« Iris.
Je n'arrive pas à l'imaginer morte.
Tombée du ciel comme un grand oiseau blanc. Striant la nuit. Avalée par la mer.
Boule de feu peut-être, étoile filante ou météore. Et alors seulement cela devient possible. Aigu jusqu'à l'évidence, malgré tout ce qui à l'intérieur résiste de peine et d'incrédulité, de révolte et de scandale. Iris s'en est allée aussi soudainement, aussi brutalement, qu'elle était arrivée.
Et nous avait, une fois déjà, quittés. »
Je n'arrive pas à l'imaginer morte.
Tombée du ciel comme un grand oiseau blanc. Striant la nuit. Avalée par la mer.
Boule de feu peut-être, étoile filante ou météore. Et alors seulement cela devient possible. Aigu jusqu'à l'évidence, malgré tout ce qui à l'intérieur résiste de peine et d'incrédulité, de révolte et de scandale. Iris s'en est allée aussi soudainement, aussi brutalement, qu'elle était arrivée.
Et nous avait, une fois déjà, quittés. »
Il est des liens qui ne s’expliquent
pas. Comme l’amitié entre un adulte et un enfant par exemple, comme celle d’Iris
et de Louise.
Iris est une comédienne un peu
fantasque, un être de nulle part, la beauté et la fragilité de la fleur du même
nom. Elle débarque un jour dans un petit village de montagne, à l’ombre d’un
château cathare, où vit Louise, une petite fille de dix ans.
Louise est d’emblée fascinée par
cette personnalité peu commune, pleine d’entrain, d’audace et si douce à la
fois.
Iris va s’installer dans une
mansarde comme une colombe en haut d’un pigeonnier. Prendre de la hauteur ou y
observer le monde, son nouveau petit monde, à l’abri des regards.
La mansarde est située au-dessus
de la librairie du vieux Georges. Un vieux bougon qui vit quasiment en ermite
dans une boutique qui tient davantage de la caverne d’un bouquiniste, aux piles
de livres à la stabilité improbable, que de la librairie aux rayonnages épurés
et sans âmes. Une librairie dont il a lu tous les livres…
Comme une tornade blanche
bienveillante, Iris dépoussière le lieu, redonne leur sens premier aux
ouvertures trop longtemps obstruées et la vie se réapproprie les lieux.
Sur sa lancée, elle va donner des
lectures au café du village. Des soirées où tout le monde se retrouve sans
doute plus pour les représentations de la tragédienne Iris que pour la portée
des œuvres littéraires proposées mais peu importe.
Aux lectures d’Iris, on écoute aussi
bien des extraits de La Chanson de Roland
d’Ian Short que de Belle du Seigneur d’Albert Cohen, de L’Iliade ou de L’Amant de Lady Chatterley, des lectures dont il restera forcément
quelque chose après le départ d’Iris.
Oui, je ne vous ai pas dit, Iris
est partie comme elle est arrivée, sans crier gare. Il ne pouvait pas en être
autrement, Louise le savait, le redoutait et a eu bien du mal à s’en remettre.
Pour le lecteur aussi, pas même
découverte, Iris n’est déjà plus. Le roman s’ouvre sur sa mort,
bien des années plus tard, et Louise, sous le choc, tente de remonter le fil de
son histoire dans le but ou plutôt le prétexte de raconter son Iris à la fille
de son amie regrettée…
Et mon luth constellé, titre emprunté à un vers de Nerval, est une belle ode à la
littérature, à l’amitié et aux relations entre les êtres, portée par l’écriture
sensible et poétique d’Ariane Schréder
que je découvre avec ce roman particulièrement touchant.
Merci à Babelio et aux Éditions Héloïse d'Ormesson !
ISBN 978 2 35087 435 7
256 pages
2018
18€