lundi 23 mars 2015

Sang blanc - Noémi Krynen



Tout commence par un banal accident de voiture qui oblige Edouard, dentiste de son état, à retourner à Rencurel, petit village du Vercors, pour y enterrer ses parents. Des années qu’il n’est plus revenu sur les terres de son enfance, qu’il a un peu délaissé ses parents, la faute au rythme trépidant de la vie parisienne et sans doute aussi un peu par manque d’envie. Les liens familiaux sont parfois bien fragiles et il suffit parfois de peu de choses pour les laisser se distendre.

Edouard retrouve Rencurel tel qu’il l’a connu, son clocher, ses falaises calcaires, sa vallée, son épaisse  couche de neige et ses habitants dont certains amis d’enfance qui semblent n’avoir pas bougé d’un pouce. Pourtant petit à petit, il va se rendre compte que sous l’épaisse croûte de neige recouvrant le village, les choses ont beaucoup plus changé qu’il ne le pensait au départ. Parallèlement à ce retour, on suit l’histoire d’une jeune fille, Cassandre, dont on comprend qu’elle est dans une situation plutôt inconfortable. Et quand la mort vient de nouveau frapper Rencurel, la police locale se décide enfin à sortir de sa léthargie et pourrait bien chercher à faire d’Edouard un coupable idéal…

Comme souvent dans les polars, le mieux est de ne pas trop en dire pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs, je ne vais donc pas vous en dire plus. Mais sachez que dans ce premier roman prometteur, Noémi Krynen brouille les pistes à loisir. Les rebondissements sont légions et les deux histoires, parallèles au départ, finissent bien entendu par s’entremêler pour mieux se rejoindre. 

Sang blanc se révèle au final un thriller classique mais néanmoins efficace qui se déroule sans temps mort et qui aurait aussi pu s’appeler Neige rouge tant l’intrigue est parsemée de morts violentes et de cadavres… 

Sang blanc, gare aux éclaboussures !


"Je retrouve les odeurs de la neige, celles que l’on renifle quand on est petit, dans les cours de récréation, à force de boules reçues en plein pif. D’aucuns pensent que la neige n’a pas d’odeur. C’est faux. Elle en a de multiples, selon que les nuages descendent de la montagne ou arrivent, noirs et chargés d’électricité, de la plaine. C’est une odeur qui démange le nez et le becquette un peu comme une poule ronde chercherait les vers dans les granges des villages. Mais ça, il n’y a que les gens du pays qui le savent."

"L’homme s’avance pour ouvrir deux frigidaires horizontaux, identiques à ceux que l’on voit dans les films policiers, qui glissent sans bruit sur leurs rails. Mes parents, gelés et blancs comme des statues de glace. Le maquillage les fait ressembler à des poupées ou à des clowns tristes.
Je suis sur le point de faire, comme tout bon fiston, un dernier baiser sur le front de mes géniteurs, quand je me rends compte que les veines sur le cou de mon père ont éclaté et que malgré les artifices, l’hématome bleu du sang pourri est nettement visible."

"Elle hoche la tête, compréhensive et m’adresse le sourire le plus beau que j’ai jamais vu. Le genre qui veut dire « t’inquiète plus, je suis là avec toi, plus besoin d’avoir peur ». Le genre de sourire stupide dont on parle dans les livres cucul, qu’on voit dans les films, et qu’on ne peut s’empêcher de chercher toute sa vie."

"Je n’aime pas ce genre de fille. Les blondes décolorées, je veux dire. Je ne sais pas pourquoi, elles me mettent mal à l’aise. Ces racines noires, ce blond miel abîmé et les pointes sèches qui s’effilochent comme du crin de pouliche malade. Cette couleur résonne pour moi comme une tare ; d’ailleurs, mes copines ont toutes été rousses ou brunes. Jamais blondes, et encore moins blondes décolorées."



  
 
Une découverte que je dois une nouvelle fois 
ISBN 978 2 37258 007 6
204 pages
2015
 

11 commentaires:

  1. Ouh là, la couverture annonce la couleur !

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  2. Une «intrigue est parsemée de morts violentes et de cadavres» ? C'est un livre pour moi ! ;)

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  3. Le contraste entre le sang et la neige est déjà tellement violent en soi, que rien qu’à voir la couverture, j’imagine très bien qu’on ne se retrouve pas ici dans un champ de « blé » à regarder les papillons! Des éléments contrastés mais en même temps similaires, le froid de la neige est tellement violent par moments…

    « C’est une odeur qui démange le nez et le becquette un peu comme une poule ronde chercherait les vers ».
    Une poule…. :D

    « Je retrouve les odeurs de la neige, celles que l’on renifle quand on est petit, dans les cours de récréation ». C’est tellement vrai! J'en ai des souvenirs si tendres...

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    1. J'aime beaucoup ce passage sur les odeurs de la neige...

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  4. Faut toujours se méfier des petits villages du Vercors. Avec en plus un dentiste dans le coin... Hou, ça fait froid dans le dos !

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    1. Surtout s'il est armé d'une turbine ! :)

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    2. Toujours se méfier des dentistes des petits villages du Vercors... ^^

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  5. Quelle belle conclusion mon manU.

    Tu sais que Rencurel est un très beau village pas très loin de chez moi. Et si tu cherches bien tu dois avoir quelques photos de ce village ^^ :)

    Rencurel !!!! Je ne verrai plus ce village de la même façon !

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    1. Je vais chercher parce que visiblement à Rencurel, il s'en passe de belles !... :)

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