du samedi - Ma Maison - La Ville [ Oui Oui ]




Oui Oui ? Pour certains c’est le joyeux lutin qui roule en voiture jaune et rouge au pays des jouets. Pour d’autres, Oui ! Oui ! C’est l’intégralité du script d’un film pour adultes. Et pour « the happy few », Oui Oui, c’est un groupe de gars qui arborent des postiches de coupes afros, surfent sur une vague gluante de gomme à mâcher, chante sans vraiment se prendre au sérieux. Oui-oui, c’est un groupe pop-rock composé de quatre amis de lycée : Étienne Charry, Gilles Chapat, Nicolas Dufournet et Michel Gondry. Ça ne vous dit rien ?

Les clips de « Ma Maison » et « La Ville » ont permis à Michel Gondry de lancer sa carrière de réalisateur. On y voit déjà sa signature. J’aime bien ces œuvres de jeunesse, pour leur fraicheur et leur acidité. J’aime bien cet univers décalé qui montre toute l’absurdité de l’existence humaine. J’aime bien ces messages pleins d’humour et de nonchalance. Oui, Oui, j’aime bien ça ! 

"Je me suis levé ce matin,
En regardant par la fenêtre, j'ai vu noyée sous le soleil
La ville
Les chaussures laissent des traces dans le bitume
Par cette chaleur y'a plein d'gens qui fondent
Plein d'gens qui fondent leur petite famille
La ville" 

Oui Oui, Ma Maison (1990), La Ville (1992)

mardi 25 février 2020

Sur ses traces - Thierry Clech


« Je me souviens de la première fois où j’ai vu Vertigo, dans un cinéma du quartier de la gare. Ce devait au début des années 1980. Quel âge avais-je ? Peut-être vingt ans. Peut-être moins. Je ne parviens plus à m’en souvenir précisément. » 

Dans une ville dont le nom n’est pas cité, un homme se réveille après s’être endormi devant son film préféré. Quand il réalise que sa compagne a disparu, Il est à son tour pris de Sueurs froides, titre de ce film d’Hitchcock qu’il visionnait avant de se laisser emporter dans les limbes du sommeil.

Comment a-t-il pu s’endormir ainsi devant ce film qu’il idolâtre pourtant, jusqu’à l’obsession diraient certains, et comment Constance a-t-elle pu disparaître sans laisser la moindre trace ? Un vertige le saisit…

S’en suit alors une déambulation dans la ville sans nom. La neige a tout recouvert de son épais manteau blanc créant ainsi une atmosphère ouatée atténuant bruits et sensations. Comme avançant à demi chancelant dans un long tunnel blanc feutré, le narrateur part à la recherche de Constance.

Tout au long de sa quête, entre suppositions et crainte, des réminiscences de son existence se mêlent aux images du film, à la poursuite éperdue de Scottie, le héros de Vertigo, pour lui aussi retrouver sa chère disparue.

Les silhouettes de Scottie et Madeleine, James Stewart et Kim Novak, hantent notre lecture. Ils nous apparaissent nimbés dans le halo lumineux verdâtre de l’enseigne de l’hôtel Empire à San Francisco ou peut-être est-ce simplement l’enseigne de la pharmacie jouxtant l’appartement du narrateur. 

Sur ses traces, Thierry Clech nous propose un texte aux accents cinématographiques vertigineux, poétique et troublant, l’errance d’un homme ayant peut-être La Mort aux trousses




Le billet de Yann qui m'a donné envie de lire ce livre sur le blog Aire(s) Libre(s) !

ISBN 979 10 96535 25 5
120 pages
2019
12€
 

samedi 22 février 2020

Le Juke-box du samedi - Petite fille qui ne voulait pas grandir [ Teki Latex & Philippe Katerine ]



A l’instar de Serge Gainsbourg avec ses « sucettes à l’anis », Julien Pradeyrol, écrit là un texte ambigu, équivoque, amphigourique. La « Petite fille qui ne voulait pas grandir » est une Lolita (de 28 ans, je précise) qui jongle avec les boules de vanille, manie les boules de myrtille avec une dextérité sans pareil. Pour elle qui joint l’utile à l’agréable, c’est une manie, un genre de boulimie.

Moitié toqué, moitié latex, ce duo improbable composé de l’inclassable Teki Latex et l’inénarrable Philippe Katerine nous convertit aux plaisirs interdits : qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ; qu’importe le parfum, pourvu qu’on lèche des boules : vanille ou myrtille ?

"Petite fille qui ne veut pas grandir 
Tu décores ta vie de petites fleurs 
Ta poésie me fait parfois rire 
Malgré toi, oui mais c’est de bon cœur 
Étoiles et paillettes dans les cheveux 
Tu es fière mais je t’ai vu rougir 
Au bureau ça ne fait pas trop sérieux 
Petite fille qui ne veut pas grandir 
Tu suces ton pouce et c’est excitant 
Tu offres aux hommes un plaisir sans risque 
Petite lolita de 28 ans"

Teki Latex, Philippe Katerine, Petite fille qui ne voulait pas grandir (2007)
 

mercredi 19 février 2020

La Cave aux poupées - Magali Collet


« Comme à chaque fois qu’il dépassait les bornes, il s’occupa de moi. Sans tendresse, sans amour, comme on soigne un animal qui nous est utile. » 

Non, Manon n’est vraiment pas une fille comme les autres.

Depuis toujours, elle vit coupée du monde, dans une maison isolée, seule avec son père, « Le Père ». Seule ? Pas tout à fait…

Son unique lien avec le monde extérieur lui vient de la télévision. Mais la vie des gens qui la fait rêver dans le poste n’a pas grand-chose à voir avec sa propre existence. De plus, dans la cave de la maison, dans une cellule comparable à celles d’une prison, une adolescente est retenue prisonnière, séquestrée, violentée et régulièrement violée par « Le Père ». 

Manon n’a jamais connu autre chose que ce semblant de vie-là, dans l’antre d’un monstre. Un monstre engendre-t-il forcément un monstre ?...


Waow ! Juste Waow. Voilà ce que je me suis dit en refermant ce livre. Sans courses poursuites ni rebondissements à chaque page, Magali Collet construit un redoutable thriller psychologique impossible à lâcher, un thriller d’une brillante noirceur !

Une histoire terrible qui fait froid dans le dos, servie par des personnages crédibles et surtout par une langue qui sonne juste, un ton qui sent le parler vrai. En immersion avec les personnages, on est abasourdi par l’abjection du « Père » qui nous laisse sur le carreau presque sonné par une telle inhumanité. 

Magali Collet vous invite à faire un aller-retour en enfer dans La Cave aux poupées, il serait vraiment dommage de passer votre tour…



Sortie le 19 mars 2020


ISBN 9782372580663
224 pages
2020
9,99€
(Livre reçu en service de presse)

samedi 15 février 2020

Le Juke-box du samedi - Comme un boomerang [ Etienne Daho & Dani ]



Composée par l’immense Serge Gainsbourg pour Dani, cette chanson aurait dû représenter la France à l’Eurovision 1975. Mais la censure de l’époque est sans appel : il faut retoquer les paroles, édulcorer le propos ! Face à la courte vue des censeurs, le compositeur et l’interprète sont sur la même longueur d’onde : c’est non ! Pas de compromission ! Pas d’Eurovision !

Comme un boomerang, la chanson revient à l’aube du 21ème siècle, grâce à Etienne Daho. En 2001, il enregistre ce duo avec Dani ! Il ose ! Virtuose ! Symbiose ! C’est un carton plein pour le public et un carton rouge pour la censure ! J’aime l’idée que les boomerangs reviennent claquer le beignet des censeurs et se plantent dans la raie des « culs bénis » !

« J'ai sur le bout de la langue 
Ton prénom presque effacé 
Tordu comme un boomerang 
Mon esprit l'a rejeté 
De ma mémoire, car la bringue 
Et ton amour m'ont épuisé »


Etienne Daho & Dani, Comme un boomerang (2001)

lundi 10 février 2020

La Machine à brouillard - Tito Desforges


"« La machine à brouillard ».
C’est le nom que j’ai trouvé pour évoquer ma maladie devant Louise. Une expression qui la fait sourire. Un peu. Pas beaucoup. Mais sourire quand même.
Sourire de son sourire de Louise, avec ses quenottes blanches comme un éventail de précieuses nacres.
La fait sourire de son sourire avec la fossette qui se creuse alors au coin gauche de ses lèvres, héritage de… de…
Sa mère.
Pourquoi diable n’arrivé-je jamais à me souvenir du nom de sa mère ?
De son sourire de Louise, mon enfant, mon joyau, avec les trois cent mille soleils qu’il fait danser au fond de ses yeux noirs.
« La machine à brouillard »…
Un plus joli nom, en tout cas, que « dégénérescence mentale », ou « sénilité précoce », ou bien « Alzheimer », ou n’importe quelle autre appellation."

Accompagné de sa fille Louise, Mac Murphy s’arrête dans un bouge paumé au cœur du bush australien. La chaleur est suffocante, une pause désaltérante est la bienvenue. Mais les habitants de Grosvenore-Mine ne semblent pas particulièrement réputés pour leur sens de l’hospitalité. Au point qu’après une prise de contact pour le moins tendue, la fille de Mc Murphy disparaît.

Dès lors, l’ex soldat d’élite n’aura plus qu’une obsession : retrouver sa fille. Une détermination à en perdre la raison… 


Tito Desforges nous trimballe presque contre notre gré dans les méandres de la psyché de son héros. Saurons-nous discerner la part de réalité, de faux semblant, de délire et de folie ? Rien n’est moins sûr !

Son écriture aussi immersive que perturbante nous embrouille souvent, nous perd parfois mais nous accroche pourtant. De lecteurs passifs, il fait de nous des victimes consentantes mais perturbés à l’idée de finalement perdre pied.

Une lecture éprouvante, une plongée au cœur de la folie, une immersion en apnée dans La Machine à brouillard



 Sortie le 13 février 2020  


L'avis d'un Bison parce que même en plein bush, il est question d'alcool...
 
Taurnada
ISBN 9782372580687
224 pages
2020
9,99€
(Livre reçu en service de presse)
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