samedi 29 juin 2013

Quartier Lointain - L'intégrale

Jirô Taniguchi
Adaptation de Frédéric Boilet

Casterman
ISBN 978 2 203 03036 7
406 pages
1998 / 2010

(Acheté sur Priceminister)


Mes impressions: 

Il y a des jours comme ça où rien ne se déroule vraiment comme prévu. Hiroshi, bon père de famille de quarante-huit ans va en faire l’étrange expérience. Alors qu’il pensait être dans le train pour Tôkyô, il se dirige en fait vers Kurayoshi, sa ville natale, sans bien comprendre comment il a pu se tromper. L’abus d’alcool de la veille semble être l’explication la plus plausible. Les souvenirs remontent à la surface, son passé, ses jeunes années, sa mère. Sans l’avoir vraiment voulu encore, il se retrouve dans le cimetière du temple Genzen où repose sa mère. « Pas un souffle de vent… Pas le moindre chant d’oiseau… Ça m’a tout de même paru étrange. Le temps semblait suspendu… » Le temps d’un battement d’ailes de papillon, mille et une questions affleurent. Sa mère a-t-elle été heureuse ? Qu’est devenu son père après s’être volatilisé sans la moindre explication ? Tout se bouscule dans son esprit confus... Une légère brise qui fait bruisser les feuilles des arbres, une sensation singulière, inexplicable et Hiroshi se retrouve propulsé dans son corps d’adolescent de quatorze ans.

Retour inopiné vers le passé, dans le quartier de sa jeunesse, mais en ayant toute conscience de l’invraisemblance, de l’impossibilité de la chose. Comment expliquer l’inexplicable ?...  Le bonheur de retrouver des personnes disparues est douloureusement atténué par le fait de savoir qu’on finira par les perdre à nouveau. A moins que ? Et si le passé pouvait être modifié ?  Recommencer sa vie en sachant tout ce que l’on sait est un fantasme assez répandu, fantasme devenu réalité pour Hiroshi. Changer le cours des choses. Revivre ses premiers flirts. Empêcher son père de disparaître ou au moins en comprendre les raisons...

Finesse du trait, noir et blanc parfait, nuances de gris étrangement lumineuses, finesse des sentiments, psychologie des personnages parfaitement maitrisée, nuance des sentiments exprimés et des expressions des visages à aucun moment figées ou monolithiques. Avec ce Quartier Lointain,  Jirô Tanigushi est au meilleur de sa forme, au sommet de son art.

Malgré son épaisseur et son poids, ce roman graphique ou ce manga, peu importe, nous emporte et nous transporte, avec la légèreté d’un battement d’ailes de papillon…

 
 

Extraits:

"Toute la tristesse...toute la solitude du monde étaient dans son étreinte. Une femme en larmes... Sa poitrine amaigrie pressée contre la mienne... Dieu que c'était douloureux ! Doucement...je l'ai prise dans mes bras..."

"Non mais ça va pas la tête !?! Tu vois Tomoko en maillot de bain, et tu perds tous tes moyens ? Derrière ma raison d'homme de 48 ans...il y avait un autre moi-même, qui espérait quelque chose... Continuer une relation de rêve avec Tomoko... Aller plus loin...La réalité, celle de l'adulte que j'étais, semblait s'effacer, comme s'effacent les souvenirs lointains. Je ne retrouverai sans doute jamais le monde d'où je viens..."

 

8 commentaires:

  1. Et toi avec ta finesse, ton émotion, ta sensibilité et ton regard, cette chronique me touche et m'effleure comme un battement d'aile de papillon... Bravo...

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  2. Ma "finesse" n'a d'égal que ta gentillesse... ^^

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  3. Roman graphique ou manga, that is the question?
    Une critique digne d'un ManU

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  4. Là-encore un grand manga ou Roman graphique signé Taniguchi.
    Certes, il ne faut pas en lire qu'un, mais celui-ci amène tant de tendresse, de nostalgie, d'émotion et de détails graphiques qu'il ne faut SURTOUT PAS passer à coté.

    Sais-tu qu'il y avait eu une adaptation cinématographique française de ce manga ? Avec Pascal Greggory. Le scénario laisse l'action se dérouler à Nantua (dans l'Ain - qui connait cette province ?), mais j'avoue ne pas avoir été accroché. Du tout. J'ai même abandonné en cours de route.

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    1. Entièrement d'accord.
      Pour l'adaptation cinématographique, il en est question dans la préface, j'avoue que je serai curieux de voir le résultat. Mais je pense qu'il y a forcément une part de magie que je ne retrouverai pas dans le film. La magie Taniguchi...

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  5. c'est avec Taniguchi et Tezuka que j'ai fait mon entrée dans les mangas. Avec un style "européen" il m'a séduit. Un véritable coup de coeur !!!

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