Je traversais le Far West, seul, sur mon cheval fougueux, depuis des
jours, des mois, des années, sans d’autres buts que de chevaucher, à
l’envi, vers l’infini. Sous une épaisse couche de poussière, on
distinguait à peine ma barbe, mes bottes et ma capote. Depuis longtemps
déjà, mon chapeau ne faisait qu’un avec ma tête et mes cheveux crasseux.
Mes éperons muets sous la boue séchée ne tintaient plus jamais, seule
ma monture semblait encore en vie.
Soudain, sous le soleil, je vis un
fier cavalier qui fendait l’horizon. Face à moi si terne et si crotté,
tout en lui luisait : son œil, sa peau, sa chevelure. Était-il sioux,
comanche, apache ou bien cheyenne ? Je n’en savais foutre rien mais il a
changé ma vie. Je me suis décrotté, dépoussiéré et je me mis à mon tour
à briller quelque peu, autant que faire se peut. Lui, c’est l’indien,
le seul être humain qui a réussi à me rendre ma fougue, à me dompter un
peu… Lui, c’est l’indien et moi le cow-boy. Et depuis lors, nous
chevauchons côte à côte, sans penser à demain.
"Flèche en opale dans mon ovale
Tout m'étale au visage pale
Drôle de fleur
Un indien dans mon cœur
C'est lui
Oui, c'est lui
Oui, c'est lui
Un indien pour la vie"
Juliette Armanet, L'Indien (2017)
♥
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