Christian Bourgois Éditeur
ISBN 978 2 267 02522 4
276 pages
2013
(Reçu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2013 Priceminister )
Mes impressions:
La fameuse angoisse des fêtes de
fin d’années, je la connais, chaque année je la vis. Pas celle causée par le
souci des cadeaux de dernières minutes qu’il reste à trouver, je vous parle de
la véritable angoisse, celle qui s’amplifie plus les jours approchent, plus le
soir du premier réveillon se précise. Celle qui vous prend aux tripes, qui vous
tenaille l’estomac, qui vous oblige à vous allonger, à vous forcer à respirer
calmement avant d’entrer dans l’arène et de sourire en faisant comme si tout
allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
"Prendre connaissance des horreurs de ce monde et ne plus y penser
ensuite,
ce n’est pas du refoulement.
C’est une libération."
C’est également avec un indéfinissable
sentiment d’angoisse qu’Holly se
réveille en ce matin de Noël. Ayant un peu abusé du bon vin, elle se réveille
en retard, son mari déjà parti chercher ses parents à l’aéroport. Plus que
quelques heures avant que tous les invités ne débarquent et rien n’est prêt. Sa
fille Tatiana aurait pu la réveiller mais semble de pas l’avoir fait comme pour
mieux pouvoir la mettre dans l’embarras et le lui reprocher ensuite. Tatiana ne
semble d’ailleurs pas dans son état normal mais impossible d’en connaitre la ou
les véritables raisons. Une tension aussi soudaine qu’inexpliquée semble s’être
insidieusement glissée entre les deux femmes.
Ajoutez à cela, une tempête de neige phénoménale qui bloque tous les
accès de la ville et des invités qui, du coup, ne viendront pas, rien dans
cette journée ne semble vouloir se dérouler comme prévu.
Tout au long des pages de son
roman, Laura Kasischke distille au compte-gouttes une ambiance inquiétante à
souhait, une atmosphère pesante, cotonneuse. L’aspect huit-clos de cette
confrontation entre une mère et sa fille adoptive est accentué par la neige qui
les entoure. Elles semblent coupées du monde, sans vue sur l’extérieur. L’image
de la baie vitrée opacifiée par la chute perpétuelle des flocons de neige contribue
à cette sensation d’isolement, d’étouffement. Aucune intervention extérieure ne
semble possible.
"Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez
eux."
L’utilisation répétée de phrases
ou mots en italiques, pour appuyer le côté inquiétant, et les incessants
flashbacks permettent d’ajouter à la
confusion et au questionnement du lecteur. Qu’est-ce qui a bien pu les
suivre ? Un démon ? Un esprit ? Esprit d’hiver. Esprits divers...
Holly, Holy Bible… Que de drôles de questions qui me viennent à l’esprit
pendant ma lecture, que d’associations d’idées fumeuses!... Et cette enfant
ramenée treize ans plus tôt d’un orphelinat de Sibérie aussi glacial qu’effrayant,
qu’est-ce qui ne va pas chez Tatiana ?
Je me retrouve le 31 décembre
2009, je me suis réfugié dans une salle de cinéma après avoir esquivé toutes
les invitations possibles et imaginables, l’angoisse des fêtes, vous vous
souvenez… Esther, Orphan, en Version Original, l’histoire d’une enfant sortie
de son orphelinat par une famille américaine qui va chèrement payer ce geste
désintéressé. Et perpétuellement, l’accroche du film, sur l’affiche, qui me
revient en tête tout au long de ma lecture :
"Quelque chose ne va pas chez Esther… "
Il est 5h30, dans la nuit noire, le vent souffle fort, la
pluie cingle sur les volets, je ne dors plus, je dois savoir, il le faut. Il me
reste moins de cent pages, je ne refermerai cet Esprit d’hiver qu’une fois ma lecture achevée.
❄❄❄
L'affiche du film de Jaume Collet-Serra, Esther...
❄❄❄
Ma note: 17/20
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Un grand merci à Oliver de Priceminister, à Priceminister
et aux Éditions Christian Bourgois pour cette inquiétante découverte...
Billet inquiétant à souhait. Un face à face qui me semble redoutable et angoissant avec ce mélange d'intimité et de fiction. Bien joué.
RépondreSupprimerBravo pour ce billet ...
Inquiétant, angoissant, c'est ça...
SupprimerMerci !
Yes...je l'ai emprunté à la bibliothèque (dommage à quelques jours près on aurait pu faire une lecture commune et un billet commun, faudrait caler çà un jour)...donc j'ai survolé ton billet mais je vois que tu as mis une bonne note...ouf...il avait moyennement plu à Jérôme je crois...une de mes prochaines lectures en tout cas
RépondreSupprimerOn fait ça quand tu veux !
SupprimerA lire le soir, dans la pénombre... ^^
Une de mes pires lectures de l'année. Un livre somnifère comme j'en trouve rarement, de ceux qui permettent de faire passer le marchand de sable les soirs où j'ai du mal à trouver le sommeil. Et pourtant tellement de monde a aimé apparemment...
RépondreSupprimerOui, je me souviens bien de ton avis !
SupprimerComme quoi, les goûts et les couleurs...
Beau livre, billet qui donne envie.
RépondreSupprimerEt dire que c'est bientôt le réveillon... J'en frémis d'avance.Que vais-je faire. Louer Esther ?
Pourquoi pas, mais méfie-toi, "quelque chose ne va pas chez Esther..." ^^
SupprimerMerci.
Ton billet donne effectivement envie de lire le livre comme le dit le Bison. En tout cas, toujours dans ton billet, j'ai bien aimé que tu parles de toi au début :)
RépondreSupprimerMoi, un sujet passionnant... ^^
SupprimerMerci Romaric.
"comme le dit le Bison"
SupprimerElle sonne bien cette phrase, finalement !
On devrait l'imprimer, l'encadrer, l'étudier...
C'est aussi un sujet passionnant, ça ! COMME LE DIT le bison.
Ouais, ça me plait assez...
Je l'avais déjà retenu suite à une bonne critique. C'est le bon ou mauvais moment pour le lire, les fêtes approchent. Beurk.
RépondreSupprimerBelle journée, FLaure
Tu as raison FLaure, beurk ! ^^
SupprimerBonne journée à toi aussi.
Très mystérieux billet sur une mystérieuse lecture...
RépondreSupprimerBises et joyeux Noël ... en avance ;-)
Merci Didi !
SupprimerÇa va bien se passer.. ^^
Et bien, on sent que ce livre a trouvé écho en toi ! Tu as un avis plus positif que la plupart des autres lecteurs. Avec cette romancière, ça passe ou ça casse avec moi et j'avoue que le sujet me tente moyennement.
RépondreSupprimerLes avis sont très partagés oui.
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