lundi 28 septembre 2020

La Peine du bourreau - Estelle Tharreau


"La mort, on s'habitue à la voir, mais pour la souffrance, c'est plus long. Je ne sais même pas si c'est possible."

De romans en romans, depuis maintenant 4 ans, Estelle Tharreau ne cesse de me surprendre. Voilà que le cinquième se profile. Chaque fois, je découvre ses romans avec une petite appréhension, celle de la déception, comme on craint parfois d’être déçu par les gens qu’on aime. Mais une fois encore, j’ai été bluffé !

À travers les souvenirs d’un bourreau ayant officié pendant plus de 40 ans dans le couloir de la mort au Texas, cette histoire prenante et documentée invite à la réflexion sur la peine capitale, le système carcéral et sur les dérives d’un système.

Le thème est fort. Le ton se fait plus grave, plus glaçant, plus noir encore que dans les romans précédents.

L’écriture s’en ressent, de plus en plus ciselée, parfois jusqu’à l’épure, avec un indéniable sens de la formule et du mot juste. Ce qui m’a rappelé la façon dont l’auteure peaufine ses nouvelles. Nouvelles d’anticipation dont je n’ai jamais parlé ici mais que je vous conseille de lire. Elles sont en accès libre sur le site des éditions Taurnada.  

Après la noirceur vertigineuse de Mon Ombre Assassine, on pouvait redouter la facilité de la redite mais il n’en est rien. Avec La peine du bourreau, Estelle Tharreau nous offre un compte à rebours mortel, un roman dans la veine des romans noirs américains.

 

Sortie le 1er octobre 2020

 

"Le Texas d'Ed était celui des grandes forêts et des lacs, celui qui se frottait tout contre la Louisiane et appartenait aux États fiers d'incarner le vieux Sud. Un endroit où chacun avait sa place et devait la tenir, Blancs comme Noirs, où chacun était élevé pour servir sa famille et sa patrie dans les commandements du Seigneur, où la mort était un acte nécessaire pour survivre et pour suivre cette ligne morale."

"Ed se surprit à penser que si le Mal n’était peut-être pas inscrit dans les gènes des Noirs, la peur et la méfiance envers le Blanc l’étaient devenues."

"Les yeux du vieux bourreau se refermèrent. De telles souffrances, il en avait vu défiler des années durant à tel point qu’il lui semblait que sa propre vie s’était réduite à cela : être spectateur et parfois acteur de sa douleur. Tout comme les condamnés, lui non plus ne ressortirait pas meilleur de ces années passées dans le couloir de la mort bien qu’il ait été de l’autre côté des barreaux. À l’aube de sa carrière, il en partirait plus pessimiste, plus convaincu de la nature putride de l’Homme."

"Ce qui est juste et la justice sont deux choses très différentes."

"Il repensait à la vie de McCoy et comprenait pourquoi personne n’aimait les bourreaux. Ils étaient telle une mauvaise conscience qui vous renvoie à vos propres erreurs. Une ombre qui vous poursuit, qu’on préférerait ignorer, qu’on déteste. La mauvaise conscience d’une société qui engendre des monstres, mais qui n’est pas prête à payer le prix pour l’éviter, pour que les choses changent." 

 

Festival Polar Cognac 2019

  

ISBN 9782372580786
256 pages
2020
9,99€
(Livre reçu en service de presse)
 

samedi 26 septembre 2020

Le Juke-box du samedi - Der Kommissar - Falco

 

 

Johann Hölzel, de son nom de scène Falco, est un artiste autrichien qui a relevé deux défis. D’une part, il est considéré comme le premier rappeur blanc. D’autre part, il est le premier chanteur en langue allemande à se hisser à la première place du billboard américain avec son titre « Rock me Amadeus » en 1986.

« Der Kommissar » est son premier succès international qui a peut-être marqué votre esprit. Pour ma part, les premières notes me replongent à la fin de mon enfance, plus exactement dans les « années collège ». Ce morceau est passé à la radio pendant toute la décennie 1980 pour notre plus grand plaisir, ou pas !

Malheureusement, Falco nous a quitté en 1998, la faute à un accident de la route. Il avait 40 ans mais il est toujours vivant dans nos souvenirs adolescents…

 

"Drah' di net um, oh oh oh
Schau, schau, der Kommissar geht um, oh oh oh
Er wird di anschauen
Und du weißt…"

 

 Falco, Der Kommissar (1982)

 

samedi 19 septembre 2020

Le Juke-box du samedi - More than meets the eye - Yodelice

 


Mes années collège ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourtant, en cours d’anglais, je me souviens avoir gouté avec délectation les expressions anglaises. « More than meets the eye » en est une qui signifie « Bien plus qu’il n’y parait ». C’est le titre de ce morceau de Yodelice. Maxime Nucci a vécu en Angleterre, les subtilités de la langue de Shakespeare n’ont donc plus de secret pour lui.

« More than meets the eyes » est un morceau pêchu, entre Rock et Pop qui se laisse écouter. Maxime Nucci, est un auteur-compositeur-interprète qui se laisse regarder : Dame Nature l’a particulièrement gâté. Quant au clip, on ne peut pas passer à côté du clin d’œil au film de Stanley Kubrick « Orange Mécanique ». Le tout forme un univers intéressant.

Comme dirait un habitant de Gilead : « Sous son œil » !

 

Yodelice, More than meets the eye (2010) 

 

samedi 12 septembre 2020

Le Juke-box du samedi - Le Large [Françoise Hardy]


C’est tout le talent de Françoise Hardy que de nous dire avec des mots simples des choses profondes. C’est avec une humilité sans pareille que Françoise Hardy envisage, déjà, de prendre « le large ». J’espère qu’elle prendra le temps d’admirer le paysage. J’espère qu’elle a le pied marin pour accomplir ce voyage. Par-delà l’horizon, par-delà les embruns, je lui souhaite le meilleur accostage !

Françoise Hardy va laisser derrière elle un incroyable héritage dont nous sommes tous un peu les légataires. Cette chanson est plus qu’un adieu, c’est un testament. En toute sérénité, en virtuose des mots, cette grande dame de la chanson nous fait ses adieux. C’est elle qui prend le large mais c’est moi qui ai des frissons !

Françoise Hardy, Le Large (2018)

 

samedi 5 septembre 2020

Le Juke-box du samedi - Battez vous [Brigitte]

 


Brigitte, c’est l’instant douceur, l’onde sensuelle, la langueur assumée. Brigitte, c’est à la fois la femme fragile qui cherche un protecteur et la sirène maléfique fourvoyant les marins. Même si Brigitte, est un duo 100% féminin, n’est-elle pas un peu rétro, un peu rétrograde ? Brigitte fait-elle fi des avancées de la cause des femmes ? Brigitte cherche-t-elle à provoquer les féministes, les chiennes de garde, les Femens ? Donne-t-elle simplement dans le second degré ? Je n’en sais foutre rien mais, personnellement, je me délecte de leur voix de velours, de leur mélodie lancinante, de leur cri de louve affamée :

« Je rêve d'un king, de kidnapping
De quitter mon pauvre living
Je veux du swing et des bling-bling
Et que le meilleur gagne sur le ring »

Je sais bien que derrière Brigitte se cachent Aurélie et Sylvie. Même si leur chant me trouble, j’ai bien vu qu’elles étaient deux… Même si j’ai cru un moment que c’était sous l’effet de l’ivresse. Je crois bien que derrière Brigitte se cache une Emma Bovary des temps modernes… Sans sourciller, je réponds à leur injonction : quelque soit leur nom, je me battrai pour elles !

Brigitte, Battez vous (2010)

 

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