jeudi 29 janvier 2015

Palissade - Franck Villemaud


L’histoire débute par la mort du héros-narrateur, Fred. Et contre toute attente, c’est par le chapitre 27 que le compte à rebours peut commencer... Le point de départ ? Son installation dans un logement au fond de la cour intérieure d’un immeuble et surtout sa rencontre avec Roland, son voisin, dont il n’est séparé que par une simple Palissade.

Fred, récemment sorti d’un séjour en hôpital psychiatrique, partage désormais sa vie entre les plans culs qu’il se dégotte sur le net, les bières qu’il descend avec Roland et leurs discussions autour de la musique. Sexe, alcool et Rock’n’roll !

Une histoire placée sous le signe de la musique, omniprésente du début à la fin de l’histoire. Omniprésente et importante dans la mesure où elle accompagne notre lecture et contribue à l’atmosphère souhaitée par l’auteur. Je me suis donc amusé à écouter les morceaux cités en accompagnement de ma lecture. Ambiance garantie avec des morceaux tels que In a bar with Billy Kunt de Jack the Ripper, Happiness is a warm gun, des Beatles, ou encore Highway to hell, d’AC/DC et beaucoup d’autres que j’ai pu découvrir au fil de ma lecture.

Les rapports entre les deux hommes vont aller de la curiosité à la complicité pour finalement laisser place à une surprenante duplicité…

Personnages déjantés, humour décalé, ambiance aussi barrée que trouble, Franck Villemaud réussit une histoire pleine de surprises dans laquelle la tension va crescendo jusqu’au twist final.

C’est maintenant à votre tour de découvrir tous les secrets que cache cette Palissade



Challenge "thrillers & polars" chez Canel

"On a découvert son corps calciné sur les restes de son canapé calciné, au milieu de sa petite maison calcinée."

"[…] à mon âge et vu la gueule que je me traîne, y a guère plus que Youporn qui soit assez ouvert d’esprit pour me donner du plaisir de temps en temps."

"J’étais devenu un compétiteur du sexe, finalement on ne peut plus détestable et d’autant plus débile que je ne concourrais que contre moi-même et mes propres records minables.
Mais je n’étais certainement pas d’humeur à m’encombrer de scrupules ou de peur du ridicule : désormais j’étais une bête, une bête à queue sans conscience ni culpabilité d’aucune sorte, et je l’assumais totalement."


"- Je ne t’espionne pas, mon prince – je veille sur toi, nuance.
- C’est gentil mais je suis un grand garçon, tu sais. Et puis à part peut-être un tour de reins ou une pénurie de capotes, je suis pas sûr de risquer grand-chose, tu sais."

"Je crois qu’il avait raison là-dessus aussi : l’amitié, ça meurt pas – on a beau essayer de l’assassiner du mieux qu’on peut, ça reste, comme une vilaine cicatrice sur son tout nouveau bronzage.

Mais c’est vrai qu’on l’aime bien, cette cicatrice, finalement ; elle est un peu de notre histoire, finalement, une blessure de guerre intime, en quelque sorte."



 
 Merci aux Éditions Taurnada pour cette nouvelle découverte.
  
ISBN 978 2 37258 005 2
180 pages
2014 
 

mardi 27 janvier 2015

Monster - Patrick Bauwen




Si c’est au fait de ne pas parvenir à le lâcher qu’on reconnait un bon thriller, Monster en est assurément un. 

Patrick Bauwen m’a embarqué avec son héros dans un engrenage infernal dont je me demandais à chaque page comment il allait parvenir à s’en sortir.

Paul Becker, médecin, marié et père de famille, mène une petite vie tranquille dans une jolie banlieue de Floride. Un soir, un patient violent laisse tomber son portable. Pour Paul qui va le retrouver plus tard, le cauchemar ne fait que commencer.

Au péril de sa vie, il est aspiré dans une incroyable spirale d’emmerdements et de retournements de situations qui semble ne jamais avoir d’issue. Entre réseau pédophile, faux-semblants et fantômes du passé, Paul n’est pas au bout de ses surprises.

Patrick Bauwen prend un plaisir jubilatoire à ne pas ménager son héros pour la plus grande satisfaction de son lecteur. Le genre de livre dont il faut dire le moins possible au risque de gâcher l’effet de surprise. 

Monster, six cent pages qui défilent à cent à l’heure !



Une lecture commune que j'ai eu le plaisir de partager avec Canel 
et qui entre justement dans le Challenge "thrillers & polars" chez Canel.

Livre de Poche N° 31918
ISBN 978 2 253 12862 5
603 pages
2009
750€

Mon billet sur L’Oeil de Caïne !

samedi 24 janvier 2015

La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires - Tim Burton

Traduit de l'anglais (États-Unis) par René Belletto




J’ai adoré me plonger dans ce petit recueil de poésie pour le moins macabre. On y fait de drôles de rencontres plus surprenantes et inquiétantes les unes que les autres. Avec le Petit Enfant Huitre qui donne son titre au recueil bien entendu, mais aussi L’Enfant Robot, L’enfant avec des clous dans les yeux, La fille avec plein d’yeux, La Fille Vaudou, L’enfant Brie, L’enfant Momie, certains que l’on retrouve à plusieurs reprises et beaucoup d’autres encore que je vous laisse le plaisir de découvrir.

Des enfants très particuliers mais toujours émouvants sortis de l’imagination lugubre du réalisateur Tim Burton dont les dessins accompagnent d’ailleurs ces poèmes. J’avais déjà eu l’occasion d’apprécier ses talents d’illustrateur dans son livre d’Entretiens avec Mark Salisbury et bien entendu dans certains de ces films. On y retrouve sa patte qui nous rappelle aussi bien Les Noces funèbres que Frankenweenie.

Outre l’inventivité géniale de l’auteur, le vrai plus de ce livre est de nous offrir en face à face la version originale de chacun des poèmes. On peut y lire les vrais mots de l’auteur ainsi que les ajustements et apports inhérents à la traduction de poésie. Il me semble important de saluer le travail du traducteur, l'écrivain René Belletto.

Amateurs de bluettes, gentillettes et proprettes, passez votre chemin ! Tout l’univers de Tim Burton rassemblé dans un petit chef d’œuvre de noirceur que j’ai découvert avec bonheur.



La fille qui fixait, fixait, fixait




















La fille faite d'ordures

Il était une fois une nénette
qui d'ordures était faite.
Elle était vraiment cracra
et puait comme un putois.

Elle vivait dans le malheur,
voire en noire dépression, peut-être à cause des heures
passées dans les décharges et leurs vapeurs.

Le seul répit dans sa vie, la seule lueur,
lui vint d'un type nommé
Stan, qui était l'éboueur
du quartier.

Il l'aima d'amour pur
et lui proposa l'anneau,
mais déjà elle avait fait le grand saut
dans le broyeur d'ordures. 




L'enfant avec des clous dans les yeux















Un grand merci à Cristina pour ce joli cadeau de Noël !


ISBN 978 2 264 02768 9
123 pages
1998
7,50€

dimanche 18 janvier 2015

Les gardiens du Louvre - Jirô Taniguchi



Le héros de cette histoire, un mangaka, se réveille fiévreux après sa première nuit à Paris. Paris où il fait escale afin de pouvoir découvrir des musées, notamment le Louvre dont on dit qu’il faut plusieurs jours pour le visiter vraiment. Malgré la fièvre, il décide de partir à la rencontre de ce lieu unique.

Après la découverte du bâtiment majestueux et sa désormais fameuse pyramide qui abrite une foule impressionnante, ces pas vont d’abord le conduire dans l’entresol de l’aile Denon. Là, entre magie de l’endroit, flottement et délire lié à la fièvre, il va y faire une étonnante rencontre avec une des représentantes de ceux qui se font appelés les gardiens du Louvre. 

« Nous nous trouvons dans les limbes oniriques de votre imagination. Une  dimension bien plus proche de la réalité que du rêve. C’est là que nous habitons nous autres. […]  Nous habitons le palais du Louvre. Nous sommes les gardiens du Louvre. » 

Des sous-sols aux combles en passant par la salle d’exposition de La Joconde de Léonard de Vinci, c’est une première journée aussi surprenante qu’enrichissante qui s’achève. Les jours suivants ne le seront pas moins.

De surprises en découverte, au gré de ses allers et venues au Louvre, le mangaka va faire de bien curieuses rencontres comme voyageant littéralement au cœur des œuvres et y rencontrant parfois leurs auteurs. Corot et son Souvenir de Mortefontaine. Un petit détour par Auvers-sur-Oise dans le Jardin de Daubigny si chère à Van Gogh. L’occasion de nous faire découvrir des artistes et leur travail. 

« La tête me tourne encore… La fièvre ranime les visions chimériques du Louvre… » 

Des rencontres forcément mémorables dont une avec un certain Saint-Exupéry en plein Paris de 1939 alors que les œuvres d’art sont expédiées hors de Paris pour échapper à l’invasion allemande. Un hommage mérité rendu à Jacques Jaujard et Pierre Shommer qui ont œuvré, parfois au péril de leur vie, pour préserver notre précieux patrimoine culturel.

Tout cela se conclut sur une ultime rencontre encore plus étrange, intime et inoubliable pour notre héros… 

« Ce qu’il t’a été donné de voir, c’est un requiem pour les esprits logés en chaque choses. » 

Une bande dessinée magnifique, illuminée par les dessins aux couleurs tendres du grand Taniguchi, au trait toujours aussi fin et délicat, trait qu’il adapte avec talent au travail des artistes évoqués. En dépit de ce superbe résultat et de la pointe de fantastique fidèles à son univers, il m’a manqué un peu de profondeur pour être totalement embarqué et séduit.

Sans doute une petite impression de catalogue et sans doute aussi cette impression, une fois de plus chez Taniguchi, qu’il y a les œuvres qui ont germés longuement en lui avant de s’épanouir totalement et celles qui sont des œuvres de commande et donc un peu moins abouties en dépit de leurs indéniables qualités graphiques. 

« Le Louvre, étrange dédale, ce palais est peuplés de gardiens » que je vous souhaite de rencontrer au hasard de votre visite…





ISBN 978 2 7548 1015 9
160 pages
2014
20€
 

lundi 12 janvier 2015

Little Tulip - Boucq & Charyn



Moscou, 1947. Emprisonné à l’âge de sept ans avec ses parents, un couple d’immigrés américains, sous un prétexte plus ou moins fallacieux, le petit Paul découvre l’enfer du goulag. Se battre pour survivre ou mourir. C’est son talent pour le dessin, encouragé dès son plus jeune âge par un père artiste, qui va lui permettre de survivre dans cet univers de violence et de mort régi par de redoutables codes. Un don qu’il va exprimer à travers le tatouage, art particulièrement apprécié en ces lieux. C’est là-bas qu’il va devenir « Litlle Tulip ».

New York, 1970. Paul collabore régulièrement avec la Police qu’il aide à retrouver des suspects dans d’horribles affaires de meurtres. Comment ? Grâce à un don. Non content d’être un tatoueur de talent, Paul arrive à se mettre en empathie avec les survivants et à visualiser leurs agresseurs afin d’en faire des portraits robots à la ressemblance saisissante. Comment expliquer ce don ? Sans doute parce que Paul est, lui aussi, un survivant…

Pourtant, dans la vague de meurtres qui frappe New York, Paul a du mal à y voir clair. Qui peut bien se cacher derrière « Bad Santa », ce serial killer sanguinaire qui s’attaque aux femmes seules, les traits masqués par un bonnet de Santa Claus ?

Après Bouche du diable et La Femme du magicien, Boucq et Charyn sont à nouveau réunis pour nous livrer cet incroyable thriller qui prend racine dans la Russie de Staline et se poursuit dans le New York des seventies. Les allers-retours entre présent et passé n’alourdissent jamais le récit, bien au contraire. Tout se fait dans une parfaite fluidité grâce au dessin parfaitement maitrisé de François Boucq et au scénario rythmé de Jérôme Charyn agrémenté d’une petite touche de fantastique.

Sombre et violent mais surtout redoutablement efficace, Little Tulip, une histoire qui vous prend aux tripes !

"Le dessin est un art qui consiste à essayer de donner forme à l'invisible..." 

   
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Le Lombard pour cette magnifique découverte 
reçue dans le cadre du Club des Chroniqueurs Signé. 
 Retrouvez sur le blog de Babelio l'entretien du directeur éditorial des éditions du Lombard.

ISBN 978 2 8036 34170
88 pages
  2014 
16€45
L'avis de Potzina !

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