lundi 28 décembre 2020

Le Livre du Hygge - Meik Wiking

Après le roman de Caroline Franc, Mission Hygge, lu pendant le premier confinement et dont je vous ai parlé ICI, je poursuis mon exploration du hygge (Terme danois sans équivalent qui se prononce « hoo-ga »). Qui mieux que Meik wiking, directeur à l’Institut de recherche sur le bonheur à Copenhague pour nous éclairer sur le sujet.

Le hygge n’est pas une tendance mais plutôt un état d’esprit, un art de vivre selon les danois. Le principe est simple, rendre le quotidien plus chaleureux avec de petits gestes tout simples mais qui ont leur importance.

Comme allumer plein de bougies dans une pièce pour en rendre l’atmosphère plus douce et plus feutrée. S’envelopper dans un bon gros plaid tout doux est aussi conseillé, notamment pour lire un bon bouquin tout en sirotant un bon chocolat chaud. De bonnes pâtisseries sont aussi bienvenues en accompagnement, faites maison de préférence ! Avouez que ça donne envie, non ?

Et puis il y a aussi les balades en plein air, profiter de la famille et des amis qu’on va recevoir chez soi de préférence plutôt que les inviter au restaurant. Le plaisir tout simple de socialiser, que ce soit au travail ou auprès de nos commerçants de quartier.

Comme moi, vous vous rendrez peut-être compte que vous appliquez sans le savoir certains principes du hygge depuis des années, continuez !

Pour résumer, je dirai que le hygge c’est faire de son mieux pour prendre soin de soi et des autres. Alors en ces temps pour le moins compliqués, il est plus que temps de se pencher sur le hygge. Et puisque la période des fêtes de fin d’années s’y prête, sortez les bougies, les plaids, faites chauffer le chocolat chaud et ouvrez un bon livre. La vie quoi…

 

« […] le hygge, c’est tirer le meilleur de ce que nous avons en abondance : le quotidien. »

 


 

ISBN 9782412019542
288 pages
2016
8,40€

samedi 26 décembre 2020

Le Juke-box du samedi - Tant d'amour - Paparazzi



La musique a toujours été pour moi un moyen d’évasion. J’ai passé jadis des heures à écouter la radio. A l’époque de la FM, ce média était un espace de liberté plus informel, plus libre, plus subversif que la télévision. Inutile de rappeler qu’Internet, les plateformes de streaming, le Bluetooth n’existaient pas. C’était une autre époque, un autre monde.

J’ai donc découvert cette chanson à la radio et j’ai d’abord cru qu’elle était interprétée par une femme. Cette voix était incroyable. On aurait dit une chanteuse lyrique en reconversion, une chansonnière d’antan perdue dans l’espace-temps, une martienne en villégiature sur la planète Terre, un mirage sonore…

Je ne sais plus combien de temps le mystère a duré mais j’ai découvert que Paparazzi était un groupe québécois, que la voix était celle d’un homme ! Trente ans après, j’écoute toujours cette chanson avec émerveillement ! Vive le Québec libre !

Paparazzi, Tant d'amour (1988)

 

mercredi 23 décembre 2020

Quelqu'un mattend derrière la neige - Timothée de Fombelle & Thomas Campi

"Les hirondelles ne fêtent pas Noël. Quand l'hiver vient, elles sont au-dessus des forêts d'Afrique à se baigner dans l'air trempé. Elles dessinent des boucles dans le ciel. Elles montent très haut puis redescendent en flèche et restent quelques secondes sur le dos, frôlant les cimes des arbres, fendant le nuage de feuilles et de fleurs qui flotte à la surface des forêts."

C'est l'hiver. C'est le soir du réveillon de Noël. Il neige. Un livreur de glaces italiennes traverse la France dans son vieux camion, cap au nord. En même temps, une hirondelle entame sa migration annuelle à rebours de ses congénères, cap au nord. Elle qui a connu l'Afrique, sa chaleur, mais sa rudesse aussi, se risque vers le Nord, le vent, le froid. Qui peut-elle bien escorter au péril de sa vie ? Qui donc est attendu derrière la neige ?


Un livre pudique, délicat, mais débordant d'humanité qui ne vous laissera pas de glace. Il y a vous aussi quelqu'un qui vous attend…Il y a quelqu'un de bien, forcément, derrière Timothée de Fombelle… 

 

ISBN 9782075093668
56 pages
2019
12,90€
 

samedi 19 décembre 2020

Le Juke-box du samedi - Un chat, un chat - Richard Gotainer

 

 

Pour beaucoup d’entre vous, Richard Gotainer est ce drôle d’énergumène qui sautillait sur les plateaux télé, les clips et les publicités des années 80. Si on passe outre les préjugés, si tant est que vous ayez sur lui quelques aprioris, écoutez les titres qu’il a crée ces dernières années et vous serez surpris par la finesse des messages, par sa capacité à jouer avec les mots. C’est ça, j’ai trouvé, Gotainer est un amoureux des mots. Il le prouve dans ce titre "Un chat, un chat", sur notre propension à employer des euphémismes.

Je ne sais pas si c’est typique de la France ou si le monde entier s’est converti à la langue de bois, au politiquement correct, mais des dizaines de mots ont disparu des écrans radars, remplacés par des périphrases, des euphémismes. Quelle hypocrisie ! Mais ne peut-on pas appeler un chat un chat ?

 

Richard Gotainer, Un chat, un chat (2018) 

 

dimanche 13 décembre 2020

Encyclopédie du Film policier Français 1910 - 2020 - Patrick Brion

Presque chaque année, grâce au Père Noël, ma collection de livres consacrés au cinéma s’agrandit. Cette année, il est un peu en avance et il a les traits de Babelio et des éditions Télémaque. Merci à eux, c’est Noël avant l’heure !

J’ai découvert cette collection grâce au volume célébrant les quarante ans du Cinéma de Minuit de Patrick Brion. Patrick Brion, c’est évidemment une voix unique reconnaissable entre mille et bien entendu une grande érudition, dans le domaine du cinéma tout au moins.

Gamin insomniaque, j’étais souvent au rendez-vous des cinéphiles noctambules, c’est donc avec un plaisir mêlé de nostalgie que je retrouve ses mots, que je réentends sa voix…

 

De tous les genres, le film policier est sans doute celui qui se démode le moins et qui reflète le mieux son époque. Impossible de vous parler des 888 films évoqués au fil de ses 600 pages agrémentées de photos et d’affiches, qui en plus d’être une somme font de ce livre une référence.

Je ferai donc juste mention de quelques films plus ou moins connus qui m’ont marqué et que je vous invite à découvrir au hasard d’une rediffusion.

Comme L’Assassinat du père Noël (1941) de Christian-Jaque,  d’après le roman homonyme de Pierre Very, avec un immense acteur un peu oublié aujourd’hui : Harry Baur. Un film découvert un 24 décembre dans l’après-midi, j’avais une dizaine d’années, je décorais le sapin tandis que ma mère préparait le repas du réveillon.

Comme Voici le temps des assassins (1956) de Julien Duvivier avec Jean Gabin, Gérard Blain et une Danièle Delorme machiavélique : « Dans l’ambiance du « Ventre de Paris », au milieu des livraisons, le drame va se nouer et, face à Jean Gabin, la composition de Danièle Delorme est terrifiante. Sous une apparence de victime, Catherine est un personnage de cauchemar, jouant de sa féminité […].»

Comme Le Trou (1960) de Jacques Becker, film découvert il y a quelques années seulement. Un film prenant, sans temps mort et qui n’a pas pris une ride : « Le film est à la fois un véritable documentaire sur le monde carcéral avec ses espoirs et ses déceptions et la description d’un groupe d’hommes œuvrant comme de véritables fourmis à la recherche d’une liberté qu’ils ne pourront pas atteindre. »

Comme La Vérité (1960) de Clouzot également à voir, là encore, tellement moderne : « Un des grands films de Clouzot ».

Comme La Femme infidèle (1969) de Claude Chabrol : « C’est l’un des plus parfait contes de Chabrol qui, comme un entomologiste, s’attache à cette société policée qui peut soudain basculer dans le crime. »

 

Il y a enfin les films que je ne connaissais pas et que Patrick Brion m’a donné envie de découvrir.

Les Espions (1957) de Clouzot encore avec au casting Curd Jürgens, Véra Clouzot, Louis Seigner et Peter Ustinov, Hercule Poirot himself ! « C’est un univers à la Kafka que décrit ici Clouzot, plongeant en quelques instants le spectateur dans un monde  - essentiellement  nocturne – où personne ne semble être ce que l’on croit. »

De nombreuses adaptations de Simenon dont les Maigret interprété par Harry Baur, Gino Cervi ou Albert Préjean.

 

Et enfin, la série des Fantômas (1913-1914) de Louis Feuillade d’après les romans de Pierre Souvestre et Marcel Allain.  « […] Alain Resnais reconnaissait : « De tous les cinéastes qui ont porté Fantômas à l’écran, il est le seul qui en ait compris et respecté l’esprit, et s‘il avait connu une totale liberté du point de vue financier, il aurait fait quelque chose d’encore plus proche du chef d’œuvre de Souvestre et Allain. »

Une chose encore m’a marqué, c’est l’aspect international de la distribution de bon nombre de vieux films avec parfois aux côtés des français des acteurs italiens, allemands, anglais ou américains, ce qui me semble moins le cas aujourd’hui mais je peux me tromper.

Je m’arrête là, mais au terme de cet incroyable voyage dans le cinéma français, je me retrouve avec l’envie de voir et de revoir des dizaines de film.

Vous l’avez compris, à la lecture de cette Encyclopédie du Film policier Français, un seul embarras, l’embarras du choix !

 


Merci à Babelio & aux Éditions Télémaque !

ISBN 978 2 7533 0383 6
600 pages
2020
63€
 

samedi 12 décembre 2020

Le Juke-box du samedi - Boys don't cry - The Cure

 


À l’adolescence, je n’ai pas eu besoin de traitement contre l’acné, ni contre l’anémie, ni contre la mononucléose… J’ai vécu une adolescence parfaite, ou plutôt parfaitement ennuyeuse ! Un jour, j’ai découvert The Cure et c’était le traitement à tous les maux dont je souffrais.

Robert Smith était si décalé, sa musique si étrange et sa voix si unique que ça ne pouvait que plaire à l’adolescent que j’étais : décalé, étrange et forcément unique. A cet âge, on y croit…

J’ai suivi mon traitement assidument pendant dix ans et ça m’a plutôt réussi ! Certains de mes camarades de lycée ont adopté son look déjanté, certains se sont crêpés les cheveux au sucre. Mais ce n’était pas les plus anticonformistes. Pour ma part, j’ai adopté ce brin de folie… qui ne m’a jamais quitté depuis… 

 

The Cure, Boys don't cry (1986)

 

lundi 7 décembre 2020

Karoo - Steve Tesich

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne Wicke

"Je savais qu'il mentait, au son de sa voix. Les mensonges avaient toujours leur petite mélodie, que je reconnaissais fort bien pour l'avoir souvent chantée moi-même."

C’est un GROS coup de cœur que je viens d’avoir pour Karoo, le roman de Steve Tesich chez Monsieur Toussaint Louverture, et surtout pour Saul Karoo son héros. Son anti-héros plutôt.

Alcoolique n’arrivant plus à connaître l’ivresse, fumeur invétéré, affabulateur né, lâche. Tout pour plaire, non ? Tout à la fois pathétique, pitoyable et néanmoins attachant.

Handicapé affectif ? Handicapé émotionnel ? En tout cas handicapé des relations humaines notamment avec son fils qu’il aime sans pouvoir même supporter ne serait-ce que devoir échanger quelques mots avec lui. Peur de le décevoir ? Allez savoir…

Ah oui, Karoo est « script doctor », il retravaille des scénarios bancals pour Hollywood. Si être lui-même lui est insupportable, par contre à se glisser dans les mots d’autrui, ça il excelle. L’art de s’épanouir dans des réalités alternatives…

Maladresse dans ses relations aux autres, amour des mots, des films, allez savoir pourquoi je l’aime autant… 600 pages puissantes savourées avec la même délectation que je sirote une bonne rasade de rhum !

"Aussi ironique que cela puisse paraître, malgré mes nombreuses maladies, mon surnom, dans le métier, c'est Doc.
Doc Karoo."

ISBN 9782953366495
608 pages
1998/2012
22€ 
 

samedi 5 décembre 2020

Le Juke-box du samedi - Golden Brown - The Strangers


 

Cette étrange mélodie ne me lâche pas depuis des décennies, c’est plus fort que moi, je ne peux pas me la sortir de l’esprit. Lancinante, envoutante, obsédante "Golden Brown". Par contre, j'avoue que je n'ai jamais vraiment vérifié le sens profond de cette chanson : Qui est donc cette étrange tentatrice ?

"Golden brown finer temptress
Through the ages she's heading west
From far away
Stays for a day
Never a frown with golden brown"

J’ai toujours aimé cette idée du clavecin dans une chanson rock. Cet instrument a je ne sais quoi de féminin. La tentatrice ne serait-elle pas une femme ? 

Cet instrument émet aussi des sons si métalliques que ses cliquetis évoquent pour moi le bruit de la seringue. La tentatrice ne serait-elle pas plutôt l’héroïne ? 

Allez savoir ! C’est peut-être pour ça que cette chanson est aussi addictive... 

 

The Stranglers, Golden Brown (1982)

mercredi 2 décembre 2020

Un Jour, je serai trop célèbre - Raziel Reid - Une lecture, deux regards

Parce que deux avis valent mieux qu'un, surtout quand ils sont opposés ! ;)

Traduit de l'anglais (Canada) par Patricia Barbe-Girault

 

Quand on vient du même pays, quand on écrit sur le même sujet, on prend forcément des risques, notamment celui d'être comparé. Dans « Un jour, je serai trop célèbre », Raziel Reid s'attelle au même sujet que Simon Boulerice dans « l'enfant mascara », paru en 2016. A savoir, les difficultés d'intégration d'un adolescent transgenre dans un collège américain. Ah l'Amérique : ce pays capable de produire en même temps une attraction planétaire avec le fameux « rêve américain » et un conformisme des plus navrant.


Eh bien, je n'irai pas par quatre chemins, Raziel Reid ne tient pas la comparaison vis-à-vis de son homologue québécois. Certes, l'auteur a une écriture spontanée, abrupte, brutale même qui sait remuer le lecteur. Certes, le livre contient quelques fulgurances qui laissent pantois. Certes, Raziel Reid a choisi de montrer ce fait divers sous un autre angle : Jude est persuadé qu'un jour il deviendra une étoile hollywoodienne, que le cinéma l'attend à bras ouverts, qu'il laissera un jour son empreinte aux côtés des plus grands, sur Hollywood Boulevard. Certes.

Mais la narration est brouillonne, le verbe trop acerbe et le protagoniste trop centré sur lui-même pour que je puisse glisser dans l'histoire comme dans un bain chaud… Pour moi, « Un jour, je serai trop célèbre », c'était plutôt la douche froide ! Peut-être aurais-je du le lire l'été…
 

anthO

 

Jude est gay et cultive sa différence. Il attire les regards et il aime ça. Il aime les strass et les paillettes. Il se maquille et s’habille en fille.

Du coup, certains le surnomme Judy. Toute ressemblance avec une certaine Judy Garland serait purement, non, fortuite. Et telle une diva glam, Jude magnifie sa vie.

Pour oublier les regards moqueurs et les insultes, il s’imagine une vie en technicolor. Le titre original du roman parle de lui-même : « When Everything Feels Like the Movies »… Telle Gloria Swanson faisant un éternel come-back dans Sunset Boulevard, il soigne ses entrées, ses tenues, sa démarche. Telle une star du grand écran, il joue un rôle, le rôle de sa vie.

Il provoque. Il assume et il aime ça. Et l’amour dans tout ça ? Jude est amoureux d’un garçon. Hétéro le garçon. Quand on rêve des sommets, on espère toujours atteindre l’inaccessible. Cet amour, il va le clamer, haut et fort. Trop fort pour le garçon…

 

S’inspirant du destin tragique de Lawrence King, le canadien Raziel Reid livre un roman aussi poignant que puissant. Des mots crus mais des mots justes, des mots vrais. Comme les sentiments de Jude…

Inspiré du même drame, j’ai lu il y a l’an dernier L’Enfant mascara du québécois Simon Boulerice. Les deux romans, très différents dans leur style et leur traitement peuvent se lire sans que cela vienne parasiter l’un ou l’autre. Deux auteurs de talents, deux romans à lire absolument.

Un jour, je serai trop célèbre, le destin de Jude, une étoile crépusculaire…

manU

 

ISBN 9782843379536
223 pages
2020
19€
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