mercredi 27 février 2013

Je vais passer pour un vieux con - Philippe Delerm


Lu par Pierre Arditi


Quatrième de couverture:

"Dans la liste des précautions oratoires, celle-ci occupe une place à part. Elle souhaite jouer la surprise par sa forme, une vulgarité appuyée qui aurait pour mission de gommer à l’avance le pire des soupçons : une pensée réactionnaire. L’interlocuteur ne doit pas se récrier avant la remarque promise. Mais une petite réticence aux commissures des lèvres signifiant “Toi, passer pour un vieux con !?” semble bienvenue. Elle était espérée."

Traquant les apparentes banalités de nos discours, nos petites phrases toutes faites, Philippe Delerm révèle pour chacune un monde de nuances, de petits travers, de rires en coin. La vérité de nos vies, en somme.
Laisser aux phrases les plus convenues leur dimension de banalité quotidienne tout en disséquant la subtilité de leur sens implicite, c’est la performance qu’accomplit ici Pierre Arditi dans son interprétation des perles verbales dénichées par Philippe Delerm.

Mes impressions: 

Ma première rencontre avec la plume de Philippe Delerm date de 1998 pendant mon service militaire. C’est un copain ("Jeannot" si tu me lis…) qui m’a prêté La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, livre dont je me suis régalé et qui m’accompagne encore toutes ces années plus tard (je refuse de compter…), signe indéniable d’une lecture marquante pour moi. Séduit par cette découverte, j’y repense très souvent et j’apprécie particulièrement la notion de "plaisirs minuscules". C’est donc avec un réel plaisir que je me suis lancé dans l’écoute de ce livre audio. J’ai écouté, réécouté et écoute encore cette succession de textes au volant de ma petite 107 jaune poussin (Milado, si tu me lis…).

Une quarantaine de textes, plus pertinents les uns que les autres, qui met le doigt sur des expressions toutes faites, des sentences définitives, que l’on énonce bien souvent à tort et à travers, n’ayant plus vraiment en tête, ni le sens premier, ni les doubles sens possibles, ni tout ce qu’elles peuvent induire. J’ai particulièrement apprécié la précision de l’écriture de Philippe Delerm, son choix méticuleux, exigeant, du mot le plus adapté, de l’adjectif le plus adéquat. Son goût pour le bon et beau mot, mêlé à son sens du rythme, apporte une vraie musicalité à ces textes courts.

Des univers qui nous sont d’emblée familiers, du fait de l’universalité des thématiques abordées, permettent une identification immédiate et la sensation d’être en terrain familier, pour la plupart. En effet, je mentirai en disant que les références à Michel Dhrey, évoqué dans "Jolie chapeau madame", ou au triplex, dans "C’est du triplex !" m’ont parlé. Si j’osais, je dirai que je ne peux pas connaitre, "j’étais pas né !", petit clin d’œil au texte du même nom.

Concernant la lecture de Pierre Arditi, elle est parfaite. Si elle est si parfaite, c’est qu’il s’agit moins d’une lecture que d’une interprétation. Le comédien incarne véritablement les textes et leur apporte une saveur supplémentaire. Son côté un peu bougon, pince sans rire, est en parfaite adéquation avec les textes. L’alchimie Arditi-Delerme fonctionne à merveille. Si bien, que dorénavant, quand je penserai Pierre Arditi, je ne penserai plus uniquement Alain Resnais ou Sabine Azéma mais aussi un peu Philippe Delerm.

Un grand merci à Babelio et à Audiolib pour cette découverte.


Philippe Delerm


ISBN 2356415653
2013

lundi 25 février 2013

L'Ombre du corbeau - Didier Comès





Quatrième de couverture:

"Voilà un soldat, un simple soldat, entrainé malgré lui dans une tuerie inadmissible. Et soudain, sans raison, sans déraison, la réalité bascule...
Par le biais de la bande dessinée, Comès s'inscrit dans la grande tradition de l'école belge de l'étrange. Et, d'emblée, il se singularise... Comès a la hantise profonde des ombres et des sortilèges. Avec sans doute un goût pour le grotesque, comme chez Ensor ou Ghelderode.
Je crois que l'avenir appartient au fantastique.
Je crois que les "fantastiqueurs" sont les hommes de l'avenir.
Je crois que Comès est d'ores et déjà entré, par la force suggestive de ses images, dans l'avenir de notre mémoire."
Extraits de la préface de Jean-Baptiste Baronian

Mes impressions: 

Sur le front de la Meuse, en pleine guerre des tranchées, s’élève une musique. Un soldat croit entendre la musique de l’Enfer qui vient le chercher, le prendre, le cueillir au milieu de son charnier. Tout, autour de lui, n’est plus que cadavres et dévastation.  La forêt aussi a disparu, assassinée, il ne reste plus que des souches brûlées, broyées par les explosions, des troncs meurtris, mutilés.

Goetz von Berlichingen, c’est son nom, cherche à retrouver les siens quand soudain, la verdure, des arbres, une forêt, la vie. Comme un coin de paradis qui a échappé à la fureur des hommes, à leur folie destructrice. Un château et ses habitants, une petite fille qui semble sortie d’un recueil de la Comtesse de Ségur, son frère, musicien à ses heures, leur belle et grande sœur et la grand-mère, encore plus vielle qu’il n’y parait. Un tableau qui semble idyllique, trop, on s’en doute…

Déjà, la vieille femme semble avoir connu l’ancêtre du soldat qui a vécu au XVIème siècle, détail pour le moins surprenant, et tous semblent savoir qui il est sans qu’il se soit présenté. Pour un peu, on jurerait qu’il était attendu. L’ancêtre va d’ailleurs ressurgir dans les rêves du soldat. En fait de rêves, il est plutôt question de terrifiants cauchemars.

Quand la réalité devient cauchemar, quand cauchemar et réalité s’entremêlent pour mieux se confondre, quand la vie s’apparente à un petit théâtre de marionnettes dont la Mort tire les ficelles, quand l’ombre de David Lynch s’impose à vous… Les hululements de deux chouettes, les croassements de deux corbeaux… Pire encore que le chant glaçant de ces oiseaux de mort, leurs  mots… L’Ombre du corbeau, l’ombre de la Mort…


**********************************************************************************

Ma version de cette bande dessinée est celle d’origine, c’est-à-dire de 1981.

En 2012, une version augmentée de quelques dessins et d’un dossier sur l’auteur est ressortie. A noter que cette nouvelle version a été expurgée de ses couleurs.

La couleur est une des choses qui m’a le plus surpris dans cet album. Je m’étais habitué au noir et blanc de Silence et La Belette. La couleur pour atténuer, adoucir la noirceur de cette histoire ? Peut-être, ou pas. En tout cas, c’est ici une couleur plutôt désaturée, limite un peu lavasse, sans éclat, qui, si elle convient à merveille à l’ambiance surannée et aux personnages du château, peut rebuter.

Le dessin et le trait de Comès sont aussi très différents des deux autres albums cités. Beaucoup plus de détails globalement, quelque chose de plus pointilleux peut-être, comme une rigidité dans le trait. Pas de vent qui souffle sur les personnages, en même temps que sur les pages, d’où un rendu beaucoup plus graphique.

Le personnage de Goetz von Berlichingen est inspiré par un homme ayant réellement existé et dont se sont aussi inspirés Goethe et Sartre.

Un album moins connu, plus déroutant, plus noir, plus fantastique, mais qui est vraiment à découvrir  et que je redécouvrirai, pour ma part, avec plaisir dans sa version noir et blanc un de ces jours.

 Couverture 2012
 
ISBN 2 8036 0364 0
56 pages
1981

(Acheté sur Priceminister)

dimanche 24 février 2013

Les perles des bulletins de notes

Préface de Jean-Paul Brighelli




Quatrième de couverture:

A toujours l'air de quelqu'un qui attend le bus.

Touche le fond et creuse encore.


Il y a des profs qui se retranchent prudemment derrière a phrase facile, le « prêt-à-noter », et ceux qui osent ! C'est à eux que ce recueil rend hommage, en espérant qu'ils en inspireront d'autres.

Plus de 200 citations issues de bulletins de notes, où l'on croise Phèdre en pyjama, des radiateurs, des fenêtres, et Molière au fond de la bouche. De la poésie pure !

Et puisqu'il est question de pédagogie, ce recueil propose un classement qui vous fera réviser les figures de style, ainsi que quelques vérités aussi essentielles que celle-ci : non, Oui-Oui n'est pas le fils caché de Sissi...

Sèche parfois le café pour venir en cours.

Confond la seconde avec la marche arrière.


Mes impressions: 

J’ai un scoop : les enseignants auraient de l’humour !

Oups, je crois que ce n’est pas le bon endroit pour se moquer d’eux, il parait qu’il y en a beaucoup ici. Je plaisante bien sûr. En tout cas, si certains d’entre vous en doutent, ouvrez ce petit livre, lisez et vous n’aurez plus le moindre doute.
« Très attentif… au vol des mouches. »
« Elève agréable quand elle n’a plus de voix. »

Je me suis beaucoup amusé à parcourir toutes ces appréciations, drôles, pertinentes, parfois cruelles par la dureté de leur triste constat. Pour certaines, il faut vraiment oser. Mais il semblerait que ce type de commentaires ne soit plus dans l’air du temps, ce que Jean-Paul Brighelli déplore dans la préface.

 «C’était un art gratuit, instantané, coup d’épingle ou coup d’épée. Un art qui se perd. Désormais, l’observation pédagogique doit être objective, et, surtout, encourageante. Déclinaison du classique « peut mieux faire », réitéré jusqu’à l’écœurement. La pédagogie molle a tué la créativité professorale, tout comme elle a anéanti, sous prétexte de l’encourager, celle des élèves. »  

L’appréciation du prof un peu désabusé m’a aussi beaucoup plu dans la catégorie « éloge paradoxale » :

« Vous faites preuve de tellement d’intérêt pour ma matière

que ça en devient bizarre… Continuez ainsi ! »

Bon, vous l’avez compris, un petit livre sympathique et drôle mais qui n’a rien de révolutionnaire non plus. Le mien vient d’Emmaüs et c’est tant mieux car 12€ pour un livre qui se lit en 10 minutes, je trouve aussi ça carrément excessif.

Allez, une dernière pour la route :

«  Ah, ce serait plus facile si François Valery était au programme, plutôt que Paul ! »

ISBN 978 2 35013 284 6
157 pages
2011

(acheté chez Emmaüs)

jeudi 21 février 2013

Le Combat ordinaire - 3 - Ce qui est précieux - Manu Larcenet






Quatrième de couverture:

C'est l'histoire 
d'un photographe en deuil
d'un atelier à ranger
d'un livre à finir
et de Gugusse avec son violon...

Mes impressions: 

J’ai adoré ce troisième opus du Combat Ordinaire de Manu Larcenet.

J’ai beaucoup aimé l’image d’ouverture et de clôture cet album. La première représente Émilie, pensive, face à la mer. La dernière représente, la mère de Marco, pensive, face à la mer. Deux femmes importantes dans sa vie entre quiétude et inquiétude. J’ai beaucoup aimé les moments que Marco passe à vider l’atelier de son père suite à son décès dans le tome précédent. Une multitude de souvenirs s’entrechoquent. Je le revois debout les yeux fermés, comme pour mieux s’imprégner de cette atmosphère paternelle pour la dernière fois et pour mieux se remémorer les moments passés, les moments du passé.


J’ai été touché par le plan sur les lunettes du disparu, celles-là même à travers lesquelles il regardait la vie. J’ai été touché par Marco et sa mère, autour du feu dans le jardin, qui regardent des pans communs de leur vie s’envoler en fumée. J’ai été touché par les carnets sur lequel le père notait des petits instantanés de vie, à priori anodins, comme un parallèle avec les photos de Marco qui immortalisent des instants de vies elles aussi. J’ai été touché par l’angoisse de Marco à l’idée d’avoir un enfant. Pour Émilie, il en va de leur avenir commun. Pour Marco, devenir père, c’est grandir un peu. Grandir, c’est mourir un peu. J’ai été touché par l’élaboration de son livre, constitué de ses photos, hommage aux ouvriers de l’Atelier 22 et donc indirectement à son père défunt.

J’ai été attendri par Marco, ses angoisses, sa spontanéité, sa sincérité, sa vérité au sens littéral du terme. Deuil, souvenir, mémoire, paternité, maturité, amour, tout ce qui compose la vie, tout ce qui compose notre vie, tout ce qui est précieux…


Extraits: 

"[...] j'aime les images... Elles racontent aussi bien les hommes qu'elles représentent que ceux qui les font."

"Quand on ne meurt pas, il faut bien se résoudre à vivre..."

"- Quel genre de relation tu avais avec ton père ?
- Bien... Compliquée... Mais c'est souvent comme ça entre père et fils... C'est compliqué..."

"Des souvenirs, j'en ai plein la tête, j'ai pas besoin d'en avoir plein mes tiroirs."

"Envisager d'être père, c'est non seulement se résigner à l'idée de sa propre mort... Mais c'est aussi renoncer à sa vie d'homme faillible pour devenir un fantasme qui n'aura droit qu'à l'erreur."

  
ISBN 978 2205 05791 1
64 pages

(offert)

mardi 19 février 2013

Falaises - Olivier Adam





Quatrième de couverture:

Étretat. Sur le balcon d’une chambre d’hôtel, un homme veille. Au bout de son regard : les falaises éclairées d’où s’est jetée sa mère vingt ans plus tôt. Le temps d’une nuit, le narrateur déroule le film de sa vie, cherche dans sa mémoire rétive les traces de sa mère disparue. Une question s’immisce peu à peu dans son esprit : comment suis-je encore en vie ? Un récit intimiste à la puissance d’émotions exceptionnelle.

"Il y a vingt ans que ma mère est morte. Vingt ans jour pour jour."

Né en 1974, Olivier Adam est notamment l’auteur de Poids léger (adapté au cinéma par Jean-Pierre Améris) et de Passer l’hiver (Goncourt de la Nouvelle 2004), disponibles en Points. Il écrit également pour la jeunesse et pour le cinéma.

« Le très beau livre d'Olivier Adam ressemble à un de ces galets qu'on trouve sur la Côte d'Albâtre, d'apparence si lisse, si pure, et pourtant sans cesse bousculés par la mer déchaînée, par la mère déchirée. »

Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur


Étretat sous la pluie, Claude Monet 1886

Mes impressions: 

Enfants, nous avons généralement en nous l’image de la mère comme un roc inébranlable et inaltérable, à qui il ne peut rien arriver et avec laquelle il ne peut rien nous arriver. Pourtant, il arrive parfois que la roche soit friable comme la pierre calcaire des falaises d’Etretat. Etretat, ses falaises, lieu de départ et lieu de fin. Départ d’une histoire et fin d’une autre.

Face à la tragédie vécu par ses deux enfants, le suicide de leur mère, l’émotion vous empoigne, vous serre et vous emporte. Mais au fil des pages, la dérive se fait longue, terne, l’intérêt de la lecture s’amoindrit. Vous sombrez dans les flots rageurs et froids d’une mer (mère ?) tourmentée…


 Olivier Adam
 
Points 1511
ISBN 978 2 7578 0068 3
187 pages
2005

(échangé via www.pochetroc.fr)

dimanche 17 février 2013

Jacques Rouxel - Les Shadoks - Une vie de création - Thierry Dejean & Marcelle Ponti-Rouxel





Quatrième de couverture:

Plongez dans la planète Shadoks et la lutte constante entre ces drôles d’oiseaux et leurs ennemis jurés, les Gibis. Cet ouvrage, riche de plus de 500 documents d’archives pour la plupart inédits (dessins, illustrations, story-boards, bandes d’animation, affiches, bandes-dessinées…), retrace l’extraordinaire créativité de Jacques Rouxel dont il a fait preuve dans l’ensemble de son prolifique travail. Il nous laisse à travers ses personnages devenus cultes et ses inimitables séries animées un héritage artistique hors du commun, empreint d’un esprit gentiment absurde mais redoutablement intelligent qui traverse les âges et les générations. Dans cet album, Marcelle Ponti-Rouxel et Thierry Dejean, son épouse et son assistant, retracent l’histoire de ce son travail et rendent hommage à cet immense illustrateur et réalisateur et à ces créatures qui, depuis 1968, ont tenu en haleine les téléspectateurs de la télévision française, qu’ils soient des passionnés ou des détracteurs de ces oiseaux de peu de cervelle. 

 « Tout est dans tout… On a parlé d’un certain esprit shadok. Je n’ai pas tellement envie d’analyser la question parce que si je savais ce que c’était, j’en ferais systématiquement et tout serait foutu. D’ailleurs, je commence à en faire systématiquement… » Jacques Rouxel.

Mes impressions: 

« Ga, Bu Zo Meu » : Vous avez compris ? Les Gibis, ça vous dit quelque chose ? Vous n’y êtes toujours pas ? Allez, encore un indice : la voix de Claude Piéplu. Ca y est, vous y êtes ! L’univers des Shadoks s’ouvre à vous. Laissez-vous tenter et vous serez regonflé à bloc car les Shadoks pompent pour vous. 
« Je pompe donc je suis » telle est leur devise.

J’entends encore les réactions suscitées par les Shadoks dans la France des années 70 : « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? C’est complètement débile ! C’est quoi cette connerie ? » Et moi, je regardais les Shadoks pomper, non sans une certaine délectation, un je ne sais quoi de transgressif. C’est exactement ce que j’ai ressenti en me replongeant dans l’univers farfelu de Jacques Rouxel grâce à Les Shadoks, une vie de création.  

Des dessins faussement simplistes, des aphorismes à foisons, une philosophie métaphorique et un humour décalé. Mélangez tous ces ingrédients et vous obtenez les Shadoks.

Je vous donne quelques phrases à méditer :

 « Si ça fait mal, c’est que ça fait du bien. »


 « La plus grave maladie du cerveau, c’est de réfléchir. »


 « Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries 
   que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes. »


                                                                                                                                             (Anthony)

Extrait

« On appelle passoire tout instrument sur lequel on peut définir trois sous-ensembles: l'intérieur, l'extérieur et les trous. L'intérieur est généralement placé au-dessus de l'extérieur et se compose le plus souvent de nouilles et d'eau. […]

D'où théorème : La notion de passoire est indépendante de la notion de trous et réciproquement.

 Pour qu'une passoire complexe laisse passer les nouilles et pas l'eau, il faut et il suffit que le diamètre des trous soit notablement inférieur au diamètre de l'eau. […]

Quant aux passoires du premier ordre qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau, il y en a de deux sortes: Les passoires qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau ni dans un sens ni dans l'autre et celles qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau que dans un sens seulement. Ces passoires-là, on les appelle des casseroles.

Il y a trois sortes de casseroles. Les casseroles avec la queue à droite, les casseroles avec la queue à gauche, et les casseroles avec pas de queues du tout. Mais celles-là on les appelle des autobus.

Il y a trois sortes d'autobus : Les autobus qui marchent à droite; les autobus qui marchent à gauche et les autobus qui ne marchent ni d'un côté ni de l'autre. Mais ceux-là, on les appelle des casseroles. »


Editions du Chêne
ISBN 978 2 81230 700 3
320 pages

(apporté par le père Noël)

 

samedi 16 février 2013

Le rendez-vous de Sevenoaks

Texte de RIVIERE
Dessins de FLOC'H



Mes impressions: 

George Croft est un journaliste et écrivain anglais, spécialisé dans la littérature d’épouvante. Un jour, à l’affut de nouvelles parutions chez son libraire, il tombe par hasard sur « Nightmares » le livre d’un certain Basil Sedbuk. En parcourant l’ouvrage, il se rend compte que les personnages, l’histoire, sont en tous points identiques aux personnages et à l’histoire de son propre roman. Stupéfaction ! Il n’a jamais lu ni entendu parler de ce livre auparavant.

Toutes affaires cessantes, il se rend chez Mr Lord, spécialiste en littérature, pour lui exposer son étrange découverte et obtenir ses lumières. Consultant ses innombrables archives, le vieil érudit tombe sur un article et une bibliographie de l’auteur dans laquelle l’ouvrage susnommé ne figure pas. Il décide de prendre contact avec un critique cité dans l’article, un certain Abigail Porlock, pour éclaircir ce mystère… L’aide de la romancière Olivia Sturgess, reine du crime dans la lignée d’Agatha Christie, et de Francis Abalny, comme lui journaliste, ne sera pas de trop pour l’aider à résoudre cette tortueuse énigme.

Salons cosys et feutrés, « five o’clock tea », majordome, ambiance british savoureuse garantie. Enquête, mystères et meurtres sanguinolents dans les milieux de la littérature et du théâtre, font de cette petite bande dessinée publiée en 1977 un véritable petit régal totalement inattendu dans l’esprit de « Blake et Mortimer » au niveau du dessin.  Il me tarde maintenant de découvrir les deux autres volumes qui complètent cette série.

ISBN 2 205 01145 6
48 pages

(achetée en vide-grenier)

mardi 12 février 2013

L'été 79 - Hugues Barthe






Quatrième de couverture:

J'avais quatorze ans. Nous vivions encore à la campagne. Mon père s'était mis à boire, beaucoup plus que d'habitude. Ma mère et mes frères se réfugiaient dans le silence. Moi, je dessinais et découvrais la vie avec ma tante Dominique. C'était l'été 79.

Mes impressions: 

Hugues est un jeune adolescent habitant un village de province dans lequel les distractions sont rares. C’est donc à travers le dessin, de bandes dessinées essentiellement, qu’il trouve l’évasion que ne lui offre pas son quotidien pour le moins tourmenté. En effet, quand l’histoire commence, sa mère lui demande son aide pour se débarrasser de son mari. Stupéfaction de l’adolescent, comment peut-elle me demander ça ? Stupéfaction du lecteur, comment une mère peut-elle demander à son fils de l’aider à se débarrasser de son propre père ?

Les pages qui suivent nous dépeignent son quotidien au sein de cette famille, victime des ravages causés par l’alcoolisme du père. Isolement, Hugues s’isole en permanence dans sa chambre pour éviter de croiser le regard de ce père autant redouté que détesté ou fuit carrément chez sa grand-mère. Malaise, quand son père s’adresse à lui, mieux vaut aucun échange plutôt qu’un discours aviné et incompréhensible. Humiliation, invitations gâchées par l’ivresse du père, honte face au regard des autres. Angoisse, en voiture quand c’est le père ivre qui conduit, va-t-on tous mourir au prochain virage ? Terreur, quand il entend, nuits après nuits, les insultes quotidiennes dont est victime sa mère puis le pire, les coups qui pleuvent, la violence physique qu’on ne peut plus cacher contrairement à la violence morale. Incompréhension, pourquoi sa mère ne divorce-t-elle pas de cet homme, pourquoi ne le quitte-t-elle pas ? Culpabilité, de ne pas se sentir à la hauteur des attentes de sa mère…

Au milieu de toute cette noirceur, Hugues trouve un peu de réconfort auprès de sa tante Dominique, enjouée, citadine, cultivée, lueur d’espoir à qui il va pour la première fois oser parler de son morne quotidien. Et si c’était elle qui pouvait donner un nouveau sens à son existence ?

Le noir et blanc, au service d’un graphisme, simple sans être simpliste, en parfaite adéquation avec l’univers traité, appuie davantage encore le propos de l’auteur. L’identification et l’empathie ont été totales en ce qui me concerne. Les situations et les mots ont des résonances particulières parce qu’ils sonnent justes. Plus qu’une bande dessinée, Hugues Barthes nous livre un roman graphique largement autobiographique. Une véritable réussite dont j’attends avec impatience la suite, « L’automne 79 » annoncée pour mars 2013.



                            Un grand merci à la personne qui m’a conseillé cette lecture.




                                                                                             Hugues Barthe



Extrait:


"glou glou glou glou glou glou (bruit du vin qui coule dans un verre)


                                 Il n'y a pas de mots pour dire le mal que ce bruit me faisait." 


ISBN 978 2 84111 566 2
137 pages

(Acheté sur Priceminister)


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