samedi 18 août 2012

Où on va, Papa ? - Jean-Louis Fournier




Quatrième de couverture:

"Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. [...] Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre. Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. [...] Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux.
Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle.
Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire.
Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien. J'espère quand même que, mises bout à bout, toutes leurs petites joies auront rendu le séjour supportable."
                                                                                                                                            J.-L. F.

Cette longue lettre d'amour, légère et touchante, ne trouvera jamais ses destinataires.C'est une chance de la lire à leur place. (Camille Tenneson, Le Nouvel Observateur)                                                                                        

Une remarquable leçon de vie, sans mélo ni pathos. (Marianne Payot, L'Express.)

                                                                                                             .
Prix Femina 2008


Mes impressions:


Un malheur n’arrivant jamais seul, ce n’est pas un mais deux enfants handicapés que va avoir Jean-Louis Fournier.
Après la stupeur, l’accablement et parfois la honte qui vont le ronger, après avoir plus ou moins tu leur existence, il va choisir l’humour pour exorciser sa douleur. 

« Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une 
patience d'ange, et je ne suis pas un ange. »

Complice de Pierre Desproges qu’il évoque d’ailleurs dans son livre, il va comme lui faire preuve d’un humour noir particulièrement grinçant. Pince sans rire, il suscite parfois des réactions d’effroi de  ses interlocuteurs. Par exemple de la part de Josée qui s’occupe de ses enfants. La scène avec la ventouse est particulièrement hilarante.

C’est toute sa tristesse, sa déception et ses regrets de père n’ayant jamais réellement pu communiquer, au sens traditionnel du terme, avec ses enfants que l’auteur exprime ici. Il est délibérément dans la provocation, il veut susciter les réactions et y parvient sans mal. Il n’hésite pas non plus à en faire parfois un peu trop, le propos n’est pas ici de faire pleurer dans les chaumières. Au contraire, pas de simagrées mais du parler vrai.

 « Quand on me demande dans la rue un don pour les enfants handicapés, je refuse. Je n'ose pas dire que j'ai deux enfants handicapés, on va croire que je blague. L'air dégagé et souriant, je m'offre le luxe de dire : "Les enfants handicapés, j'ai déjà donné." »

Prendre ce livre au premier degré serait un écueil que certains n’ont pas évité au vu de quelques critiques outragées.

Pour ma part, ce livre m’a ému, touché et amusé souvent. Un livre qu’il faut avoir lu, une écriture simple, concise, efficace sans fioriture.

« Un livre que j’ai écrit pour vous. Pour qu’on ne vous oublie pas, que vous ne soyez pas seulement une photo sur une carte d’invalidité. Pour écrire des choses que je n’ai jamais dites. »

La plus belle des déclarations d’Amour d’un père à ses enfants… 


Jean-Louis Fournier


Un autre regard:

En réaction à ce livre dans lequel elle n'a pas toujours forcément reconnu ses enfants, leur mère a crée un site dans lequel elle donne sa version de leur histoire.

On y apprend que Jean-Louis Fournier semble aussi parfois manquer d'humour.

Douleur contre douleur ?...

Pour découvrir ce site, cliquez ICI

Le Livre de Poche N° 31708
ISBN 978-2-253-12784-0
145 pages

(échangé via www.pochetroc.fr)

dimanche 12 août 2012

Le lièvre de Vatanen - Arto Paasilinna






Quatrième de couverture:

Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail

Vatanen est journaliste à Helsinki. Alors qu'il revient de la campagne, un dimanche soir de juin, avec un ami, ce dernier heurte un lièvre sur la route. Vatanen descend de voiture et s'enfonce dans les fourrés. Il récupère le lièvre blessé, lui fabrique une grossière attelle et s'enfonce délibérément dans la nature.
Ce roman culte dans les pays nordiques conte les multiples et extravagantes aventures de Vatanen remontant au fil des saisons vers le cercle polaire avec son lièvre fétiche en guise de sésame. Il invente un genre : le roman d'humour écologique.





Mes impressions:


De l’influence d’un événement apparemment anodin sur le cours de la vie d’un homme.

Vatanen est un journaliste finlandais qui rentre de reportage avec un collègue. Quand soudain, leur voiture percute un petit animal. Il s’agit d’un lièvre. Vatanen descend de la voiture, se saisit du lièvre et lui bricole une attelle de fortune. Sa vie ne sera plus jamais la même.

Vatanen, à travers cet événement semble prendre conscience de la fragilité de la vie, du côté vain de son existence et de sa nouvelle responsabilité vis-à-vis de cet être vivant dont il se sent  désormais responsable. Lassé d’un travail qui ne l’enthousiasme plus, d’une vie de couple totalement affligeante  dans laquelle il se sent inutile, plus du tout à sa place, cet incident lui fait tout remettre en question en quelques minutes. Il s’enfonce dans la forêt avec son nouveau compagnon de route laissant son confrère dépité puis irrité par son comportement.

L’homme et l’animal semblent se comprendre sans même pouvoir se parler, une communion au-delà des mots. C’est alors que leur on périple commence.

Nous allons donc, à leur côté, traverser la Finlande du Sud au Nord, Helsinki, Rovaniemi, Sodankyla... Un voyage plein de surprises, parfois agréables, parfois effrayantes, un voyage jalonné par une multitude de rencontres animales ou humaines mais chaque fois riches en émotions. Défile une galerie de personnages hauts en couleurs plus farfelus les uns que les autres. A travers Vatanen, c’est un peu de lui que nous parle Paasilinna. Il lui fait vivre des expériences dans des domaines qui lui sont familiers à travers, par exemple des professions qu’il a exercées notamment comme bucheron. Le respect de la nature, l’écologie, la remise en question, le changement par le renoncement au matériel sont au centre du livre.

C’est très drôle, toujours surprenant et plein de bon sens. Je préfère ne pas trop entrer dans les détails pour vous garder l’effet de surprise qui fait tout le sel de ce roman. Le cadre finlandais contribue bien évidemment au dépaysement et m’a vraiment donné envie d’en découvrir ses magnifiques paysages.

Ce livre acheté dans un vide-grenier était dans ma PAL et c’est l’excellente critique d’Ellcrys qui m’a convaincue de le lire et je l’en remercie chaleureusement. Par contre, j’ai eu un moment d’hésitation en constatant sur la couverture de mon exemplaire qu’un film avait été adapté avec Christophe Lambert dans le rôle-titre. Christophe Lambert, le pire acteur au monde avec Timothy Dalton selon moi… Passé ce moment de doute, je l’ai commencé et je ne le regrette pas. Je jetterai même un œil sur l’adaptation si l’occasion se présente un jour, je pense.

Conquis par l’écriture d’Arto Paasilinna, je me suis procuré Prisonniers du paradis qui m’attend sagement dans ma PAL.





Extraits:
"Vatanen passa plusieurs semaines dans les marais de Posio; il lut pendant cette période plusieurs bons livres.
Ses conditions de vie étaient très primitives.
Le travail était dur, mais Vatanen y prenait plaisir: il sentait ses forces grandir et n'avait pas à supporter l'idée de devoir faire ce travail tout le restant de ses jours"


"Tôt le matin, Vatanen fut réveillé par le chant des oiseaux dans la bonne odeur de foin d'une grange. Le lièvre reposait dans le creux de son bras; il semblait suivre le vol des hirondelles qui se glissaient sous le faite - elles construisaient sans doute encore leur nid, ou peut-être avaient-elles déjà des petits, vu l'ardeur qu'elles mettaient à entrer et sortir de la grange."

 Arto Paasilinna


Folio  N° 2462
ISBN 2-07-038602-3
237 pages

(acheté dans un vide-grenier)

samedi 11 août 2012

Mary Ann en automne - Armistead Maupin

Chronique de San Francisco - Épisode 8





Quatrième de couverture:

"Mary Ann flâne sur Russian. Elle est revenue à San Francisco, ville de sa jeunesse, après vingt ans d'absence. Sa vie est en miettes: trompée par son mari, atteinte d'un cancer, elle vient chercher du réconfort auprès de son vieil ami, Michael Tolliver. De confidences en escapades, Mary Ann savoure les plaisirs d'une liberté retrouvée. Un retour aux sources pour un nouveau départ ?"

"Armistead Maupin continue d'explorer le nouvel ordre amoureux de son époque dont il reste l'un des meilleurs chroniqueurs."  L'Express


Mes impressions:


C’est en 2009, année de tous les changements dans ma vie, que j’ai découvert les aventures des habitants du 28 Barbary Lane crées par Armistead Maupin dans ces célèbres Chroniques de San Francisco. Je venais de terminer les six premiers tomes quand le septième est sorti. Je l’ai lu comme les autres, il était évident pour moi que je lirai ce huitième opus.

Ma mémoire étant ce qu’elle est, je serai bien incapable de vous résumer chaque tome de leurs aventures mais je dois dire que c’est avec plaisir que j’ai retrouvé tous ces personnages qui me sont devenus un peu familiers. Tout s’est mis en place facilement, j’ai avec plaisir retrouvé mes marques.

Mary Ann a surpris son mari en plein ébats sexuels sur skype. Imaginez-vous un instant à sa place, ça doit tout de même être violent comme image…  De plus, on vient de lui diagnostiquer un grave problème de santé, c’est donc très logiquement qu’elle revient auprès de son grand ami Mickaël chercher soutien et réconfort. Ce dernier a désormais la soixantaine, il est toujours marié avec Ben de vingt ans son cadet. Mme Madrigal reste égale à elle-même, sage et bienveillante envers tout son petit monde, malgré son âge très avancé. Jake, apparu dans le précédent volume,  est  en attente de son opération et veille au bien-être de la vieille dame où peut-être est-ce l’inverse, allez savoir… On retrouve aussi Shauna, fille adoptive de Mary Ann et du regretté Brian. Les deux femmes n’ont gardé quasiment aucun contact.

Dans ce nouveau volume, l’auteur croque une nouvelle fois son époque. Tout y est évoqué. L’élection d’Obama, la proposition N°8, Internet et ses dérives, Facebook et ses risques (demandez à Mary Ann !). Shauna est l’auteur d’un blog très en vue ou elle évoque entre autre sa vie sexuelle, ce qui n’est pas forcément du goût d’Otto son compagnon du moment. Il traite aussi de la fidélité dans les couples, hétéros ou homos, la peur de l’engagement, l’acceptation de soi ou le rejet de ce que l’on est vraiment… Autant de thèmes qui trouvent échos en nous ou autour de nous. De plus, il y a toujours l’humour et le parler vrai qui font le charme de cette série.

Le tour de génie d’Armistead Maupin est d’avoir imaginé une intrigue secondaire qui va se révéler être l’intrigue clé du roman. En ingénieux feuilletoniste, il boucle ici une histoire que l’on croyait bouclée mais qui ne l’était pas. Au final, tout se recoupe, tout se tient pour le plus grand plaisir du lecteur. Personnellement, je trouve que ce n’était pas toujours le cas de certains volumes. J'ai aussi trouvé amusant le clin d’œil furtif de l'auteur à Gabriel Noone, héros de son roman Une Voix dans la nuit, façon de relier ce dernier à l'univers des Chroniques.

Mary Ann en automne pour une attachante Mary Ann à l’automne de sa vie ? Sans doute. Mais pour moi, elle est plutôt à l’aube d’une nouvelle vie. 

Croyez-moi, il y a une vie après soixante ans, si, si…
Croyez-moi, ils reviendront, si, si…

Vous l’aurez compris, ce fut pour moi une lecture très agréable, idéale sur la plage, les doigts de pieds en éventail. 



Extrait:

"Tu me connais. Personnellement, un yaourt et un demi-sandwich, ça me va très bien.
- C'est pour ça que tu es encore si mince et si jolie."
C'était une remarque tellement adorable qu'elle ne put retenir ses larmes.
"Excuse-moi, bredouilla-t-elle en s'essuyant les yeux. Je te promets que ce ne sera pas comme ça.
- Oh, arrête !
- Quoi ?
- Evidemment que ça va être comme ça. On est en train de dire adieu à ton utérus. Il nous faudra bien verser quelques larmes si on veut faire ça décemment."



Armistead Maupin et son mari Christopher Turner


Points N°2829
ISBN 978-2-7578-2824-3
349 pages


(échangé via www.pochetroc.fr)

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